Selon le récit publié par France Bleu jeudi, trois policiers municipaux décident, vers 22h30, de contrôler un homme qui marchait dans les rues de Béziers, alors que son maire Robert Ménard, qu’on ne présente plus — raciste, islamophobe et adepte de la théorie extrémiste du “grand remplacement” — avait été parmi les trois premiers maires, dès le 21 mars, à décréter un couvre-feu interdisant tout déplacement de 20h à 6h [1].
L’interpellation est brutale. Le procureur de Béziers fera cette déclaration jeudi 9 avril :
Les policiers municipaux entendus dans la nuit en audition libre ont expliqué avoir eu des difficultés à le menotter puis à le faire entrer à l’arrière de leur véhicule en le maintenant sur le ventre. Un policier municipal se serait alors assis sur les fesses de l’individu encore très excité dans le but de le maintenir jusqu’à sa conduite au commissariat de police à quelques centaines de mètres du lieu d’interpellation. Il se serait calmé au cours du bref transport, les trois policiers affirmant l’avoir entendu “ronfler”, leur laissant penser qu’il s’était endormi.
Procureur de Béziers
Pourtant, à leur arrivée au commissariat, l’homme ne respire plus et son décès est constaté à 23h30.
Très rapidement, comme toujours, les premières dépêches et les articles mettent le paquet pour criminaliser la victime. Comme si avoir un casier judiciaire justifiait de mourir étouffé dans une voiture de police. La machine à fabriquer l’impunité se met rapidement en marche.
De plus, selon les premiers éléments, l’homme est d’abord présenté comme sans domicile fixe avant que, étrangement, cette mention ne disparaisse progressivement de tous les articles relatant sa mort. Serait-ce pour éviter tout lien entre cette mort et l’action municipale, qui, ce même jour (source France 3), a fait enlever l’ensemble des bancs publics de la ville ? Une ville où la “police”, sous toutes ses formes, est particulièrement choyée. En 2015, la ville se vantait déjà de ses nouvelles armes à feu en dotation pour les policiers municipaux en en faisant la publicité dans les rues de la ville (photo de une). Bien avant le confinement, en février 2020, Ménard était fier de communiquer sur le lancement de “patrouilles mixtes” composées de policiers nationaux et municipaux. “Les agents partagent les mêmes locaux. Une mutualisation des moyens pour une meilleure proximité” (source France Bleu).
Pourtant, de nombreuses personnes vivent des conditions de confinement difficile voire misérables. S’appliquer à rendre aussi invivable l’extérieur que l’intérieur relève du pur cynisme. La ville de Béziers a, depuis longtemps, une longueur d’avance sur le devenir fasciste de notre société.
Le 8 avril, ce n’est pas une des armes à feu dont sont équipées la police municipale de Béziers qui a tué un homme, mais bien, une nouvelle fois, une “technique d’immobilisation” : au moins un des agents s’est assis sur l’homme allongé à plat ventre et menotté dans la voiture. Ces techniques détestables sont responsables d’un nombre conséquent de décès, provoqués par des interventions des forces de l’ordre, comme le rappelle la campagne “Laissez-nous respirer !” du Collectif vies volées qui lutte depuis des années pour leur interdiction totale.
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