[ce texte est un condensé de la séance de présentation proposée par des membres du FAR le 28/01, dans le cadre de l’Université Solidaire]
L’association OSER gère, à Bourg-en-Bresse, un Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale (le FAR) et un hôtel social rebaptisé « le Temps des Cerises ». Ces établissements accueillent des Rmistes, des salariéEs pauvres, des précaires, des SDF, des femmes victimes de violences, des demandeur/euses d’asile, des sans papiers, des personnes sortant de prison ou de l’hôpital...
Lors de la création de l’association, en 1976, l’équipe du « Foyer Accueil Réinsertion » choisit l’autogestion comme principe de fonctionnement : absence de hiérarchie, partage des salaires, responsabilité collective. En plus de limiter l’aliénation liée au salariat, les expériences autogestionnaires des années 70 étaient sensées préparer la Révolution... Bon, en fait il s’est avéré que c’était pas pour tout de suite : l’originalité du FAR réside moins alors dans sa genèse, au cours de la parenthèse enchantée post 1968, que dans la durée de l’expérience qui se poursuit aujourd’hui. Dans son fonctionnement actuel, les tâches tournent systématiquement et sont réparties en réunion d’équipe (ménage, accompagnement des résidentEs, veille de nuit, suivi administratif) ; en vue de limiter au maximum les rapports hiérarchiques et les effets de spécialisation, les responsabilités comme les salaires sont partagés (ils oscillent entre 1 900 et 1 450 euros).
Le choix de l’autogestion a de multiples implications dans la manière d’appréhender les relations de travail mais influence également les pratiques professionnelles mises en œuvre dans l’accompagnement des personnes. Même si tout travail social implique pour une part du contrôle social, les pratiques mises en place au FAR doivent permettre le plus possible d’éviter la normalisation des résidentEs : l’accent est mis surtout sur la vie au sein du foyer (on ne demande pas ce que les personnes ont fait avant ou ce qu’elles s’engagent à faire après) Grâce à la rotation des tâches, les salariéEs assurent une présence qui casse un peu la relation asymétrique du travail social (« après une nuit tout le monde a une sale gueule et on partage l’intimité au petit déjeuner ») et l’équipe fait en sorte également de ne pas (trop) participer au flicage généralisé, qui veut par exemple qu’on signale la présence de « personnes en difficulté » aux assistantes sociales de secteur.
Régulièrement, l’activité des membres du FAR se déplace sur le terrain politique : lorsque le centre a été attaqué au niveau de son financement par l’autorité de tutelle (préfecture, DASS), la mobilisation de l’équipe et des résidentEs a toujours permis d’éviter les suppressions de poste ; plusieurs réquisitions ont également été organisées et mises en œuvre directement en vue d’héberger nombre de mal logéEs, en particulier 150 demandeurs et demandeuses d’asile. Avec ce genre de pratiques, évidemment, le FAR se retrouve régulièrement en bisbille avec la préfecture, qui n’a pas hésité à bloquer illégalement une subvention destinée au « Temps des Cerises » et à refuser l’agrément qui aurait permis au centre de continuer à domicilier des demandeur/euses d’asile [1]... Faut dire que pour le préfet de l’Ain, « accueil généraliste » ça veut dire « tout le monde sauf les étrangers » : la seule association agréée est ainsi une création de toute pièce, à tendance milloniste, et qui a pour principale fonction de décourager les demandes d’asile en proposant les pires conditions d’accueil possibles...
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