Encore un de ces pseudo-analystes, « expert » autoproclamé qui crache son venin populiste en quelques lignes où les idées reçues et les préjugés servent d’arguments. Je cite Monsieur Ivan Rioufol, « journaliste » au Figaro.
Notre brave homme publie dans l’édition du Figaro du 4 novembre 2005 un article qui prétend faire des « révélations » et qui, au lieu de ça, fait encore le jeu du sensationnel, le titre parle de lui-même : « Cités : les non-dits d’une rébellion ».
( par souci de transparence, vous trouverez cet article en bas de page )
Fidèle au Pouvoir et se cachant dérrière le titre de journaliste, Monsieur Rioufol se fait le relais d’un discours ultra-réactionnaire et sécuritaire et collabore à la stratégie de la tension développée par Nicolas Sarkozy.
L’article commence fort : « Oui, les émeutes en région parisienne ont des airs de guérillas palestiniennes. » puis « Pourquoi feindre d’ignorer ces débuts d’intifada ? ». Passez-moi l’expression, mais c’est fou ce que les gens qui se croient instruits éprouvent le besoin de dire des conneries ! C’est vrai, je suis ouvert à toutes les analyses pour essayer de comprendre les émeutes aujourd’hui en banlieue, mais franchement, je ne vois pas vraiment le rapport avec l’action politique palestinienne. Et comme, visiblement Monsieur Rioufol n’a pas souhaité développer un peu plus précisement le fond de sa pensée, j’en déduis que c’est un pur amalgame qui a pour but avéré d’ouvrir la porte à la stigmatisation. La stratégie est simple : on crée de la confusion en associant ensemble des choses qui n’ont rien à voir, ce qui permet ensuite de mettre au même niveau : (dans l’ordre) « jeunes de banlieues », « Palestine », « Hamas », « Islamistes » et « Terroristes ».
C’est déjà ça la stigmatisation des populations de banlieues, et c’est là que commence véritablement la violence, c’est exactement ce genre de propos qui fait monter la tension d’un cran.
Monsieur Rioufol, comme tant d’autres « sociologues » de bas niveau, parle de « refus de s’intégrer ». On connaît la chanson, le discours est creux, tout ne devient qu’une question d’« intégration », et surtout de « refus de s’intégrer ».
Ce qui est sûr, c’est que la République française, et particulièrement le gouvernement actuel, n’ont pas intégré que la solution n’est pas dans la surenchère de la violence et la répression. Et ceci malgré les mises en garde à répetition d’un certain nombre d’élus, de médiateurs, et des populations elles-mêmes.
Alors bien sur, Monsieur Rioufol va me classer moi et mes arguments, dans le tiroir de la « pensée automatique ». ( « Cette violence n’est pas uniquement le produit de la société, comme le récite la pensée automatique »). C’est lui qui parle de « pensée automatique » alors que c’est lui-même qui tient avec d’autres le même discours sécuritaire depuis des années dans les pages d’un média très largement dominant et si peu pluraliste.
Très naturellement, on trouve aussi dans les notes de Monsieur Rioufol le traditionnel message de soutien à Nicolas Sarkozy, histoire de remettre l’insécurité sur la plateau avant 2007 : « Ils qualifient d’ »incendiaire« le ministre de l’Intérieur parce qu’il veut ramener l’ordre républicain ». Mais qu’est-ce qu’ils ont tous à invoquer la sacro-sainte république dès qu’il se passe quelque chose dans les banlieues ?!!
Est-ce à moi de rappeler à tous ces courageux conservateurs l’article 1 de la constitution de cette république dont ils se réclament ?!
Bien, alors voila : « Constitution de la V° République, Art. premier : La France est une république indivisible, laïque, démocratique, sociale et décentralisée. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinctions d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances ».
Et qu’est-ce qu’on observe dans les faits ? Les jeunes d’origine africaine ou maghrébine sont systématiquement visés par les contrôles de police, discriminations à l’embauche, politiques de ghetto, et tirs de lacrymo DANS une mosquée, et non pas à « proximité » comme le prétend Monsieur Rioufol...
