Depuis quelques années, la propagande israélienne prétend qu’il n’y a plus de « conflit israélo-palestinien », que l’armée israélienne a soumis la population palestinienne, que leur supériorité militaire garantit leur sécurité, et les gouvernements occidentaux font semblant d’y croire.
Pris par surprise hier matin par le Hamas et la résistance palestinienne, les gouvernements occidentaux n’ont pas eu le temps de mettre à jour les communiqués qu’ils publient toujours dans ce genre de situation. Ils condamnent les actions « terroristes », rappellent le droit d’Israël de se défendre, et appellent à la fin de la violence de la part des Palestiniens.
L’absurdité de ces communiqués résulte du fait qu’ils ne se concentrent que sur les événements de ces dernières heures. Pourtant, pour comprendre la situation en Palestine en général et à Gaza en particulier, il faut se rappeler que la plupart des Palestinien.nes de Gaza sont les descendant.es des réfugié.es de la guerre de 1948. L’ONU leur a donné le droit de retourner chez eux, à l’intérieur des frontières actuelles de l’État d’Israël qui le leur refuse. Il faut se rappeler que depuis des dizaines d’années, Israël ne respecte pas le droit international et continue à coloniser, réprimer, ségréger et bafouer le droit à l’autodétermination du peuple palestinien. Il faut se rappeler que les Palestinien.nes de Gaza sont sous un blocus illégal et condamné, mais sans effet, depuis 17 ans. Enfin, il faut aussi rappeler que depuis un an, le gouvernement israélien d’extrême droite ne négocie rien avec les Palestinien.nes. Il ne fait qu’utiliser la force, aveuglément, pensant ainsi les soumettre, et détourner l’attention des affaires de corruption dans lesquelles il est impliqué.
Depuis le début de l’année, les assassinats de Palestinien.nes se sont multipliés (plus de 230, un chiffre largement supérieur à celui des 10 dernières années), de même que les expulsions relevant du nettoyage ethnique, les incarcérations, notamment sans procès, y compris d’un nombre d’enfants sans précédent, et la rétention des corps de Palestiniens assassinés. Ces pratiques étatiques s’accompagnent d’un chèque en blanc donné aux colons israéliens qui, eux aussi, attaquent des villages palestiniens de Cisjordanie dans de véritables pogroms, mais aussi des sites religieux musulmans et chrétiens, causant des morts et des destructions, encouragés par des ministres d’extrême droite.
Contrairement à ce qu’espéraient ces pyromanes, l’humiliation quotidienne des Palestinien.nes ne leur a pas fait baisser la tête. Au contraire, elle a alimenté leur colère, et les a poussés à reprendre les armes, une tactique qui avait pourtant été abandonnée pendant des années. Ce tournant a débuté par le retour de groupes armés en Cisjordanie en 2022, et on voit maintenant la résistance palestinienne à Gaza infliger à l’armée et au gouvernement israéliens la pire débâcle de son histoire.
Il n’y a pas de guerre propre, nous condamnons tous les crimes de guerre, et nous savons qu’une telle attaque va malheureusement causer des centaines de victimes civiles israéliennes, alors que des civils et des militaires israéliens seraient déjà détenus à Gaza. Nous savons aussi que le gouvernement israélien ne connaît pour l’instant pas d’autre stratégie que de répondre par des bombardements et causer d’autres pertes humaines, palestiniennes, qui se comptent aussi déjà par centaines. Il est également possible que des forces armées de pays voisins interviennent, risquant ainsi de mettre toute la région à feu et à sang.
N’oublions pas que les pertes civiles n’ont qu’un seul responsable : la colonisation israélienne et la violence qu’elle produit. C’est donc là que la communauté internationale doit agir et faire pression sur l’État israélien pour qu’il change enfin de logiciel et cesse d’ajouter des morts aux morts. En plus des arguments humanitaires, la journée d’hier devrait achever de convaincre que la stratégie d’Israël, depuis 70 ans, ne fonctionne pas. Les Palestinien.nes se battront tant qu’ils subiront l’injustice. C’est donc aussi par pragmatisme qu’Israël doit chercher une solution pérenne et prendre la voie du droit international : lever le blocus sur Gaza, évacuer les territoires occupés, laisser les réfugié.es retourner chez elles et eux, et mettre fin à la situation d’apartheid en accordant la pleine égalité à tou.tes ses habitant.es. Sans ces mesures de bon sens, la succession de massacres ne va faire que continuer.
Si nos gouvernements se refusent à de telles pressions, c’est à nous de faire pression sur eux, pour leur faire entendre raison, et exiger la fin de l’impunité pour Israël. Il est encore temps d’éviter un bain de sang, et les populations du monde entier doivent faire pression sur leurs gouvernements pour qu’ils fassent cesser l’opération militaire entreprise par le gouvernement de Netanyahou humilié par le Hamas, et le ramène à la table des négociations. C’est ainsi que le tournant actuel pourrait débloquer la situation et déboucher, enfin, sur une paix juste en Palestine.
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