Nous condamnons les assassinats perpétrés le 7 janvier dans les locaux de Charlie Hebdo. Rien ne permet de justifier ce crime fasciste.

Il en est de même pour la prise d’otage et les assassinats antisémites qui ont lieu dans une épicerie kasher le vendredi 10 janvier.

Nous condamnons également les attaques fascistes ciblant des lieux de cultes musulmans ainsi que des personnes musulmanes ou désignées comme telles.
(voir lien suivant sur le site de Paris Luttes Infos : http://paris-luttes.info/deferlante-raciste-et-islamophobe-2397).

Ces attentats s’inscrivent dans la montée générale du fascisme, qu’il s’avance derrière le mot d’ordre de la « défense de la nation », d’une « civilisation » essentialisée [1] , ou de la religion quelle qu’elle soit. Ainsi, leurs auteurs respectifs se rejoignent sur le plan idéologique, chacunE essayant de mobiliser une clientèle pour leur fonds de commerce : celui du mythe essentialiste du « choc des civilisations », et ses conséquences sanglantes pour les classes populaires.

Des attentats au service du système raciste

Si, sous couvert d’humour, Charlie Hebdo a reproduit des stéréotypes racistes et participé à la stigmatisation de la minorité musulmane, tout en se défendant de toute intention raciste, ce constat ne devrait pas nous éloigner de l’essentiel : prendre pour cible un journal identifié/catalogué comme "de gauche", c’est vouloir développer l’islamophobie à gauche et détruire les dernières solidarités antiracistes qui existent avec la minorité nationale musulmane. Et ainsi ouvrir la voie à une nouvelle déferlante raciste, dont les attentats islamophobes récents sont les premières étapes.
Sur le plan international, c’est aussi vouloir faire taire toute critique de l’idéologie religieuse au nom du « blasphème », dans une stratégie d’intimidation et d’assassinat de journalistes par les takfiris [2] comme en Tunisie et en Turquie.

L’attentat antisémite, quant à lui, s’inscrit dans une vision raciste du monde portée par l’idéologie takfiri, mais aussi dans la longue histoire de l’antisémitisme européen diffusé par le pouvoir colonial dans la zone coloniale française, dans la logique du « diviser pour mieux régner », opposant juifs et musulmans pour préserver son pouvoir.
(voir le communiqué fédéral de la CGA sur le sujet : www.c-g-a.org/content/contre-lantisemitisme-autodefense-antifasciste-et-luttes-populaires).

L’objectif de ces actes en Europe, c’est aussi, en déclenchant une vague islamophobe, de pousser la minorité musulmane dans les bras du fascisme religieux se présentant comme son protecteur, alors qu’il joue au contraire sa partition dans le renforcement du système raciste.
Dans les pays à majorité musulmane, cela permet de se présenter comme opposants à l’impérialisme, alors que les takfiris ont été ses supplétifs locaux dans la répression du mouvement ouvrier et que la majorité de leurs victimes sont des musulmanEs.

Les convergences des courants fascistes

Les fascistes de tendance nationaliste, quant à eux, participent à la même dynamique : se présenter comme les protecteurs de « la nation », de « l’occident blanc et chrétien » en surfant sur la vague des attentats et en multipliant de leur côté les attaques islamophobes pour accentuer la fracture entre musulmanEs et non musulmanEs, et partir ainsi à l’assaut du pouvoir. En apparence opposés, c’est le même projet politique que défendent ces deux courants du fascisme : racisme, sexisme, homophobie, lesbophobie, transphobie, répression anti-ouvrière, guerre du « touTEs contre touTEs », soumission à l’ordre dominant.

Les fascistes religieux takfiris, tout comme les nationalistes français ou européens, veulent ainsi sommer chacunE de choisir entre deux versions concurrentes mais convergentes du fascisme.

Cette montée du fascisme sous ses différentes formes est du pain béni pour la bourgeoisie, puisqu’elle remplace l’affrontement de classe, la remise en cause du système capitaliste, impérialiste, raciste et patriarcal, par la guerre du « touTEs contre touTEs ».

L’impasse de l’union sacrée

L’État, quant à lui et comme la quasi totalité des formations politiques bourgeoises, nous enjoint à l’union nationale : le « peuple » est censé s’unir main dans la main, exploitéEs comme exploiteurs, oppriméEs comme oppresseurs, contre l’ennemi commun, sur le mode du choc des civilisations. Il est aussi probable que de nouvelles mesures sécuritaires soient prises au nom de la lutte contre le terrorisme, profitant du choc émotionnel pour restreindre une fois de plus nos libertés et accroître la répression de toute contestation populaire.

Pour une alternative : l’unité populaire !

Face à tout cela, refusons d’être prisEs en tenaille entre l’élan patriotique d’un côté et les fascistes de l’autre, qu’ils soient nationalistes ou religieux, qu’ils cherchent à recruter dans la majorité nationale ou les minorités nationales. Refusons les deux faces de la même médaille : le nationalisme et son projet impérialiste et raciste, ou le fascisme religieux. Et développons la solidarité populaire antiraciste et la lutte contre nos exploiteurs, dans le cadre du mouvement ouvrier révolutionnaire international.

Prenons exemple sur la résistance kurde de Kobanê, mais aussi sur des révolutionnaires, en Syrie ou ailleurs, qui ont montré la voie pour briser ce cercle vicieux, en luttant à la fois contre l’impérialisme et les fascistes religieux.