Monsieur Rioufol jugera sûrement que mon discours tient de la « dialectique victimaire », alors que lui-même cherche à cacher l’évidente incompétence de la « République » à mener une politique sociale de fond, en plaçant cette noble « République » comme victime de la « barbarie » (selon ses propres termes) de quelques jeunes de banlieues.
Je cite : « En région parisienne, c’est l’idéologie islamiste qui cherche à tirer profit du chômage des cités et de leur bouillonnement ».
Finalement, les intentions de Monsieur Rioufol sont claires, il aura fallu une trentaine de lignes de pseudo-analyses de la société, de la France, de la République, etc. pour qu’enfin les véritables conclusions se dessinent sous la forme d’un amalgame clairement raciste.
Je ne suis pas de ceux qui aiment pratiquer la langue de bois, alors je mettrai les mots justes sur les choses : quand on associe ainsi les populations de banlieues et l’idéologie islamiste, c’est du Racisme ! Il faut le dire !
Pour finir, comme tout homme de Droite qui se respecte, Monsieur Rioufol ne pouvait terminer sa prose sans se plaindre de la grève à Marseille, et défendre au passage la « libéralisation de l’économie » sous couvert de « modernisme ». Il fallu aussi qu’il rappele son soutien à l’Eglise catholique et son homophobie latente en s’insurgeant contre « Pink TV ».
Je ne sais pas si j’aurai un jour l’honneur d’être lu par ce Monsieur Rioufol, mais si c’était le cas, je voudrais lui dire que cette fois là, il a vraiment perdu une bonne occasion de se taire, qu’il devrait poser son stylo, sortir un peu de la rédaction du Figaro pour prendre l’air et aller voir ce que c’est vraiment, le quotidien d’un maghrébin en France, à 20 ans.
Et aussi que c’est ce genre de propos qui déclenchent des émeutes, et que ces émeutes peuvent bien devenir une insurrection, et que cette insurrection le débordera, et par la gauche s’il vous plaît !
Joseph Paris.
http://www.josephparis.c.la
Cités : les non-dits d’une rébellion
Le figaro du 4 novembre 2005 par Ivan Rioufol
Cela ne vous rappelle rien ? Oui, les émeutes en région parisienne ont des airs de guérillas palestiniennes. A Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), d’où est partie la rébellion jeudi dernier, un camion de CRS a été visé par balles. A La Courneuve, des policiers ont essuyé des tirs. Nombre d’entre eux ont été blessés par des jets de marteaux et de cocktails Molotov. Des postes de police, des écoles, des commerces ont été pris d’assaut. Des voitures ont été incendiées. Pourquoi feindre d’ignorer ces débuts d’intifada ? Quand le ministre de la Promotion de l’égalité, Azouz Begag, déplore « des discriminations dont sont victimes les jeunes de banlieues », il évoque une réalité partielle. Certes, ces insurrections révèlent des frustrations, que trente ans de subventions publiques n’ont su tempérer. Mais les manifestations dévoilent aussi, plus gravement, le refus de certains de s’intégrer. Or, la « non-stigmatisation des quartiers » rend le sujet inabordable.
Cette violence n’est pas uniquement le produit de la société, comme le récite la pensée automatique. Les immigrations asiatique, mais aussi européenne ou « pied-noir » naguère, ont également rencontré pauvreté et marginalisation, sans poser ces problèmes. Aujourd’hui, des territoires perdus de la République des sinent leurs contours, sous les encouragements des Amis du Désastre. Ils qualifient d’« incen diaire » le ministre de l’Intérieur parce qu’il veut ramener l’ordre républicain.
