Des conditions scandaleuses imposées par la France et l’Italie aux réfugiés tunisiens

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TPSE : Titre Provisoire de Séjour Exceptionnel

Il seront finalement 14.500 Tunisiens a obtenir un titre provisoire de séjour exceptionnel, TPSE, (ou de Schengen) au regard de la directive de 2001 et de sa transposition en loi Italienne dite Fini (ou loi unique sur l’immigration).

Ce TPSE dure 6 mois, autorise un déplacement sur le zone Schengen pendant 3 mois, mais ça sent quand même l’arnaque car :

- il faut être entré sur le territoire Italien entre le 1er janvier 2011 à 0h00 et le 6 avril 2011 à 0h00,
- ne pas faire l’objet d’un arrêté d’expulsion antérieur au 1er janvier 2011,
- avoir un document d’identité
- ne pas faire l’objet d’une quelconque condamnation de droit commun en Italie
- ne pas représenter un danger pour sécurité de l’État

Cela signifie du côté Français, vu la circulaire Guéantesque que (avec l’Allemagne qui s’est rangée du côté de la France si vous avez suivi) :

- si le Tunisien n’a pas de passeport,
- si le Tunisien n’a pas de titre de transport,
- si le Tunisien ne peut pas prouver sa subsistance (32 euros si logement, 64 si pas de logement)
- ou qu’il est là depuis plus de 3 mois

et bien il retourne en Italie... ça ne nous dit pas ce que fera l’Italie à ce moment-là ; le TPSE n’est pas périmé, il devrait pouvoir rester, mais c’est après la « péremption »...

Les accords entre l’Italie et la Tunisie conclus entre lundi et mardi, n’étaient pas très clairs, en échange de quoi l’Europe allait-elle accorder « autant » de titre de séjours si généreux ? La France et l’Italie vont patrouiller les côtes Tunisiennes pour empêcher les départs, les autorités tunisiennes n’en ayant peut-être pas les moyens vu la situation, et surtout les gardes-côte tunisiens doivent bien avoir de la famille qui tente de partir ; la France et l’Italie, elles ne fermeront pas les yeux ! La France fait donc la police au Maghreb... Selon notre obédience politique et notre formatage idéologique, certains diront que c’est de l’impérialisme, d’autres de la gestion néo-coloniale, à moins qu’on ne préfère une troisième vision plus globale : une logique impériale.

Les camps et les débarquements

En attendant, fait assez rigolo, les centre de rétention spéciaux pour Tunisiens ont subitement vu leur nombre augmenté, les Tunisiens résidents de manière illégales dans les parages essayant de se fondre dans le lot (c’est surtout vrai pour le Sud).

Le centre de Lampedusa était presque vide pendant quelques heures, plus que 72 Tunisiens. Mais très vite il s’est rempli : 535 personnes parties de Libye plus une cinquantaine de Tunisiens jetés à l’eau par leur passeurs dont le bateau avait été repérés par les gardes-côtes ont débarqué = environ 650 personnes à nouveau ! Sur le bateau venu de Libye, une dizaine de femme, 40 enfants, des Érythréens, Somaliens, Éthiopiens.

Pour les nouveaux Tunisiens, c’est évidemment retour à la case départ, étant arrivé après le 6 avril 2011, les vols-retours ont d’ailleurs débutés ce matin. Maroni, le Ministre de l’intérieur, avait évoqué l’autre jour de possible « mutualisation » (vols groupés = charters), peut-être avec la France pour ses expulsions ? A voir.

D’autres arrivent aussi dans l’ile de Pantelleria (50), île encore plus petite que Lampedusa au nord et plus près encore de Tunisie, juste au-dessus et en Calabre. Il s’agit d’un bateau parti de Turquie depuis plus d’une semaine (voir image débarquement : http://tv.repubblica.it/dossier/emergenza-lampedusa-2010/84-sbarcano-in-calabria-anche-donne-e-bambini/65865?video=&pagefrom=1) ; 84 personnes : 27 enfants, 12 femmes, 42 hommes, kurdes, afghans et Iraquiens + 3 Ukrainiens que la police soupçonne d’être les passeurs. Prix du voyage entre 2.000 et 4.000 dollars par personne.

A peu près la même histoire à Bari, dans un semi-remorque d’oranges sur un ferry venu d’Igoumenitza (Grèce), seulement 40 personnes dans un état plutôt lamentable, origine : 34 Afghans, 4 Pakistanais, 1 Iranien et Iraquien - la police soupçonne le chauffeur Bulgare d’être un passeur (sans blague !). Prix de ce confortable voyage à la vitamine C des agrumes : 1.700 euros par personne.

Sinon un témoignage de Bilal, dans notre quotidien préféré (!) : http://www.lefigaro.fr/international/2011/04/02/01003-20110402ARTFIG00551-de-zarzis-a-lampedusa-moi-bilal-clandestin.php

Le prix du Tunisien et du migrant

Un dernier mot sur quelque chose d’anodin face à la misère de certains « voyageurs », mais les camps, ça marche comment...? En fait, si ça a mis si longtemps à démarrer et aussi mal, c’est que, libéralisme aidant, il a fallu soit passer outre la logique de l’appel d’offre, soit la faire quand même et là la hussarde. Habituellement dans ce genre de situation (les migrants), c’est un consortium d’organisations anti-racistes italiennes (Connecting people) qui gère les chose (ils sont dans les centres de rétention, participent à la gestion des foyer de migrants et de demandeurs d’asile, participent et organisent des journées interculturelles, en lien avec des universitaires : http://www.connecting-people.it/) ; je n’en sais pas plus que ça. Mais enfin, ceux qui ne sont pas gérés par la Croix-rouge, ont donc été obtenus par Connecting people, qui viennent de se faire virer des centres de rétention (ça ressemble un peu à l’histoire de la Cimade) et généralement, Connecting People affiche un prix par personne et par jour de 42 euros par personne. Là, les camps, l’Etat paye 34 euros ; et par rapport aux centres de rétentions, c’est un groupement d’entreprises franco-italiennes sous dominance Française (la GEPSA, que je ne connais pas) qui a obtenu le marché pour 32 euros par personne et par jour...

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  • Le 17 avril 2011 à 15:57, par un réveillard

    D’abord très bons article, bravo ;)

    Je me permet de vous signaler que définir Connecting People un « association anti-raciste » est tout simplement une connerie. Il s’agit des bourreaux qui gérent les CIE (les CRA à l’italienne) et qui se sont rendus responsable de violences contre les détenus. Connecting people est un élément fondamental de la machine à expulser.

    je vous assure que les anti-racistes italiens n’ont pas de pire ennemi que Connecting People

    18 mars : des vandales inconnus ont visité de nuit le siège du consortium Kairòs, situé via Lulli 8 à Turin, endommageant l’entrée et les enseignes, et laissant en souvenir quelques tags contre les centres de rétention. Kairòs, en effet, fait partie du méga-consortium Connecting People qui, entre autres, gère le centre de Gradisca. Ou plutôt, gère ce qui en reste, après les récentes révoltes des retenus qui y sont enfermés.

    Salutations anti-fascistes

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