« N’OUBLIE PAS LE 21 AVRIL 2002 »
Appel à l’organisation d’un
Forum Social des Banlieues
L’état d’urgence instauré cette semaine en France, impose un couvre-feu dans un certain nombre de villes, mesure qui n’avait pas été activée depuis 50 ans. Etat d’exception qui démontre que le colonialisme n’a jamais été assumé par l’état français. Le conflit nous concerne désormais tous. Les centaines de jeunes qui ont commencé par brûler quelques voitures, avant que le mouvement ne s’étende, avaient rendez-vous avec l’Histoire.
Aujourd’hui c’est l’ensemble de la population qui est en prise avec son passé colonial, sa gestion des villes, de ses habitants. La crise économique est grave, le système politique depuis le 21 avril 2002 est fracturé. L’information a traversé la planète bleue : la France est en flammes. Ce sont nos zones d’ombres qui sont éclairées violemment par le Gavroche banlieusard qui vit en chacun de nous. Nous sommes collectivement responsable de chacun d’entre nous, et collectivement responsable de ne pas laisser des déclarations fascisantes s’installer.
Le communiqué du 5 Novembre, qui a été diffusé par des centaines de personnes dans de nombreuses villes françaises a exprimé l’importance d’être créatif face au gouffre qui se présente à nous, à 18 mois des élections présidentielles.
Nous vous proposons de déplacer des montagnes pour combler le vide, la tâche est immense.
Les retours que nous avons reçus nous ont persuadés que l’état d’exception en vigueur laisse le champ libre à un vaste débat démocratique et à de nombreuses actions de mobilisation nationale. Chacun prenant la parole ou descendant dans la rue. Une prise de conscience individuelle et collective a lieu. Toutes sortes d’idées émergentes sont proposées. Nous sommes en état d’exception sociale.
Nous exprimons notre soutien à toutes les initiatives qui participent à la mobilisation générale : du simple texte de rap à la manifestation, en passant par un message inscrit sur les murs. La désobéissance civile est un droit.
« A notre sens, la société civile se doit d’élaborer en concertation des alternatives à la répression qui agit dans l’urgence alors que la situation est préoccupante depuis des années » (Communiqué du 5 Novembre)
Pour l’organisation d’un Forum Social des Banlieues, nous vous proposons d’utiliser la méthode COM (Conscientisation, Organisation, Mobilisation).
Conscientisation
C’était l’objectif du premier communiqué, faire émerger l’idée, diffuser les informations, rassembler les contacts, constituer d’autres appels à l’action, à la réflexion, constituer des forums...etc.
Toutes les initiatives créatrices pour faire passer l’idée restent à imaginer...
Organisation
C’est l’objet de ce deuxième communiqué, nous souhaitons transmettre quelques pistes qui nous ont été proposées :
Constituons des comités locaux d’initiatives dans nos banlieues, invitons les habitants, les groupe de rap, les danseurs HipHOp, les acteurs de la MJC du coin, du centre social, de l’association, des groupes libertaires...
Tentons de faire attention que chacun ait son temps de parole, ne laissons pas une hiérarchie s’instaurer...
Instaurons un débat pour savoir quelles sont les pistes à suivre envisageable : une myriade de Forum Social Local réalisable rapidement, ou un Forum Social des Banlieues national au printemps ?
Créons des groupes de pilotages qui soient prêt à s’investir pour représenter les initiatives des comités locaux auprès des responsables territoriaux, des responsables politiques... Ces groupes de pilotage doivent faire très attention de représenter les divers acteurs, et de ne pas parler en son nom, ne laissons pas les idéologies personnelles recouvrir les pensées collectives.
Soyons vigilants à la récupération éventuelle des initiatives collectives, à 18 mois des élections présidentielles, des groupes de citoyens constitués en banlieues peuvent devenir des acteurs clefs du débat démocratique, soyons conscients des répercutions éventuelles de nos initiatives. Le premier but d’un Forum social est d’élaborer des propositions pour « un autre monde » dans un espace démocratique, et non pas d’adhérer à tel parti politique ou tel autre...
Communiquons nos propositions aux autres groupes locaux, échangeons nos analyses. Agissons dans une optique transversale, dépassons les clivages réducteurs : nous sommes tous concernés par l’état d’urgence.
Mobilisation
La dernière étape sera de faire savoir où et quand auront lieu le (ou les) Forum social des banlieues... La route est encore longue et les barricades sont devant nous.
Enfin, laissons libre cours à notre imagination qui peut nous révéler des surprises.
Diffusez ce message autour de vous, le plus largement possible, en utilisant tous les moyens qui sont à votre disposition.
larage_dupeuple (arobase) yahoo.fr
Marseille, le 12 Novembre 2005
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