Organisons-nous en soutien à Bruno et Ivan, en taule pour des fumigènes

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Le 19 janvier dernier, lors de la journée nationale de manifestations contre les centres de rétention, trois personnes sont arrêtées dans le Val-de-Marne en possession d’un fumigène « fait maison » (chlorate, sucre, farine) , de quelques pétards et de clous tordus alors qu’elles se rendaient à la manifestation qui avait lieu depuis Porte Dorée en direction du centre de rétention de Vincennes.

Ces personnes étant fichées aux RG, s’ensuit une garde-à-vue de 48 heures, une perquisition qui ravage un appartement (les policiers ne trouveront que quelques brochures militantes), la prison pour deux des interpellés, une libération sous contrôle judiciaire pour le troisième en attente d’un procès. La section anti-terroriste s’est déplacée pour la perquisition.

Un juge anti-terroriste est chargé d’instruire une enquête pour « association de malfaiteurs, détention et transport d’engins incendiaires ou explosifs en vue de détruire des biens ou de commettre des atteintes aux personnes ».

Ce fichage et le fait qu’elles ont refusé en garde-à-vue de se soumettre à la « signalisation » (photos, empreintes, ADN) a entraîné ce montage judiciaire très décalé par rapport aux faits.

Dans la semaine qui a suivit leur arrestation, la presse, racoleuse, reprend la version policière, et parle de « junior-terroristes » et de fantomatiques réseaux qui se préparaient à la lutte armée. Ici quelques fumigènes pourtant couramment utilisés dans les manifs, ont suffi au gouvernement pour oser brandir une nouvelle fois le spectre du terrorisme. Rappelons que les rassemblements qui ont eu lieu à Vincennes ont été marqués à plusieurs reprises par l’utilisation de fumigènes, de feux d’artifices et autres pétards pour dérouter la police et signaler aux retenus qui luttent à l’intérieur l’existence de mobilisations à l’extérieur. Quant aux « clous tordus » cités par les journaux, ils rappellent plutôt des crève-pneus que l’on laisse sur la route pour crever les pneus des voitures de police et des camions cellulaires, ils ont aussi déjà été utilisés plusieurs fois, notamment lors des rassemblements devant les centres de rétention.

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Il est nécessaire de rappeler le contexte de mobilisation politique dans lequel ces arrestations ont eu lieu. Il faut aussi dénoncer le montage policier et judiciaire à charge, dénoncer le fait qu’un fumigène et des crève-pneus envoie directement en taule et fait presque basculer dans « l’anti-terrorisme », un concept qui s’applique à de plus en plus de situations.

L’objectif est clair : museler toute contestation, tenter de diviser les militants-es, d’en isoler certain-es, de faire taire en inspirant la peur et réprimer tous ceux qui luttent contre l’enfermement et le traitement que subissent en France les classes populaires et les étranger-es.

Si le cas d’Ivan et Bruno peut sembler particulièrement choquant, il est malheureusement symptomatique d’une répression accrue des militants-es. Depuis janvier, diverses personnes ont été arrêtées et inculpées pour avoir voulu se rapprocher des détenu-es devant un centre de rétention, pour avoir protesté lors d’une rafle, pour avoir accueilli des sans-papiers chez elles, pour avoir refusé qu’un avion décolle avec des personnes bâillonnées à son bord… Ces inculpations s’inscrivent dans le contexte d’une lutte en expansion que l’Etat cherche à étouffer.

En effet, que ce soit face aux luttes de l’intérieur des centres de rétention où des sans-papiers communiquent vers l’extérieur sur leur emprisonnement, s’enfuient, font des grèves de la faim, refusent de rentrer dans leur chambre, incendient leur cellule et vont jusqu’à s’auto-mutiler ou face aux combats de l’extérieur où des gens s’organisent pour lutter contre les rafles et la déportation, l’Etat français et ses hordes de flics répliquent par la matraque, l’enfermement, l’isolation et l’humiliation.

Depuis le début du mois d’avril, leur affaire est "requalifiée" en régime anti-terroriste sous le motif d’une "jonction supposée" avec une affaire qualifiée sous le même régime. Ivan et Bruno sont aujourd’hui incarcérés depuis bientôt quatre mois, en attente d’un procès. La demande de mise en liberté de Bruno et Ivan a été rejetée le 4 avril. Ils ont fait appel de cette décision et ont donc à nouveau été entendu par un juge le 21 avril mais les deux demandes de remise en liberté ont été rejetées.

