Le but était de réagir à la tenue d’une manifestation de nervis de l’extrême droite radicale, la même qui, depuis des mois, s’organise à Lyon notamment, via des réseaux français et européens tels blood and honor. Ces groupuscules, sous couvert de dénomination d’associations culturelles nationalistes, sont en fait des lieux de rassemblement de la frange radicale de l’extrême droite, que je préfère personnellement appeler groupuscules néo-nazis, car même si visiblement le terme dérange médias et politiques, il ne s’agit de rien d’autre que de mouvements clairement extrêmistes et ultra. J’en veux pour preuve les concerts, vidéos, photos et autres, qui témoignent absolument sans équivoque du caractère antisémite, islamophobe, homophobe, xénophobe et tant d’autres. Groupes de musique néo-nazi invité en concert, affiches blood and honor, saluts nazis, et j’en passe.
Pendant ce temps, la presse dans sa grande majorité continue de se focaliser, comme le gouvernement, sur les problèmes de délinquances et d’identité nationale, créant clairement un climat de tension inter-citoyen, pour ne pas dire inter-racial. Stigmatisation des musulmans, des jeunes « casquettes baskets », désignés comme seuls responsables de l’insécurité française. Pointés du doigt également, les milieux alternatifs, associatifs, libertaires et plus généralement d’extrême gauche, accusés de manifestations sauvages, de casse en bande organisée, et autres.
Cependant, tout le monde s’accorde à dire visiblement qu’ heureusement, la police réalise un travail exceptionnel pour calmer les choses dans ce climat plus que délétère.
Il est temps que l’opinion publique se rende compte de ce qu’il se passe, sous ses yeux, mais masqué par un silence médiatique et un pouvoir qui a clairement décidé de fermer les yeux et de ne rien faire à part laisser pourrir la situation.
Lyon compte à présent deux locaux clairement identifiés comme points de repère de la frange radicale de l’extrême droite, et dans son immense majorité, néo-nazie. Ces derniers se livrent, depuis un an, à des actes de vandalisme envers des manifestations culturelles, des commerces supposés appartenir à des propriétaires ayant des origines maghrébines ou plus généralement africaines ou nord-africaines (deviendrait-ce un crime en France ?), et un nombre de lynchage qui augmente de plus en plus, plus les mois défilent. Ces attaques, véritables guet apens, sont organisés en fin de manifestations, de rassemblements culturels, ou tout type de manifestation estampillé alternatif, solidaire etc. .
Les mots lynchages, passages à tabac, règlements de compte et synonymes ne sont pas un vague délire de persécution, ils sont le reflet de ce qu’il se passe réellement et régulièrement, sans que personne ne s’en aperçoive. La méthode est toujours la même : attendre la fin d’une manifestation estampillée de gauche, suivre un groupe isolé (fréquemment deux personnes ou trois) se dirigeant vers leur « terrain de chasse » (pour le moment essentiellement Villeurbanne et Saint-Jean), et leur tomber dessus. A une quinzaine contre deux ou trois. Équipés de barres de fer, de batte de baseball, de rangers coquées, et tout type d’objets destinés à faire mal, à casser, à invalider. Les jours d’Interruption Temporaire de Travail se chiffrent, depuis six mois, en centaines d’heures, tout comme les fractures, notamment faciales. La dernière agression clairement fasciste semble remonter au début / milieu du mois d’avril. On ne sait pas encore vraiment combien de personnes ont été blessées au cours des émeutes néo-nazies de samedi derniers, mais on parle d’une dizaine de personnes blessées, et d’au moins un kebab saccagé. Ma dernière information du nombre de jours d’arrêts de travail suite à des agression néo-nazies, en cumulé, portait ce nombre à 271 jours. Et cela en six mois, ou un an, ce qui est ENORME. Qui en parle ? Presque personne.
