Nouvel épisode dans la guerre aux pauvres. La proposition de loi sur les « territoires zéro chômeurs », malgré un large consensus en première et seconde lecture devant les deux assemblées, a recueilli très peu d’écho médiatique. Ses défenseurs, au premier rang desquels ATD Quart-Monde, ont pourtant la prétention de révolutionner l’assurance chômage, rien de moins. Le projet vise une remise au travail de l’ensemble des chômeur-ses de longue durée, au SMIC, à budget égal pour « l’entreprise France ». Cynisme, aveuglement ou naïveté ? La philosophie sous-jacente a de quoi alerter.
L’association ATD Quart-Monde, a réagi par un communiqué plein de noble indignation au vote, par le conseil général du Haut-Rhin, d’une déclaration d’intention en faveur de l’instauration d’un quota d’heures de bénévolat obligatoire pour les allocataires du RSA. Ce vote doit probablement se lire au prisme du bras de fer qui oppose en ce moment Etat et départements concernant le financement du RSA (et dont les allocataires vont probablement très vite faire les frais). Le communiqué d’ATD Quart-Monde s’inscrit quant à lui dans la promotion par l’association de logiques particulièrement troubles – ainsi qu’en témoigne l’appel final de ce communiqué, invitant le Haut-Rhin à s’intéresser au projet d’expérimentation des « territoires zéro chômeurs ». Si ce projet ne semble pas avoir la même capacité que le bénévolat forcé à polariser le débat public, il n’en met pas moins en œuvre des logiques particulièrement pernicieuses.
Le mécanisme proposé, tel que décrit par ATD Quart-Monde, consiste dans un premier temps à organiser localement le repérage des forces de travail « inemployées » et des travaux « non solvables » qui pourraient être réalisés dans un cadre « non lucratif ». Une entreprise ad hoc salarierait alors, « à temps choisi », les chômeur-ses disponibles dans le cadre de CDI payés au SMIC. Le financement de ces emplois reposerait sur la réorientation des coûts directs et indirects du chômage, et sur les maigres recettes que pourront générer ces activités, délaissées par le secteur lucratif parce que réputées non rentables. Expérimenté dans un petit nombre de communes, le dispositif serait par la suite généralisé. Sa faisabilité est appuyée sur une « étude macro-économique » d’ATD Quart Monde, dont les auteurs reconnaissent le caractère approximatif. Nous devons cependant laisser à plus compétent que nous le soin de la décortiquer de manière critique. Mais on peut déjà s’interroger sur la philosophie générale du projet et les logiques perverses dans lesquelles elle s’inscrit [...]
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