Après l’échec politique du « Rassemblement pour la liberté » au printemps 2012, le constat est frappant, les identitaires lyonnais n’organisent plus de rassemblements ou de manifestations à Lyon, du moins officiellement. Leurs activités se concentrent sur le développement de leur local "La Traboule" qui ressemble de plus en plus à un « accueil jeune » version nationaliste : Depuis un an et demi le groupuscule enchaîne randonnées pédestres ou à vélos, via ferrata, week-end de ski, bivouac en forêt et tournois de foot... Le caractère « politique » du local ressort à travers les conférences et débats organisés, entre autre, par le Cercle de Précy. Ils ont par exemple accueilli Robert Ménard ancien co-fondateur et président de Reporters Sans Frontières pour une conférence en février dernier.
Malgré tous leurs efforts, le local des identitaires est régulièrement pointé du doigt [1] comme étant la base de replis, ou de départ, de violences commises dans le Vieux-Lyon comme lors de l’attaque d’un restaurateur [2] l’été dernier ou plus récemment en février 2013 à l’occasion des affrontements opposants des hooligans lyonnais avec des supporters de Tottenham [3] . Pour lutter contre cette image délétère directement auprès de leurs voisins ils publient un journal [4] depuis février 2012 qu’ils distribuent dans les boites aux lettres du quartier. Audacieux et ne doutant de rien, ils essayent également de convaincre certains commerçants de leur servir de point de distribution, en promettant parfois de repasser pour le prochain numéro quand ceux-ci refusent... Toujours amateurs du buzz médiatique, ils sont parvenus à faire leur petit effet au début de l’année 2013 en lançant une campagne de « maraudes solidaires » qui attira en conférence de presse une bonne partie des médiats locaux. Pourtant, après un lancement en grandes pompes cette campagne s’est limitée à deux distributions de nourritures et couvertures à des SDF sélectionnés sur critères ethnico-culturels. Une montagne accouchant d’une sourie.
Avançant masqués derrière l’association « Les Petits Lyonnais » les identitaires continuent de défiler tous les 8 décembre depuis 5 ans. A l’instar de la version parisienne [5], le cortège lyonnais mêle les sympathisants et militants de tous les groupuscules nationalistes locaux, renforcé par des ultras du groupe Lyon 1950 et des hooligans du virage sud de Gerland. Cette déambulation qui s’affiche plus culturelle que politique reste à ce jour la seule manifestation de rue dont les identitaires se font les organisateurs à Lyon. Ayant conscience qu’un événement plus explicitement marqué politiquement pourrait se retourner contre eux en attirant les plus excités [6] comme en mai 2011, ils se font les relais d’événements soit-disant appelés par d’autres, comme en septembre 2012 où ils invitaient leurs partisans à rejoindre un rassemblement censé s’opposer à une manifestation d’intégristes musulmans. Mouvement prêtant grande attention à son image et à sa communication, prétendant renouveler le discours, un peu, et surtout le militantisme nationaliste, les identitaires essayent de calculer au mieux leurs « coups » politiques. Le moins que l’on puisse dire c’est que se ne sont pas les chefs qui donnent le meilleur exemple.
Faites ce que l’on dit, pas ce que l’on fait
À écouter Damien Lefèvre, alias Damien Rieu [7], dans une interview donnée au site Lyon Capitale TV en avril dernier, les identitaires prépareraient d’ors et déjà la future campagne pour les élections municipales de 2014 à Lyon. Rien d’étonnant si l’on prête attention à la stratégie identitaire depuis plusieurs années [8]. Si l’on en croit également les propos tenus à Rue 89 Lyon à l’occasion de la convention de lancement de « Génération Identitaire » à Orange en novembre 2012, les identitaires lyonnais auraient déjà eu un appel du pied de la part du Front National du Rhône en vu de, peut-être, constituer des listes communes. Cette potentielle alliance avec le FN s’inscrit dans le rapprochement observé depuis plusieurs mois entre les deux formations [9]. Le dernier exemple en date étant la venue le 19 septembre prochain de Bruno Gollnisch [10] à la Traboule. Ce sera la première fois qu’un responsable national du FN soit invité par les identitaires, et qu’il accepte ! Les prochaines élections municipales sont un objectif politique d’importance pour le Bloc Identitaire après plus de 10 ans d’existence à Lyon et au niveau national. Après le loupé de la candidature du grenoblois Arnaud Gouillon à l’élection présidentielle de 2012 et l’échec de la tentative de Philippe Vardon d’obtenir l’investiture du FN aux dernières élections législatives, les identitaires se doivent de rebondir par un coup électoral s’ils entendent toujours incarner le deuxième parti nationaliste derrière le FN.
>Que deviendra le « permis de tuer » sous la nouvelle Assemblée ?
Au printemps, la Cour de cassation a jugé que les policiers peuvent tirer même en dehors de la légitime défense. Dans la foulée, l’Assemblée nationale a esquissé un geste en faveur de la modification de l’article L435-1 du Code de sécurité intérieure… Juste avant d’être dissoute. Tout reste à faire.
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