Dans le processus de soumission des pays du tiers-monde aux intérêts des grandes puissances, il n’est plus besoin de démontrer l’importance du rôle de chefs d’État autoritaires pour accepter le diktat de nos transnationales et Institutions financières internationales, sans aucun souci de faire évoluer le bien public de leur pays (infrastructures de santé, d’éducation, de sécurité des populations, de justice, de lutte contre la sous-nutrition, de protection de l’environnement, etc.).
Nous avons tous en mémoire la vague d’indignation provoquée par les paroles de Jacques Chirac après le décès de Gnassingbé Eyadéma, le dictateur sans pitié qui a fait le désastre du Togo : « avec lui disparaît un ami de la France qui était pour moi un ami personnel ». Pourtant, cette déclaration d’amitié n’est rien que banale à l’égard de dictateurs d’Afrique francophone de la part, non seulement du président français, mais aussi d’un certain nombre de ministres et anciens ministres. Ce qui était nouveau, c’est l’expression d’une indignation dans les médias français, venant des éditorialistes et leaders d’opinion. Nous avons un temps espéré qu’il s’agissait d’un tournant dans le traitement journalistique des amitiés personnelles de notre monde politique avec des régimes claniques. Il n’en a rien été.
En février 2007, notre président va réunir à Cannes des chefs d’État d’Afrique, y compris son club de dictateurs francophones, pour un nouveau sommet Afrique-France. Nous sommes habitués à des couvertures médiatiques de ces sommets annuels allant de la déférence au détachement amusé, où ne perce pas l’expression du scandale que cela constitue (même si des reportages font écho aux contre-sommets initiés par Survie).
Ces sommets France-Afrique (rebaptisés récemment Afrique-France pour éviter le sobriquet « France-à-fric ») ne sont pourtant que la partie visible du réseau Françafricain dont on dit qu’il a disparu depuis la chute du mur de Berlin, mais qui est encore bien actif même s’il a pris de multiples formes.
Notre objectif est d’ancrer dans la perception des Français que de telles relations sont inacceptables : elles servent des politiques bilatérales basées sur la corruption, les ventes d’armes et la coopération militaire, la préemption de l’ouverture des marchés imposée notamment par les Plans d’ajustement structurels et des arrangements avec l’endettement. Autant d’ingrédients qui prolongent la misère et génèrent des conflits.
L’association Survie organise en février la campagne nationale « Moi(s) contre la Françafrique ». Des manifestations et conférences seront organisées partout en France pour protester contre ce sommet et proposer des formes de relations Nord-Sud plus saines.
Nous vous invitons à vous joindre à nous pour manifester à Lyon contre le Sommet Afrique-France de Cannes :
samedi 10 février 2006 à partir de 14h30
Départ Quai Claude Bernard (face à la Fac Lyon3), hôtel de ville, et arrivée symbolique place de la Bourse.
Cette manifestation à l’initiative de Survie a pour but d’interpeller les lyonnais sur le soutien de la France aux dictateurs :
qui terrorisent et ruinent leur peuple, qui accule leur jeunesse à fuir leur pays,
que l’on maintient au pouvoir par des élections truquées et par une aide militaire, jusqu’à envoyer nos armées bombarder les mouvements de rébellion (aujourd’hui en Centrafrique, au Tchad, etc.)
pour laisser les transnationales piller pétrole, uranium, bois, coton, cacao, services publics, etc...
en imposant pour cela les volontés de la Banque mondiale et du FMI, et grâce au chantage de la dette.
« La Françafrique expliquée aux électeurs »
SURVIE-Rhône organise
lundi 12 février – 20h30
à la maison des passages
(44 rue St Georges Lyon 5e)
une conférence-débat : « La Françafrique expliquée aux électeurs »
avec Pierre Caminade, Survie, directeur de rédaction de Billets d’Afrique et d’ailleurs
Elf, Angolagate : quelle “guerre de réseaux” a amené ces affaires devant la justice et dans les médias ?
En quoi ces affaires révèlent-elles la véritable nature de la politique africaine de la France ?
Soutien des élections truquées, interventions militaires au Tchad, en Centrafrique, en Côte d’Ivoire : la France favorise-t-elle le développement et la liberté des peuples, ou ne fait elle que la fortune de certains réseaux ?
Quelles perspectives ? Comment agir ?
Après les élections, le prochain pouvoir arrêtera-t-il la Françafrique ?
Entrée gratuite
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