Voilà près de 20 jours que la nouvelle réforme de l’assurance chômage est appliquée. Comme chacun·e l’a constaté⋅e : elle réduit déjà nos allocations pour lesquelles nous avons cotisé quand elle ne nous envoie pas directement dans les bras de la CAF mendier notre RSA. La seule bonne nouvelle dans cette situation, c’est qu’acculées devant l’augmentation du nombre de demandeurs du RSA, les structures devant accompagner notre « réinsertion dans le monde du travail » doivent espacer leurs leçons de morale.
Cette réforme, avec un cynisme certain, a jeté nombre d’entre nous hors du chômage indemnisé, nous plongeant chaque jour un peu plus dans la dèche. Pourtant nous n’avons pas été à la hauteur de sa violence. Il y a plein de raisons à cette non-réaction, et notamment la solitude qui caractérise nos conditions. Malgré notre apathie, les faits sont là : nos allocations ont radicalement diminué quand elles n’ont pas disparu, il n’y a toujours pas de tafs, et on est toujours plus contrait à enchaîner des jobs de merde payés une misère. Ceux d’entre nous qui ont la chance de galérer dans des boulots tout pourris doivent plus que jamais se serrer la ceinture et fermer leurs gueules sans rien avoir plus rien à attendre de pôle emploi que des formations, toutes aussi inutiles qu’humiliantes.
Et puis il y a quelques jours, un étudiant s’est immolé devant le CROUS de Lyon, notamment pour protester contre la précarité étudiante. Un mouvement étudiant prend forme à Lyon pour demander des conditions de vie descentes, sous le slogan la précarité tue.
Les étudiant⋅e⋅s tout comme nous, savent à quel point la flexibilité du monde du travail est synonyme pour eux d’une vie de galère. Enchaîner les contrats et les jobs plus chiants les uns que les autres, avoir des horaires aberrantes, et toujours devoir fermer ta gueule face aux petits chefs parce que sinon tu pourras sûrement pas remplir ton frigo.
Bref les étudiants sont en colère et nous ne pouvons que nous en réjouir. Depuis Lyon ils et elles appellent à une semaine de mobilisation des étudiants contre la précarité.
Nous nous reconnaissons dans ce mot d’ordre parce qu’à juste titre cette même précarité nous tue aussi. Ne nous trompons pas, même si les situations diffèrent ; les mécanismes, les galères et les solutions sont assez similaires.
Parce que depuis trop longtemps, on galère dans notre coin, on se dit que rejoindre cette mobilisation étudiante, ça nous permettrait à nous aussi, précaires de tous poils, de nous rencontrer, de nous retrouver pour pouvoir partir de notre position.
Pour que ce cri de révolte soit entendu dans sa juste mesure et pour que nous puissions faire face ensemble à cette violence institutionnelle, nous apportons tout notre soutien à la mobilisation étudiante et nous invitons tou⋅te⋅s les précaires à se retrouver aux côtés des étudiant·es pour construire depuis notre position une réponse à la hauteur de la violence quotidienne.
Des précaires
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