De façon très incomplète.
D’abord c’est l’héritage de la génération de nos parents avec Hara-kiri, soixante-huitard avant l’heure. Très anti-consumériste. Pour nous, c’est le cadeau de nos parents.
Puis, c’est anecdotique, mais c’est Récré A2 avec Cabu.
Cabu et son grand duduche toujours anti *-phobes notamment anti-homophobie, qui nous a permis à beaucoup de ne pas avoir honte de ne pas aimer ni le sport, ni les militaires, ni les fachos… Toutes ces choses aujourd’hui beaucoup plus en vogue…
Puis, le Charlie Hebdo de 92, un magazine libertaire satirique. C’est cette tradition perdue de l’humour chez les anars. Une aide incroyable et précieuse pendant les années Pasqua alors que, ministre de l’Intérieur, il donnait quasi publiquement un permis de tuer aux forces de l’ordre (qui ont bien su l’utiliser).
Heureusement que Charlie était là pendant ces années très tendues.
Dans la chanson « Un jour en France » de Noir désir contre le fascisme, y’avait les paroles "Charlie défends-moi !!!"
Le journal avait en 1996 avait lancé une pétition pour interdire le Front National. C’était vain, mais c’était une tentative de réagir. C’était une référence antifasciste. On se rappelle aussi des mobilisations pour les sans-papiers, au moment des G8, contre les OGM, aux côtés de la Confédération Paysanne. Le canard anticonformiste, antiraciste, antimasculiniste (je n’irai pas jusqu’à féministe), anticapitaliste, anti-impérialiste, antigouvernements, anti-nationaliste, etc. … Anti-* plein de choses… Le sourire et l’insolence étaient de notre côté.
Jusqu’au tournant autoritaire et opportuniste de Val (qui est allé au Medef avant Valls), post-11 septembre, ce journal était en grande partie blasphématoire, anticlérical et athée militant, mais pas islamophobe de comptoir et sexiste [1].
Sans ce journal, le mouvement libertaire ne serait pas ce qu’il est : de nombreuses personnes l’ont connu grâce à Charlie Hebdo. Combien de personnes, sur Lyon, ont connu la librairie La Gryffe par exemple grâce aux rendez-vous systématiquement relayés par Charlie Hebdo dans les années 90. Ou dans les autres villes, d’autres lieux peu connus, qui devenaient soudain accessibles. Cette relation très proche avec ce journal pendant notre enfance et adolescence a participé de manière décisive à notre politisation.
Mais aussi c’étaient de très bons artistes irremplaçables dans cette lignée libertaire, c’était les Brassens du dessin satirique.
Enfin ils doivent se retourner dans leurs tombes quand ils entendent les personnes qui les soutiennent aujourd’hui. Eux qui détestaient les commémorations nationales. Mais ils doivent se marrer de savoir que leurs tueurs ont laissé leur carte d’identité dans la voiture.
Cette unité nationale, c’est les tuer une deuxième fois.
Des anars trentenaires.
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