Notre quartier est populaire et est composé en grande majorité d’une population précaire.
Ce quartier a toujours été le point de chute des personnes migrantes à travers les derniers siècles : portugais, italiens, asiatiques, maghrébins. Comme dans de nombreux quartiers, la vie quotidienne est faite de débrouilles, de système D mais aussi d’entraide et de solidarité. Comme tout quartier vivant et populaire il n’échappe pas à la violence de rue ou à la drogue pour oublier ou survivre à une vie difficile.
On voudrait nous faire croire que ces violences sont nouvelles et se servir de la prétendue responsabilité des nouvelles générations de migrants. Mais rappelons qu’au début du XXe siècle, la Guillotière était déjà surnommée » le triangle du crime « , et comme Azouz Begag le relate dans son livre « Place du pont ou la médina de Lyon », le trafic de cigarettes de contre façon existait déjà à cette époque.
Depuis plusieurs années, le quartier est dans le viseur des investisseurs et promoteurs en raison de sa situation géographique très intéressante pour les gentrifieurs en tout genre. Peu à peu cet archipel populaire dans le centre de Lyon tend à être remplacé par une population plus riche. Et ceci est notamment entrepris de manière non dissimulée par la mairie, qui souhaite expulser de nos rues les magasins de téléphonie (Taxi phone), Kebabs, bars à chicha pour les substituer par des magasins bio, galeries d’art et bars branchouilles.
Pour réaliser de tels projets, la stratégie est simple : une gestion policière coloniale. En effet, depuis quelques années, le quartier connait une occupation policière de plus en plus intense. Bien sûr, toute personne étant identifiée comme arabe, noire ou étrangère est contrôlée, humiliée et violentée par la police de manière systématique. Les formes de solidarité et d’organisation populaires comme le marché sauvage de la place du Pont sont interdites et réprimées. La précarité s’accentue lorsque l’Etat nation bloque tous les modes d’existence alternatifs. Dans un tel contexte, aucune vie paisible n’est possible.
C’est pour ces raisons que nous refusons d’accepter que notre quartier dans lequel nous et des milliers de personnes vivons, soit soumis à une occupation systématique qui produit sur nos vies quotidiennes une violence sociale inacceptable. C’est la misère, le racisme et la gestion policière qui détruit nos vies. Le reste n’est que la conséquence évidente d’une telle situation.
Dans ces conditions nous ne pouvons qu’être du côté de nos voisin-es, de nos ami-es de quartier qui se défendent face à cette violence de l’Etat. Nous ne partageons évidemment pas tous les intérêts des personnes qui composent notre quartier. Nous ne sommes pas dupes et nous ne fantasmons pas sur les individus présents à la Guillotière. Seulement, notre position politique est celle de choisir notre camp. Face à nos ennemis nous prenons part à celui des oubliés, des débrouillards et des énervés. Notre camp est celui de la révolution et le purisme n’a pas sa place dans le combat qui nous oppose à nos occupants : La police, l’Etat et les bourgeois.
L’occupation policière ne fait qu’accentuer un sentiment d’oppression dans le quartier. La surmédiatisation de façon dramatique des faits divers à la Guillotière ne fait qu’exciter l’extrême droite et donne aux policiers un sentiment d’impunité. Insultes, réflexions méprisantes, contrôles aux faciès sont devenus monnaie courante. Contrairement à ce que les médias et le gouvernement veulent nous faire croire, la bavure risque bien d’arriver. Nous devons être attentifs et attentives ces prochaines semaines face aux dérives sécuritaires.
Pour toutes ces raisons, nous participons à une Guillotière vivante, par le biais des centres sociaux occupés, des squats et des lieux alternatifs. Nous participons à une Guillotière solidaire par le biais de marchés rouges, de prévention et de soins. Enfin, nous souhaitons participer à une Guillotière révolutionnaire qui se défend, s’organise et se soulève face à l’Etat oppresseur. La Guillotière, quartier d’immigration, quartier populaire.
La GALE
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