[Sainté] Justice et répression des manifestants : quand Facebook sert de mouchard

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Saint-Etienne

La justice n’hésite pas à soutenir la frénésie répressive du gouvernement en prononçant de lourdes peines à l’encontre des manifestant-e-s inculpé-e-s, Gilets jaunes comme d’autres auparavant. Le Tribunal de Grande Instance de Saint-Étienne a ainsi été le théâtre de nombreuses condamnations suite à des agissements lors de différentes manifestations, certaines allant jusqu’à de la prison ferme. Si tous les cas mériteraient d’être détaillés , l’un d’entre eux retient ici particulièrement l’attention : celui d’un manifestant condamné pour des propos tenus sur Facebook. Lorsque l’ancien monde en robe noire se sert des outils de surveillance que met à sa disposition le nouveau monde, c’est un pas de plus qui est franchi dans l’atteinte à nos libertés. Ce compte-rendu d’audience a initialement été paru dans le n°7 de Couac.

L’ambiance est pesante en ce mercredi 8 mai 2019. Monsieur B., visage fermé, comparaît pour « diffamation sur personne dépositaire de l’ordre public ». Sa faute : avoir publié sur la page Facebook de La Loire en colère, la photo du commissaire Gonon, en uniforme, accompagné du commentaire « Voilà cette pute ». Cette publication faisait suite à la manifestation stéphanoise du samedi 5 février, marquée par une féroce répression. L’accusé se justifie en indiquant que sa mère de 60 ans a reçu des gaz lacrymogènes lors de l’une des journées de protestation : « Ça m’a brisé le cœur, ça m’a mis en colère. À ce moment-là, je ne travaillais pas. C’est une accumulation de choses. »

Le juge se permet alors d’affirmer que « tout citoyen qui pense que la police a usé d’une violence injustifiée […] a la possibilité de porter plainte », invoquant comme preuve les déclarations d’un policier dans une vidéo, enjoignant une dame à porter plainte. Au vu de l’invraisemblable nombre de blessé-e-s graves recensé-e-s dans les manifestations récentes et du silence gênant de l’inspection générale de la police nationale, le doute reste légitimement permis quant à l’efficacité de ces procédures. L’avocate de la partie civile prend alors la parole pour décrire le mal-être du commissaire, qui « travaille pour la protection des biens et des personnes ». Désormais, « il craint pour la sécurité de sa personne et celle de sa famille, car on connaît les hostilités [des gilets jaunes] à l’égard de la police ». Il est vrai que ces dernières semaines, nombreux-ses sont les agent-e-s de police à avoir subi coups de matraque, gazages intempestifs, grenades de désencerclement et tirs de LBD à tour de bras… Le procureur y va ensuite de son laïus éculé : « Si vous avez 60 ans et que vous ne pouvez pas assister à une manifestation, moi je dis, n’y allez pas ! ». Le droit de manifester ainsi remis en cause, il enchaîne en tenant monsieur B. pour responsable des blessures d’autres manifestant-e-s : « Combien j’ai été ému par cette autre affaire. Quand on m’a appelé pour un enfant de 14 ans qui a été brûlé au visage et qui se trouvait à l’hôpital. Mais vous êtes responsable aussi. »

La suite à lire sur : http://lenumerozero.lautre.net/Justice-et-repression-des-manifestants-quand-Facebook

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