Ce vendredi 26 avril 2024 avait lieu à Toulouse une présentation du livre "Les leurres postmodernes CONTRE la réalité sociale des femmes" écrit par Vanina. Elle avait été invitée par le CRAS (Centre de Recherche pour l’Alternative Sociale).
Dans ce livre l’autrice prétend que "le" mouvement queer et intersectionnel serait un bloc uni, intrinsèquement réformiste, fruit du libéralisme et des théoricien.es postmodernes. Il serait LA cause de l’affaiblissement du féminisme révolutionnaire et anticapitaliste, puisque, selon elle, il ne poursuivrait que des objectifs d’intégration au sein de la société capitaliste et patriarcale. Sous couvert de critique d’une "mode libérale", ce livre s’inscrit en réalité dans un contexte d’offensive réactionnaire contre les personnes trans, notamment sur les plans legislatifs* et médiatiques. Vanina, membre de l’OCL (organisation communiste libertaire), s’appuie sur des arguments communs à ceux des transphobes issu.es de la droite radicale, qu’elle cite voire défend. Logiquement, le livre est rempli de propos transphobes, refuse de nommer les personnes trans comme telles, les mégenre et donne parfois leurs deadnames.
*le projet de loi vise à interdire la transition médicale aux mineur.es, renforcer le contrôle psychiatrique sur les enfants trans et pénaliser l’accompagnement médical des jeunes trans.
Pour cette présentation, le CRAS, lieu de ressource pour les luttes autonomes à Toulouse, a publié un texte et une revue de presse faisant la promotion de ce livre et défendant les positions qui y sont tenues. Donner de la visibilité sans faire exister de désaccords pour ce type d’idées, jusqu’à inviter l’autrice pour une sorte de conférence, sont des choix politiques avec lesquels on est en conflit.
Cela dit, il semblerait qu’il existe des contradictions internes au CRAS. En attendant de les voir exister publiquement, on se base sur ce qui est porté par l’association.
Contrairement à certaines idées reçues, il existe d’autres espaces de discussion à Toulouse (et ailleurs) qui critiquent le libéralisme et le réformisme de certaines luttes queers et féministes, sans véhiculer des idées transphobes et réactionnaires. Par exemple, rien que dans la même semaine, au Placard Brûle il y a eu une discussion qui critiquait le réformisme, le pinkwashing et l’intégration des queers dans la société capitaliste et patriarcale. Et le même jour que la présentation de Vanina, s’est déroulée au Kiosk une discussion techno-critique sur "les relations entre la technique et les corps, surtout quand ces derniers s’écartent de la norme valide, cis, hétérosexuelle".
Nous sommes donc allé.e.s à cette présentation de Vanina au CRAS à une quinzaine de personnes, pour distribuer 3 textes dans l’objectif d’exprimer nos désaccords profonds avec les propos dangereux et caricaturaux tenus dans ce livre. Des présentations ont lieu dans différentes villes, et nous voulions nourrir la contradiction, aussi pour que d’autres personnes puissent s’en saisir. Les tracts/brochures en PDF sont disponibles à la fin de ce texte.
Notre arrivée au début de la conférence a provoqué diverses réactions : plusieurs personnes nous ont demandé de sortir, poussé.e.s, ou ont crié au "sabotage", arguant que nos méthodes (interrompre pour tracter) étaient "violentes" (ironique pour un lieu d’archives sur l’histoire des luttes sociales !). Quelques un.es d’entre nous ont pris la parole pour expliquer notre présence tandis que les autres commençaient à tracter.
Nous nous étions mis.es d’accord pour seulement distribuer les textes et éviter le débat sur place. La décision de ne pas rester pour « débattre », comme il nous l’a été reproché, visait à éviter plusieurs écueils : celui de servir de caution trans et queer à Vanina et au CRAS et celui de se voir piéger dans un faux débat biaisé.
En parallèle, d’autres camarades/compagnon.nes, pas forcément au courant de notre venue, avaient fait le choix d’assister à la conférence, de rester pour débattre, apporter des nuances et s’opposer aux propos tenus par l’autrice.
Plusieurs personnes du public ont refusé nos tracts, d’autres les ont acceptés. Nous sommes sorti.es après quelques minutes, suivi.es par certaines personnes du public et des membres du CRAS. Parmi lesquels certain.e.s se sont dédouané.es en affirmant ne pas se positionner dans le débat, quand bien même offrir une tribune à Vanina est déjà une prise de position. D’autres membres en revanche semblaient se questionner sur sa venue en en réalisant tardivement les conséquences suite à notre intervention. D’autres échanges poursuivis à l’extérieur avec des gens du public étaient chouettes.
Bon courage à d’autres personnes qui se saisiront de ces questions lors d’évenements similaires !
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