Qu’a-t-on vu, ces jours-ci ? Une police obligée de se défendre d’avoir voulu pourchasser deux « jeunes » qui, fuyant un contrôle d’identité, se sont tués en pénétrant dans un transformateur EDF ; Nicolas Sarkozy mis en cause pour avoir dénoncé les « voyous » et la « racaille » ; une République accusée d’avoir profané une mosquée parce qu’un jet de gaz lacrymogène est tombé, dimanche, près d’un lieu de culte. La dialectique victimaire est à l’oeuvre.
Le gouvernement est devenu l’oppresseur. On le devine, à le voir isoler Sarkozy dans son rôle répressif, prêt à s’amender. Cette repentance serait louable si elle pouvait inciter les rebelles à rejoindre la communauté nationale. Mais c’est un État soumis qui risque d’apparaître aux yeux de ceux pour qui l’islam conquérant est devenu la référence. Lundi soir, ce sont des « frères » qui ont contribué au maintien de l’ordre à Clichy en criant « Allah Akbar ! ». Depuis, ils ont demandé, et obtenu, le retrait de la police.
Silence autour d’une barbarie
Mardi, les parents de Zyed et Bouna, les deux adolescents électrocutés, ont été reçus à leur demande par Dominique de Villepin. Mais qui s’est ému de la barbarie d’Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) ? Les belles âmes, scandalisées par « la bavure d’une gravité extrême » (Mrap) constituée par le tir d’une grenade lacrymogène à proximité de la mosquée Bilal, n’ont pas eu un mot pour dénoncer le lynchage d’un père de famille dans une cité.
Les faits : Jean-Claude Irvoas, 56 ans, employé dans une société de mobilier urbain, circule jeudi dernier dans un « quartier sensible » d’Epinay, en compagnie de sa femme et de sa fille. Voulant photographier un réverbère, il sort de son véhicule. Pris à partie par des voyous qui veulent lui voler son appareil, il est roué de coups durant 90 secondes (Le Figaro de mardi), sous les yeux de sa famille. Il meurt sans reprendre connaissance.
Plutôt que de faire la morale à son collègue Nicolas Sarkozy en lui rappelant la « susceptibilité » des « quartiers où l’on souffre », le sociologue Azouz Begag aurait pu commenter ce drame. Mais ni lui ni la gauche donneuse de leçons ne sont venus dénoncer ces comportements primitifs et racistes, qui s’en prennent à « l’étranger » de passage. L’indifférence des droits-de-l’hommistes devant cette régression confirme le parti pris de leurs indignations. Elles en deviennent méprisables.
Les deux défis
L’avenir de la France est à l’épreuve dans les banlieues, mais aussi à Marseille, bloquée depuis un mois par la grève de la Régie des transports. En fait, l’État est actuellement confronté aux deux grands défis qui engagent la modernisation du pays : l’intégration des cultures nouvelles et la libéralisation de l’économie. Deux tests qui, cependant, ne doivent pas faire oublier les réussites de nombreux jeunes issus de l’immigration maghrébine et la bonne gestion de certaines entreprises publiques.
A Marseille, c’est la France des salariés du secteur public, CGT en tête, qui défend ses privilèges au détriment des usagers. Les transports marseillais sont devenus le symbole d’une résistance à la remise en cause de l’archaïque « modèle français ». A travers ce conflit, ce sont aussi administrations et fonctionnaires qui entendent livrer bataille. S’ils gagnent, la réforme de l’État en pâtira.
En région parisienne, c’est l’idéologie islamiste qui cher che à tirer profit du chômage des cités et de leur bouillonnement. Un bras de fer est engagé avec l’État, alors même que les politiques et les médias se refusent à faire un lien entre ces tensions raciales et territoriales - qu’ils ne veulent voir qu’aux États-Unis - et une immigration massive et non désirée. Urgent d’ouvrir les yeux.
Halloween, KO
Il y a un an, l’Église catholique décidait de chasser le mercantile Halloween de la Toussaint, tandis que, dans le même temps, le Tout-Paris se pressait au lancement de Pink TV (bloc-notes du 20 octobre 2004). Depuis, les citrouilles ont disparu, et la chaîne gay est oubliée. Tout n’est donc pas désespérant.
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