Expulsion illégale, le capital au détriment du social

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Lyon 9e

Lundi 8 juin 2020, un bâtiment occupé a été expulsé illégalement. Il était vide depuis plusieurs années et appartenait à la Métropole de Lyon. La police avait constaté la présence des occupant·es depuis plus de 48h, mais sous les ordres des pouvoirs publics locaux, elle a procédé à une expulsion hors-délais, sans respect de la procédure judiciaire. Face à l’abandon des pouvoirs publiques à l’égard des personnes sans-abri, à l’aggravation de la précarité de leur situation pendant le confinement, à la gestion calamiteuse de la situation par les services d’hébergement d’urgence, la réquisition de ce bâtiment était une alternative urgente et nécessaire.

Un constat : le confinement et le déconfinement ont accentué la gravité de la situation des personnes sans-abri

La crise sanitaire liée au Covid-19 a permis une nouvelle fois de constater le peu de considération apportée par l’État et ses représentant·es aux personnes sans-abri, que cela soit au niveau national ou local.
À Lyon, dès le début du confinement des personnes vivants dans la rue ont été verbalisées alors qu’elles n’avaient pas de lieu pour se protéger. Des centres de confinement ont alors été ouverts dans l’urgence sur la métropole lyonnaise, (Belleville, Saint-Genis Laval), ainsi que des centres de mise à l’abri (Rillieux, Meyzieu, Jonage, Lyon).
Lors du dé-confinement et de la fermeture de ces centres, les mesures proposées ont été très précaires : des personnes seules et des familles, avec parfois des enfants en bas âges, se sont retrouvées entassées dans des chambres d’hôtels, parfois éloignées du centre-ville, sans possibilité de cuisiner ou d’avoir accès à des repas. Une date de fin de prise en charge a été arbitrairement fixée, dans un premier temps au 31 mai, puis au 30 juin. Cette décision a été prise bien qu’il soit évident que la situation d’exclusion que subissent ces personnes n’ai pas pu évoluer pendant le confinement, notamment car les services d’accompagnement et d’aides étaient fermés.

Une solution : réquisitionner un bâtiment appartenant à la Métropole de Lyon, vide depuis de nombreuses années

C’est à la suite de ce constat et pour permettre à ces personnes, ces familles et ces enfants laissés pour compte, d’accéder à un lieu de vie digne et stable qu’une équipe de volontaires a décidé de réquisitionner un bâtiment vide appartenant à la Métropole de Lyon. Ce bâtiment, situé proche de la Place de Valmy dans le 9e arrondissement, est inoccupé depuis de nombreuses années, au moins 15 appartements de trois pièces ont été dénombrés. Il aurait permis d’accueillir 45 personnes, soit une douzaine de familles.

La police constate l’occupation du bâtiment une première fois, puis sous l’impulsion de la Métropole, décide d’expulser illégalement les occupant•es

Alors que nous habitions le bâtiment depuis plusieurs jours, un voisin remarque notre présence et appelle le 17 samedi matin vers 8h30. La police nationale vient sur place et constate l’occupation des lieux vers 9h30. Des photos prises à l’occasion et postées sur un site d’huissier en ligne l’attestent.Tout au long des 48 heures suivantes, de nombreuses personnes, ami·es et voisin·es se sont relayées pour soutenir l’ouverture et la réquisition de ce bâtiment.

Mais lundi 8 juin à midi, alors que 48h sont passées depuis le premier passage de la police, ceci impliquant l’interdiction d’expulser des lieux sans procédure judiciaire, les choses prennent une tout autre tournure. La Métropole de Lyon, avertie de la situation se rend sur les lieux avec le renfort de la BAC et d’au moins quatre camions de la police nationale. Le commissaire de police rejette tout dialogue avec les personnes présentes sur place. Il refuse également de prendre les documents prouvant la présence des occupant·es depuis plus de 48h sur les lieux, dont celles qui attestent de la venue de la police nationale samedi matin.
À la demande d’un motif d’expulsion argumenté, il assène « la loi, c’est moi » (sic) . Les policiers forcent alors l’entrée du squat, en dehors de tout cadre respectant la loi, et nous expulsent illégalement par la force.


Nous dénonçons le caractère inique, illégal et hors-délais de cette expulsion ainsi que le non-respect de la procédure judiciaire de la part de la Métropole et des forces de l’ordre ; témoignage flagrant de l’incapacité des pouvoirs public à offrir un peu de dignité aux familles et personnes qui, contraintes de vivre à la rue se retrouvent victimes de plans d’urbanisme.

Signé : les occupant•es et soutiens du lieu
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