13 juillet 2021
Depuis les dernières élections, grosse gueule de bois pour les politicard.e.s en tous genres. Il faut dire que les sacro-saints scrutins régionaux et départementaux n’ont guère enthousiasmé les foules.
Au total, sur les deux tours, et malgré les atermoiements des chiens de garde du système représentatif, ce sont les deux tiers des électeurs et électrices inscrit.e.s qui ont déserté les bureaux de vote. Nous ne pouvons que nous en réjouir !
Non pas que cette abstention massive soit particulièrement consciente, révolutionnaire ni anarchiste, mais parce qu’elle est au moins le signe d’un ras-le-bol généralisé des magouilles, des fausses-promesses intéressées et de l’arrogance de celles et ceux qui prétendent nous représenter.
C’est un bon début, et les résultats de ce geste de mécontentement généralisé sont assez impressionnants. Chez les partis qui briguent le pouvoir politique, c’est la débandade.
Pour faire simple, la gauche, même coalisée, ne convainc plus grand monde avec son « progressisme » en carton-pâte.
De son côté, la droite conservatrice continue de fantasmer la satisfaction de ses administrés.
La majorité présidentielle se prend une rouste monumentale.
L’extrême-droite, elle, découvre avec effroi qu’elle n’a qu’un faible électorat de conviction, même si trop important, et qu’elle n’est pas issue d’un quelconque mouvement populaire.
Clou du spectacle, le taux de non-participation électorale fait que les élu.e.s, aux régions comme aux départements, le sont rarement avec plus de 20% des voix des inscrits.
Tout le monde en conviendra, cela révèle de manière évidente l’illégitimité du pouvoir qu’exercent les institutions représentatives républicaines sur nous toutes et tous.
Dès le lendemain des résultats, nous avons pu contempler avec joie éditorialistes, idéologues et cadres de toute cette déchetterie partisane s’exciter sur les plateaux télés et sur les réseaux sociaux à grands coups de « une démocratie sans électeurs n’est pas une démocratie » (Mélenchon), de « faire gagner l’abstention, c’est faire perdre la démocratie » (Castex), ou encore de « vous devez voter » (Le Pen).
C’est bien la preuve de l’efficacité de l’abstention qui, dans un contexte d’émiettement du mouvement social, fait davantage réagir nos oppresseurs qu’une prévisible « journée d’action » menée avec peu de marge de manœuvre, et peu de soutien – de participation, par les centrales syndicales.
Autrement dit, sans nos votes pour alimenter la machine qui leur confère tous leurs pouvoirs, ils et elles ne sont rien.
Il va donc de soi que nous, anarchistes, appelons toutes et tous les abstentionnistes à rééditer leur exploit à l’occasion des élections présidentielles et législatives l’an prochain. Dépassons la simple contestation, amplifions la grève du vote et semons les idéaux émancipateurs vers la floraison de l’anarchie.
Pour nous, ne pas aller voter (y compris blanc, car voter blanc c’est user d’un instrument factice laissé à notre portée pour nous tromper) c’est :
- Lutter efficacement contre la menace immédiate du fascisme
- Fragiliser la prétendue légitimité des élu.e.s et des partis qui nous oppressent, nous répriment et s’enrichissent à nos dépens (Attention, ce n’est pas pour autant qu’ils et elles refuseraient le pouvoir) ,
- Rejeter les hypocrites et nauséabonds thèmes de campagne qui entravent l’émancipation de l’humanité
- Refuser le système représentatif, c’est-à-dire le régime politique selon lequel nous serions obligés de nous donner des maîtres pour régir nos vies à nos places ;
- Contribuer à détruire les effets pervers et avilissants du pouvoir politique sur notre société
Bien-sûr, l’abstention n’est qu’un simple outil qui ne peut rien seul. Il faut le prolonger par la construction, de manière autonome, horizontale, collective et fonctionnant au consensus, d’initiatives et de réseaux adaptés aux besoins de l’humanité et de son environnement. L’État, le capitalisme et leurs dérivés ne tomberont pas sans une amplification et une participation active et acharnée aux luttes sociales.
Il est clair qu’il nous faut d’abord rejeter les élections pour briser nos chaînes : sans quoi nous resterons indéfiniment dans la position insupportable de l’esclave qui accepte le joug qui l’oppresse.
Pas de compromission donc. Pas de culpabilité non plus.
A celles et ceux qui, à droite comme à gauche, tentent de criminaliser l’acte d’abstention, répondons haut et fort : « Le criminel, c’est l’électeur » (Albert Libertad)
Abstention ! Autogestion ! Révolution !
Vive l’anarchie !
Le Groupe Graine d’Anar, Lyon et environ, membre de la Fédération Anarchiste
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