Notre premier sombre personnage est Pierre Édouard Stérin : exilé fiscal notoire et fondateur du projet Périclès (Patriotes ; Enracinés ; Résistants ; Identitaires ; Chrétiens ; Libéraux ; Européens ; Souverainistes) qui vise à propulser l’extrême-droite au pouvoir dans 1000 mairies aux prochaines municipales. Personnage qui promeut les valeurs de l’extrême droite catholique réactionnaire à tous les niveaux. Notre deuxième fondateur est Stanislas Billot de Lochner, un entrepreneur chrétien qui a fondé le site Obole.eu, une start up liée à la ChurchTech et à la digitalisation des dons faits à l’Église. Ancien banquier, il est proche de Marion Maréchal Le Pen et admirateur de Zemmour. Il est devenu président d’associations proches de l’Opus Dei et de Civitas. Et le troisième larron de notre triste bande est Thibaut Farrenq, associé d’Obole. Formé dans les écoles de commerce, c’est un spécialiste de l’événementiel et de la communication en faveur des levées de fonds dans les milieux catholiques traditionalistes. Il était candidat suppléant RN en Vendée l’été dernier.
Les Nuits du bien commun sont en apparence d’innocentes soirées de soutien à des associations, présentées comme des « galas » de charité où se réunissent entreprises et particuliers avec pour objectif de « lever des dons à destination d’associations et d’ONG œuvrant pour le Bien Commun ». Derrière le credo « 1 euro donné est 1 euro versé », on trouve en réalité un moyen ingénieux d’instrumentaliser argent public et appel à la solidarité grâce à l’utilisation d’un fonds de dotation, qui permet de collecter des dons ouvrant droit à une réduction d’impôt, et à des avantages fiscaux. Le plus généreux donateur restant... L’Etat. Cocasse pour un milliardaire libertarien exilé en Belgique.
Face au désengagement de l’Etat et à la baisse continue des subventions publiques aux associations (on pense notamment à Wauquiez qui a supprimé 5 millions d’euros aux structures culturelles de la région Auvergne Rhône-Alpes), celles-ci se tournent davantage vers les financements privés. Une pierre deux coups pour les bourgeois, qui, tout en se donnant une image de bons philantropes, financent des associations ou oeuvres caritatives servant leurs intérêts idéologiques.
Cette année encore, des associations qui semblent engagées pour des causes justes servent de vitrine au financement d’organisations racistes, anti-avortement, ou qui luttent contre les droits LGBT. Ainsi, si certaines ne semblent pas directement issues des réseaux réactionnaires de Stérin, toutes sont lauréates pour recevoir des dons de plusieurs dizaines de milliers d’euros. Voici la liste des associations lauréates : 1001 mots, Ascension vers l’insertion, Tim et Colette, Commes les autres, Fondation France Répit, Le serment du vigneron, Résonansemble, La Maison de Marthe et Marie, Solenciel et SosPréma.
Parmi elles, l’association « La maison de Marthe et Marie », sous couvert d’aider les femmes enceintes précaires, maintient des liens étroits avec le mouvement pro-vie et la Manif pour tous. Cette association qui valorise « fortement la place du père auprès des enfants », ne cache pas non-plus son racisme décompléxé en exigeant « un titre de séjour en règle pour les personnes étrangères originaires d’un pays non-européen ».
La vague réactionnaire passe également par la militarisation et l’évangélisation des jeunes précaires. C’est notamment l’objectif de l’association « Ascension vers l’insertion » qui prône l’insertion des « jeunes en conflit avec la loi », notamment par un encadrement par le vice-amiral et ancien directeur de l’École de Guerre Loic Finaz ou par Marc Renart, président de l’association « Les Foyers Matter » qui revendique de puiser ses valeurs dans la Bible. Cette association n’est donc qu’un instrument de contrôle des jeunes précaires pour les convertir et les envoyer se faire exploiter par le système capitaliste.
Mais également, « Le Serment du Vigneron » qui produit des spectacles ouvertement inspirés du Puy du Fou, parc à thème fondé par Philippe De Villiers, figure historique de l’extrême-droite vendéenne.