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La détention de fumigènes et de crève-pneus qui vaut à deux personnes d’être actuellement emprisonnées et leur utilisation sont des pratiques partagées qui font notamment partie de ce mouvement de lutte contre les centres de rétention. Il est primordial que tous les gens qui participent ou se sentent solidaires de cette lutte n’oublient pas les copains incarcérés et leur manifestent soutien et solidarité par tous les moyens possibles (actions de soutien, diffusion de l’information..). Parce que nous mobiliser collectivement quand on nous attaque nous rend certainement plus fort que de se replier chacun dans son coin, ne laissons pas la répression s’abattre dans le silence et l’anonymat.
Pas plus que nous ne pouvons laisser des sans-papiers se faire expulser, nous ne pouvons pas laisser des compagnons de lutte croupir en prison pour leur solidarité. Ne laissons personne isolé-e face à la police, continuons à désobéir aux lois, multiplions les insoumissions et organisons nous en soutien à Ivan et Bruno !

Dans plusieurs villes, des individu-es ont commencé à s’organiser :

- A Paris, de nombreux rassemblements de soutien à Bruno et Ivan ont eu lieu. Le 5 avril, lors d’une manif où des dizaines de milliers de personnes défilaient dans les rues pour crier leur rage face à la terreur que fait règner l’Etat français sur les étranger-es, des flots de fumigènes ont éclairé le défilé afin de marquer un soutien à Bruno et Ivan. Une grande banderole « Vive la solidarité avec les sans-papiers. Liberté pour Bruno, Ivan et tous les autres » a été déployée.

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- A Dijon, le 11 avril, a eu lieu un rassemblement devant la préfecture, en solidarité aux sans-papiers et à Bruno et Ivan. Environ 80 personnes ont barré la route avec deux grandes banderoles : « Libérez Ivan, Bruno et les autres, Vive la solidarité avec les sans-papiers » et « Ni sélection ni expulsion ! ». De nombreux fumigènes ont été cramés.

- A Grenoble, le 22 avril, les bureaux du CROUS ont été occupés pendant 5 heures et demi, notamment pour protester contre la collaboration de cette institution avec la police lors de l’arrestation d’un étudiant sans papiers le 8 avril dernier. Le collectif « Des fumigènes pour toutes et tous » y était présent et y a appelé à la solidarité avec Bruno et Ivan. Deux fumigènes ont été brûlés par une fenêtre du dernier étage du bâtiment et des tracts jetés à l’attention des passant-e-s. Un après midi concert de soutien est organisé ce dimanche 4 mai.

- D’autres villes comme Toulouse commencent à bouger, organisons nous en soutien à Bruno, Ivan et à tous les inculpés !

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  • Le 7 mai 2008 à 23:48, par souti1culpees38 AT riseup.net

    A Grenoble mardi 13 mai 2008, 10h du mat’...

    Si jamais vous pouviez mettre l’info en « une » sur votre site, ce serait bien chouette. Faut pas laisser passer ce genre de montages policiers, d’autant que là y’a la prison à la clé... Bienvenue à Grenoble pour le rassemblement. Ecrivez-nous à l’adresse mail du collectif si vous voulez venir dès le lundi soir.

    Voici les liens vers le tract en PDF (avec une liste complète des collectifs signataires) et les deux affiches appelant au rassemblement.

    Le tract :
    http://grenoble.ww7.be/2008-05_Grenob-rassmb.pdf

    Les affiches compressées pour les voir en ligne :
    http://grenoble.ww7.be/2008-05-13_afficheivanbrunoAbis.jpg
    http://grenoble.ww7.be/2008-05-13_afficheivanbrunoBbis.jpg

    Les affiches à télécharger pour faire des photocopies (par exemple) :
    http://grenoble.ww7.be/2008-05-13_afficheivanbrunoA.jpg
    http://grenoble.ww7.be/2008-05-13_afficheivanbrunoB.jpg

    Ci-dessous, le texte de l’appel au rassemblement :

    RASSEMBLEMENT EN SOUTIEN À BRUNO ET IVAN
    emprisonnés depuis le 19 janvier 2008 pour leur solidarité avec les sans-papiers

    Rendez-vous le mardi 13 mai 2008 à 10h devant le tribunal administratif de Grenoble (rue Marcel Benoît, tram Verdun)

    Dans la matinée du 13 mai, comme toutes les semaines, des personnes sans papiers comparaîtront devant le tribunal administratif. Ce rassemblement est une manière parmi d’autres de manifester notre solidarité avec toutes les personnes sans papiers.

    Ces derniers mois, partout en France, les sans-papiers sont traqué-e-s, arrêté-e-s et expulsé-e-s. A Grenoble, ces dernières semaines, Régis, étudiant sans papiers, a été arrêté par la police dans sa chambre du CROUS. Puis Najib, sans papiers également, a été arrêté à son domicile, à Meylan.

    Mais des formes de résistance s’organisent, notamment à travers une entraide pratique entre sans-papiers et avec-papiers.

