Qui sont les ComméRages ?
"Nous, c’est ComméRages, un collectif écoféministe, anarchiste & antispéciste en mixité choisie de genre, en lutte contre le capitalisme, le patriarcat et le spécisme qui ravagent tout autour de nous. Ces systèmes d’oppression de classe, de race, de genre & d’espèce s’entretiennent et se renforcent. Nous avons choisi de les affronter de concert. Nous habitons pour l’instant l’Île-de-France, où nous nous organisons. Il est possible de nous croiser au cours de manifs féministes, de projections dans des lieux collectifs à Montreuil et en banlieues, dans des espaces d’action, dans le campement de Zaclay ou dans les jardins d’Aubervilliers : ces terres en lutte contre le Grand Paris et les Jeux Olympiques."
Vous avez dit écoféministe ?
"Nous désirons nous ré-approprier (“reclaim”) l’écoféminisme trop souvent réduit à une lubie de blanches, à un courant universitaire, à une pratique de hippie apolitique ou essentialiste. Pour nous, l’écoféminisme est avant tout une pratique de lutte, à inventer ou à retrouver, qui nous vient d’un héritage révolutionnaire. L’écoféminisme résonne avec les luttes antinucléaires de Bretagne et d’ailleurs, avec les grèves de femmes qui s’opposent à l’invisibilisation de leur travail domestique, avec les combats des femmes contre la (néo)colonisation de leurs territoires, et, dans un passé plus lointain, avec les résistances des femmes dès le Moyen Âge contre l’appropriation des communaux, à l’origine de l’expansion du capitalisme.
Dès lors, par écoféminisme, nous entendons avant tout un ensemble de pratiques libertaires et anticapitalistes s’opposant à l’appropriation conjointe de la terre et des corps et aux rapports de pouvoir qui corrompent les milieux vivants. C’est une culture politique qui met au centre la question de la communauté, de nos modes de subsistance et de nos dépendances."
Ciné-débat à l’île égalité sur la lutte antinucléaire de Greenham Common
"On a carrément fait un petit film documentaire sur la lutte de Greenham Common. Quelques éléments de réflexions…
Le Camp de femmes pour la paix à Greenham Common est un campement de protestation pacifiste contre l’installation de missiles nucléaires sur la base Royal Air Force de Greenham Common, dans le Berkshire. Le camp de femmes pour la paix a démarré en septembre 1981 et a duré dix-neuf ans, jusqu’à son démantèlement définitif en 2000.
Tout commence par 36 femmes qui entament une marche depuis Cardiff jusque Greenham pour manifester suite à la décision de l’OTAN d’autoriser le stockage de missiles dans des bases militaires. Certaines d’entre elles s’enchainent aux barrières de la base Royal Air Force, première base désignée par l’OTAN pour accueillir plus d’une centaine de missiles.
« À leur arrivée à la base militaire, certaines des manifestantes s’enchaînent à la clôture. Les manifestantes de Greenham, (…), réclament un débat public télévisé avec le ministère de la Défense […]. Leur demande ayant été rejetée, elles refusent de partir. Un camp voit rapidement le jour à mesure qu’affluent sympathisant.e.s et provisions » Rapidement il est décidé que le camp sera non-mixte. Lorsque des hommes sont invités au camp dans le cadre d’actions et d’événements, il leur est spécifiquement demandé de participer aux crèches pour les enfants, à la cuisine et à d’autres formes d’assistance traditionnellement dévolues aux femmes.
Les campeuses de Greenham Common, quant à elles, situent d’emblée leur mouvement dans une dimension internationale, en établissant des contacts et en multipliant les échanges avec d’autres protestations féministes antinucléaires et antimilitaristes dans le monde : Pine Gap en Australie, base OTAN de Comiso en Sicile, rescapés des bombardements d’Hiroshima et Nagasaki au Japon, association Women for a Nuclear Free and Independant Pacific, Femmes pour un Pacifique libre, indépendant et dénucléarisé.
Bien que les missiles nucléaires aient quitté la base en 1991, conformément au Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire signé à Washington par Mikhaïl Gorbatchev et Ronald Reagan en décembre 1987, le camp reste actif jusqu’en 2000. La base ferme en 97 pour devenir un parc, les manifestantes restent jusqu’en 2000 pour s’assurer de la restitution du lieu. “elles ne lâcheront pas les terres, disent-elles, tant que celles-ci ne seront pas réaffectées à un usage solidaire.”
pendant les années 90, elles insistent pour que les terres de greenham confisquées par l’État en 1951, repassent sous l’ancienne loi des biens communs. c’est le cas : les terres sont rendues à la population de newbury, elles ont réussi à déprendre ces terres de la machine de guerre.
Lorsque le nombre de femmes vivant à Greenham ou y transitant atteint un certain seuil, la base est divisée en plusieurs camps installés devant les points d’accès à la base militaire. Chaque camp, nommé d’après une couleur de l’arc-en-ciel, a sa propre personnalité. Le bleu attire plutôt des jeunes punks, tandis que le vert, niché au cœur des bois, héberge les femmes aux pratiques plus spirituelles. Le camp principal, le jaune, accueille celles qui se plaisent à souhaiter la bienvenue aux nouvelles participantes et se chargent des relations avec les médias. Les hommes et les « manifestants du dimanche », curieux de voir à quoi tout cela rime, y sont autorisés. Les femmes qui vivent dans ce camp, et celles qui composent les réseaux de soutien chargés de la logistique, s’efforcent d’atténuer les dissensions entre les organisatrices et les participantes. Les tâches opérationnelles comme la cuisine, le nettoyage ou le creusement de « fosses-latrines » sont exécutées par des bénévoles.
Vivre dans un camp de protestation implique aussi de vivre quasi constamment en présence des forces de sécurité. Des soldats maintiennent l’ordre depuis la base, la police locale intervient sur le site et des huissiers de justice se rendent régulièrement sur place pour ordonner des expulsions du camp. C’est parfois le cas, de nombreuses fois par jour, au cours des hivers 1984 et 1985, notamment quand la météo est mauvaise. Des écrits, des provisions et du matériel sont parfois confisqués ou perdus à cause du désordre. Étant donné que les expulsions deviennent monnaie courante, les femmes se préparent en conséquence. Elles conçoivent des meubles mobiles qu’elles peuvent rapidement déplacer, en sciant les roues de caddies pour les fixer sur les meubles et en faire des cuisines et des postes médias mobiles."
Après la projection suivra un temps d’échange autour du film et de la place majeure des femmes lors de ce combat qui a pris bien des formes, virulentes, festives et très inspirantes !
Ca sera également l’occasion de découvrir les chants de la lutte.
Venez nombreux.ses le 3 octobre à 19h à l’Île Égalité !
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