Nous n’attaquons pas, ici, toute association financée par les Nuits du bien commun par le passé. Cependant nous estimons qu’elles sauront dorénavant qu’en acceptant ces dons, elles participent au projet d’hégémonie culturelle de l’extrême-droite. Sous couvert de charité, les Nuits du bien commun sont aussi et surtout l’occasion de faire se rencontrer bourgeoisie locale et généreux donateurs d’extrême-droite.
Rappelons la présence, dans le conseil d’administration des Nuits du bien commun à l’échelle nationale, de Lionel Devic, président de la Fondation pour l’École, opposé au Mariage pour Tous, proche soutien du cardinal Barbarin. En outre, le projet d’ouverture d’une « Maison du bien commun » à Lyon n’est pas remis en question quand bien-même celle de Paris est un point de chute de 450m² des partisan-nes de la théorie du « grand remplacement ».
Cette soirée se déroulera le 19 mai prochain au centre des congrès de Lyon, à la Cité Internationale. Dans une salle publique, appartenant à la Métropole de Lyon, gérée en délégation de service public par le groupe GL Event. Ces temps-ci le pouvoir en place, qui se targue d’être « humaniste », est largement critiqué pour couvrir la ville de nouvelles caméras de surveillance ainsi que pour sa collaboration avec la préfecture pour expulser femmes et enfants exilé-es à la rue. Nous prenons note qu’il ferme désormais les yeux sur l’utilisation d’une de ses salles les plus chics pour permettre à l’extrême droite de siroter du champagne en réseautant, et ceci, tout en finançant des associations qui, pour certaines, défendent une vision xénophobe, réactionnaire et anti-IVG, reliée aux vélléités de Stérin.
Lyon est déjà bien connu dans toute la France pour être un fief fasciste indéboulonnable, qui, fort de son inaction, a fini par rendre le Vieux Lyon infréquentable. Les Lyonnais ne veulent plus de ratonades organisées à la sortie des boîtes de nuit, desaluts nazis dans les universités, d’attaques de librairie libertaire. Rappelons qu’il y a tout juste deux mois, une campagne antifasciste contre Bolloré innondait les rues et voyait les lyonnais se mobiliser massivement pour afficher et désarmer Bolloré. Qu’en parallèle, de nombreux collectifs, coalitions et mouvements s’organisent pour résister à la montée de l’extrême-droite. Dans ces circonstances et alors qu’une offensive fasciste internationale voit le jour, alors que les médias français tombent entre les mains des pires réactionnaires, nous ne pouvons plus observer silencieux-ses les fascistes s’accaparer des blocs entiers de notre quotidien.
A l’instar de la ville de Marseille en 2024 qui a pris la décision d’annuler son soutien à la Nuit du bien commun et de priver Stérin de lieu d’accueil, nous exigeons que la métropole de Lyon retire également son soutien à la nuit du bien commun, ou bien qu’elle assume clairement son soutien à la bourgeoisie conservatrice et à l’extrême-droite. Nous exigeons des associations lauréates qu’elles se désengagent de cet événement, qui derrière ses belles valeurs fédératrices, ne fait en réalité qu’alimenter un vrai business de la "charité" et servir des valeurs contraires à celles qu’elles promeuvent, ou sont censées promouvoir.
Pour toutes ces raisons, un groupe de citoyen-nes s’est constitué en réponse à l’appel du SCAS (Section Carrément Anti-Stérin) pour, au même-titre que Bolloré, afficher Stérin et contrer son projet de société réactionnaire et intégriste. Ainsi nous prévenons d’ores et déjà : Nous ne laisserons pas les mal-nommées « Nuits du bien commun » se dérouler dans le centre des congrès de Lyon le 19 mai prochain. Nous appelons tous-tes citoyen-nes lyonnais-es soucieux-ses de l’offensive fasciste en cours à rejoindre cet appel et à participer à la mobilisation festive et déterminée qui se prépare le 19 mai prochain à la cité internationale.
CONTACT : scas-lyon@proton.me
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