Le 8 décembre 2020, neuf personnes de différentes villes en France sont perquisitionnées et placées en garde à vue dans le cadre d’une instruction antiterroriste. 96 heures d’interrogatoire à Levallois-Perret plus tard, cinq d’entre elles.eux sont incarcéré.e.s, deux sous contrôle judiciaire et deux libéré.e.s sans charge.
Les moyens déployés sont démentiels : des heures d’écoute, la sonorisation de plusieurs lieux privés, dont des jardins, des balisages GPS sur des véhicules, des filatures…
« Ultra gauche : un attentat anti-police déjoué ? » titrait BFMTV après les arrestations, un discours médiatico-policier repris récemment par G.Darmanin alors même que certain.es des arrêté.e.s ne se sont jamais rencontré.es, et qu’aucun projet précis n’a pu être identifié.
Une chose est sûre, la DGSI tente une fois de plus de faire entrer coûte que coûte la réalité dans le cadre de son récit pré-écrit, en insistant sur une figure de « leader » récemment rentré du Rojava où il est allé rejoindre les forces Kurdes contre Daesh et les régimes d’Assad et d’Erdogan. La manipulation des données extraites des appareils saisis lors des perquisitions ainsi que des éléments récupérés pendant les diverses surveillances servent à construire de manière grossière des personnages caricaturaux, archétypes de terroristes en puissance.
Les détenu.e.s sont écroué.e.s sous le statut de DPS (Détenu.e Particulièrement Signalé.e) qui impose un régime de détention particulièrement cruel. L’un d’entre eux, Libre Flot, est même placé à l’isolement. Il y restera jusqu’en avril 2023, au terme d’une grève de la faim de 37 jours entamée pour mettre en lumière « l’acharnement carcéral qu’il subissait, s’apparentant à de la torture blanche, ainsi que pour dénoncer la criminalisation de l’Etat français envers lui et les autres militants qui ont combattu Daesh auprès des forces kurdes au Rojava, les YPG ».
Aujourd’hui, tout le monde est sorti de prison mais certain.e.s sont encore sous contrôle judiciaire. Leur procès s’ouvrira au début du mois d’octobre 2023.
Cette affaire est un cliché de l’antiterrorisme, aux moyens illimités, aux ambitions délirantes mais qui peinent, encore et toujours, à construire un dossier à peu près cohérent. C’est aussi le symbole d’une nouvelle justice prédictive, qui entend sanctionner des « intentions », et de la criminalisation toujours plus importante des militant.e.s politiques.
Soirée de soutien aux inculpé.e.s donc et, tout autant, contre la machine anti-terroriste !
On y parlera de comment l’antiterrorisme se sert de l’usage d’outils de chiffrement pour dresser le portrait de geek – terroristes, de ce que ça fait sensiblement de se retrouver broyé par cette machine, et de la nécessité de résister collectivement à ces attaques.
Pour plus d’informations :
https://soutien812.blackblogs.org/
https://soutienauxinculpeesdu8decembre.noblogs.org
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