Bien que le communiqué issu du sommet extraordinaire de la CEDEAO du 10 août donne encore une chance aux négociations, les préparatifs d’une intervention armée de pays membres vont bon train. Impossible de savoir si celle-ci aura lieu, ni quand exactement, mais la France a d’ores et déjà fait savoir qu’elle apportait son soutien. Celui-ci pourrait être très concret, puisque le contingent français positionné au Niger est en position stratégique de contrôler très rapidement l’aéroport de Niamey : un atout non négligeable pour une importante intervention au sol. Le maintien de ses soldats au Niger risque donc de placer la France dans une position de co-belligérante directe. Cela entérinerait son ingérence dans la crise en cours, déjà marquée par les postures martiales et les déclarations belliqueuses d’Emmanuel Macron et sa ministre Catherine Colonna.
Depuis les premières heures du putsch, la France a en effet manifesté son exaspération et contribué ainsi à envenimer la situation, renforçant notamment le soutien d’une partie de la population à l’égard des militaires putschistes : condamnation immédiate le 26 juillet alors que la prudence imposait un silence diplomatique, menaces de l’Élysée le 30 juillet en cas d’« attaque contre la France et ses intérêts », évacuation des ressortissants français le 1er août (donc bien avant la fin de l’ultimatum de la CEDEAO) pour préparer les esprits à une intervention armée, suspension le 6 août de l’aide financière au Burkina Faso coupable de soutenir les putschistes nigériens, affirmation le soir même du sommet de la CEDEAO du 10 août du « plein soutien à l’ensemble des conclusions » donc à l’option militaire… Or, tous les commentateurs, a fortiori des officiers français en retraite comme ceux qui contribuent à accentuer les bruits de botte, savent qu’une intervention armée de la CEDEAO ne pourrait se faire qu’avec l’appui matériel de l’armée française.
Guerre vertueuse
Difficilement contestable, un motif de « défense de la démocratie » est mis en avant, martelé à chaque intervention politique et largement repris dans les médias. Le président renversé ayant refusé de démissionner face aux putschistes (contrairement à ses ex-homologues au Mali, en Guinée et au Burkina Faso), il conserve selon certaines interprétations juridiques sa légitimité - en dépit d’ailleurs des conditions catastrophiques de sa propre arrivée à la tête du pays et de l’exercice de son pouvoir [6]. En 2011 et 2013, le même unanimisme était de mise concernant l’intervention en Côte d’Ivoire, l’attaque de la Libye et la guerre au Mali, en se prévalant là encore d’objectifs vertueux. La « protection des populations » sema le chaos en Libye puis permit d’imposer en Côte d’Ivoire Alassane Ouattara, présenté alors comme ...
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