    Au mois de décembre 2007, des mutineries ont éclaté dans plusieurs centres de rétention administrative. Des dizaines de sans-papiers enfermé-e-s se sont lancé-e-s dans une lutte permanente contre l’existence même des centres de rétention : grèves de la faim, communiqués, refus de rentrer dans les chambres, refus d’être compté-e-s, parloirs sauvages, incendies de cellules, et malheureusement, tentatives de suicide et automutilations…

    Face à cette lutte à la fois déterminée et désespérée, à l’extérieur, de nombreuses personnes ont transformé leur indignation en révolte. Résistance aux rafles, interventions dans les aéroports, coups de téléphone quotidiens dans les centres, présence dans les tribunaux : des réseaux de solidarité s’organisent et des gens agissent directement.

    Régulièrement, des milliers de personnes se déplacent vers les centres de rétention, criant « liberté » d’une même voix avec les sans-papiers enfermé-e-s. Depuis le mois de décembre, à Paris, les manifestations se suivent, notamment devant le centre de rétention de Vincennes.

    Le samedi 19 janvier 2008 est une journée nationale de manifestations contre les centres de rétention (et notamment contre l’allongement de la durée de rétention). Des dizaines de personnes de Grenoble se sont d’ailleurs déplacées jusqu’au centre de rétention de Lyon / Saint-Exupéry, où avait lieu un rassemblement.

    Sur Paris, Bruno et Ivan, habitués des manifs de solidarité avec les sans-papiers, sont contrôlés par la BAC (Brigade Anti-Criminalité) alors qu’ils se rendent au rassemblement devant le centre de rétention de Vincennes. Dans leur véhicule se trouve un sachet avec un mélange de farine, de sucre et de chlorate de soude, recette classique de fumigène artisanal, dont tous les ingrédients sont en vente libre. Après un coup de fil des policiers pour vérification d’identité, Bruno et Ivan sont directement placés en garde-à-vue. Ils ont beau expliquer l’usage habituel du mélange trouvé, ils se retrouvent tous deux en détention préventive, où ils sont supposés attendre qu’une date de procès soit fixée. Presque immédiatement, une enquête est ouverte pour « association de malfaiteurs, détention et transports d’engins incendiaires ou explosifs en vue de détruire des biens ou de commettre des atteintes aux personnes ». Actuellement, un juge « anti-terroriste » est sur l’affaire.

    La résistance à la chasse aux sans-papiers dérange et une répression cherchant à faire peur, à isoler et à diviser se met en place. Plusieurs personnes ayant participé à ces mouvements de solidarité sont interpellées et parfois emprisonnées.

    Pour Bruno et Ivan, c’est la prison depuis plus de 3 mois, à Fresnes et Villepinte.

    Les fumigènes, artisanaux ou non, sont des outils de lutte très répandus, utilisés le plus souvent durant des manifestations. Accompagnés de pétards et/ou de feux d’artifices, ils ont d’ailleurs été utilisés à plusieurs reprises devant le centre de rétention de Vincennes aussi bien avant qu’après l’arrestation de Bruno et Ivan. A Grenoble, on a pu en voir lors de l’occupation des arbres du parc Paul Mistral (février 2004), et depuis un an, lors des manifestations contre l’élection de Nicolas Sarkozy au printemps 2007, sur le campus universitaire lors du mouvement contre la LRU en novembre-décembre 2007 et dans les toutes récentes manifestations lycéennes.

    Le maintien en détention de Bruno et Ivan ainsi que la prise en charge de l’affaire par un juge anti-terroriste sont inadmissibles.
    Cela démontre pleinement la criminalisation des luttes existantes.
    On veut nous diviser, nous isoler, nous briser. Nous crions « solidarité » !

    Liberté pour Régis, Najib et toutes les personnes sans papiers.
    Liberté pour Bruno et Ivan.

    Collectif grenoblois de soutien à Bruno, Ivan et les autres (souti1culpees38 AT riseup.net)

    Collectifs signataires de l’appel pour la libération de Bruno et Ivan :
    Coordination iséroise de soutien aux sans-papiers, Collectif « Des fumigènes pour toutes et tous », Collectif Antirépression 38, Réseau Education Sans Frontières (RESF-38), Réseau Universitaire Sans Frontières (RUSF-38 et RUSF-73), Centre d’Informations Inter-Peuples (CIIP), Comité échirollois de soutien aux sans-papiers, Collectif des isolé-e-s, Collectif Papelard, Collectif de soutien aux réfugiés algériens, Comité de mobilisation du campus universitaire, Comité autonome de Vizille (CAVIAR), Antigone, Ligue de l’Enseignement de l’Isère (FOL-38), Collectif Solidarité Prisonnier-e-s Valence, Chiche ! Chambéry, Confédération Nationale du Travail (CNT-38), Sud Etudiants Grenoble, Sud Etudiants Chambéry, Fac Verte 38, Union des Etudiants Communistes (UEC-38).

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