Revenons sur la manifestation de samedi. Visiblement, il ne fallait pas être antifasciste ce jour là. Comment expliquer que malgré l’énorme dispositif policier, notre cortège, préalablement coupé en deux par la police, ait pu se retrouver coincé sur un pont, avec les CRS chargeant aussitôt et sans sommation immédiatement, à la matraque et aux grenades lacrymogènes et assourdissantes, et de l’autre côté, les néo-nazis, sans aucun dispositif policier de leur côté, ni devant eux, ni derrière eux. N’est-ce-pas là, une preuve irréfutable que la police avait organisé et pensé cette confrontation, dans le but de pouvoir arrêter un maximum de militants supposés du monde d’extrême gauche, libertaire ou anarchiste ? Comment expliquer que notre police, citée par notre Président pour son professionnalisme et sa retenue, procède de cette manière ?
Il ne s’agit pas ici de défendre les uns et les autres : je conspue ce gouvernement, la police, et les néo-nazis, les ayant tout trois en horreur. Mais je n’écris pas un pamphlet, j’essaie d’expliquer objectivement ce qu’il s’est passé, puisque seules les versions officielles priment.
Est ce normal que mon ami J. se fasse arrêter parce qu’il courrait pour échapper à la charge policière qui venait de nous coincer en étau en face des nervis néo-nazis ? En quoi peut on lui reprocher de porter sur lui un antivol de voiture pour se défendre s’il tombait sur un groupe ? N’est ce pas connu de tous que ces groupuscules sont les spécialistes de l’attaque de personnes à l’aide d’objets contondants ? N’avons nous pas le droit de nous défendre en cas d’attaque, c’est trop demandé ? Comment expliquer qu’en voyant mon ami se faire intercepter, voulant aller le chercher avant que la situation ne s’envenime avec le policier, on me donne comme seule réponse deux boucliers, et un flash-ball braqué en plein visage à cinq mètres (je rappelle que le flash-ball est létal jusqu’à sept mètres...). Comment pouvons-nous dire que la police est professionnelle lorsque que le policier qui me tient en joue d’une manière plus que dangereuse et somme toute illégale, me crie « T’as un problème ? Ben viens, allez viens, on va s’expliquer ! ». C’est ça, le professionnalisme ? La retenue ? Pouvez vous concevoir la rage, le désespoir même, qu’on ressent lorsque son ami innocent se fait menotter devant soi, n’ayant eu que pour seul tort d’être au mauvais endroit, au mauvais moment ? Quel était son autre faute ? Être noir peut être ? Toujours est il qu’à l’heure qu’il est, nous n’avons aucune nouvelle de notre ami, qui est en garde à vue depuis samedi en fin d’après midi, pour rébellion et violence aggravée. Nous sommes restés ensemble tout au long de cette contre manifestation, JAMAIS il ne s’est rebellé, pas même pendant son arrestation qui s’est passé sous mes yeux, et n’a jamais usé de violence, à aucun moment et envers qui que ce soit. Il n’avait même pas son l’objet qu’il transportait pour se défendre au cas où dans la main. Les seules violences commises ont été perpétrées par les nervis d’extrême droite d’une part, et la police de l’autre, qui comme d’habitude a chargé les résistants au néo-nazisme galopant en France et en Europe, usant d’une attitude méprisante, violente, et contraire à toutes leurs règles et obligations.
Je suis révolté par ce climat ignoble qui règne en France, pays qui encense les résistants de la seconde guerre, mais matraque sans vergogne leurs arrières petits-fils qui tentent de résister face à une menace néo-nazie réelle et dangereuse, que tout le monde semble ignorer, à commencer par l’opinion publique. Serait-ce pour nous dire que notre combat contre l’intolérance et le racisme est mal ?
J’espère que cette lettre trouvera écho, quelque part. J’espère que les gens et les pouvoirs publiques comprendront ce qu’il se passe, en bas. J’espère que les autorités vont prendre conscience de la menace que représente ces groupuscules d’extrême droite, et de plus en plus souvent, la police également.
J’espère que l’on pourra porter très vite secours à mon ami, enfermé depuis samedi soir, victime de la volonté d’étouffer la résistance face à ce qui nous semble, à nous citoyens français de toutes origines, un fléau à éradiquer, encore et toujours : le néo-nazisme.
Florian.
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