Loi sur l’autonomie des universités en 2007, Parcoursup en 2018, réformes des collèges en rafale ces dernières années, réorganisation des écoles primaires en 2008, mutations incessantes des programmes au lycée… L’enseignement public est la pâte à modeler des gouvernements qui se succèdent pour imposer leur vision de la société. Avec Macron, l’étau se resserre. La réforme des lycées et la loi dite « de l’école de confiance » en train d’être votée constituent un changement radical dans la définition de l’éducation publique. D’un côté le statut des enseignant·es se rapproche de celui des militaires, avec interdiction de critiquer l’institution, les drapeaux et les paroles de l’hymne national qui font leur entrée dans les salles de classe, et de l’autre côté, les lycéen·nes désormais trié·es dès la seconde, sans droit à l’erreur. Pendant que les établissements privés bénéficient d’une nouvelle logique de choix d’options à la carte, le métier d’enseignant·e se précarise à une vitesse folle sous prétexte d’austérité, la mise en concurrence des lycées accroît les inégalités territoriales et les conditions matérielles d’apprentissage se dégradent. Bref, la volonté de casser l’école publique, aussi vieille que le libéralisme, est en passe d’aboutir avec Emmanuel Macron et son ministre Blanquer. Les (futur·es) lycéen·nes sont bien entendu concerné·es, mais aussi toute personne qui voit dans l’éducation autre chose qu’une mise au pas de la jeunesse. Jef Klak a rencontré trois profs pour comprendre de quoi il retourne et comment lutter pour une école encore éprise de liberté, d’esprit critique et de justice sociale.
Avec le concours de Ferdinand Cazalis
Les modifications de fond de l’enseignement public ne semblent pas dater de la réforme Blanquer du Bac proposée en 2019, mais au moins de Parcoursup, et des nouvelles modalités d’entrée à l’université… Pouvez-vous revenir en premier lieu sur ce qui a changé à ce niveau ces dernières années ?
De 2002 à janvier 2018, la répartition des élèves dans les universités était pilotée par le ministère, via APB [1], un logiciel de répartition post-bac qui traitait les demandes des élèves dans l’ordre de leurs préférences. À partir de 2017, le dispositif Parcours-Bac a été amorcé, instaurant la suppression de la hiérarchisation des vœux des élèves. Après un classement des bachelier·es par les universités et les écoles supérieures, selon des critères variables et souvent inconnus, les dossiers étaient triés par une base de données, puis remis à l’Éducation nationale.
La règle était encore de satisfaire au maximum les choix des élèves. L’entrée à l’université restait un droit, avec pour seules limitations le lieu d’habitation du ou de la candidat·e d’une part et, d’autre part, le nombre restreint de places dans les filières sélectives, comme les classes préparatoires. Aujourd’hui, chaque branche de chaque université fait son propre classement sans aucune obligation de transparence sur ses règles et ses critères de classement. Le choix, l’envie, la projection des élèves ne sont plus pris en compte, sauf pour les « premier·es de cordée ». Les autres ne savent plus où elles et ils ont des chances de pouvoir être reçu·es et ont donc beaucoup de mal à anticiper.
...
>On ne combat pas le COVID-19 en s’attaquant aux droits démocratiques et aux acquis sociaux
Alors que l’épidémie de Coronavirus s’étend, les personnels hospitaliers sont confrontés au manque de lits de réanimation, de masques, de respirateurs, de personnels soignants… Pendant près d’un an, personnels hospitaliers et des EHPAD se sont mobilisés, ont fait grève contre la casse de...
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info