Face aux violences sécuritaires : témoignages et résistances

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Une rencontre sur le thème des violences policières a eu lieu ce samedi 22 octobre, à l’initiative de l’association lyonnaise Témoins, et organisée avec l’Observatoire des Libertés publiques et le réseau interrégional Résistons Ensemble qui avait tenu son assemblée générale le matin même.

L’actualité locale de ces derniers jours procurait un cadre propice au sujet : affrontements de rue à Vaulx-en-Velin, interpellations massives au Jardin des plantes, condamnation d’un professeur d’université pour outrage et rébellion, harcèlement et expulsion de squats.

Pendant toute l’après-midi, le programme qui prévoyait témoignages, projection et débat s’est ainsi déroulé en présence d’une grosse cinquantaine de personnes.

Par la parole ...

On a pu d’abord écouter de victimes et de témoins, directs et indirects, de violences infligées par la force publique. Au fil des témoignages de Jérôme, Sophie, Salvatore, Edouard, Anna et les autres, chacun-e a pu prendre la mesure des multiples formes que peut prendre l’oppression sécuritaire : les coups et blessures ne sont ainsi qu’une partie des mesures vexatoires dont peut user le pouvoir policier. Mais il ne faut pas oublier les harcèlements moraux et psychologiques, les dénis de droit, les refus de traitement médical, les intimidations de toute sorte, les menaces verbales,... autant d’abus de leur fonction que certain-es policier-es se pensent en mesure d’imposer à quiconque.

Car effectivement, même si les principales victimes restent au quotidien les jeunes dans les quartiers, comme l’explique l’association Divercités, les personnes prostituées comme en témoigne l’association Cabiria ou les sans-papiers, les fonctionnaires de l’ordre sont de plus en plus enclin à ne pas s’en contenter : les squatteurs en tout genre, les chômeurs, les militants et finalement la société civile dans son ensemble deviennent une cible potentielle de leurs « amusements ».
Alexis Violay relève justement à cet égard le rapport 2005 d’Amnesty International sur la France, qui conclut à une « impunité de fait » pour les policiers de l’État français lorsqu’ils outrepassent la loi et la déontologie de leur fonction.

... par l’image...

Deux vidéos sont projetées pour éclairer les discussions. Une première réalisée à la Duchère en 2002 montre les conditions d’interpellation d’un animateur de centre social au beau milieu de la fête du quartier : flash-ball, fusil à pompe sont sortis sans précaution alors que partout autour se préparent les stands, jouent des enfants. Le commentaire en voix-off nous apprend que l’affaire a été saisie par la Commission Nationale de Déontologie de la Sécurité, dont l’enquête a établi l’irresponsable disproportion des moyens déployés au regard des dangers réellement encourus par les agents de la BAC... parmi lesquels une victime présente dans l’assistance reconnaît l’un de ses agresseurs !

Dans la seconde vidéo, filmée le 11 octobre dernier pendant l’expulsion d’un squat à Montreuil, on peut observer l’extrême tension et la violence délibérée des CRS venant matraquer les occupants, femmes et enfants compris. Des images terribles qui semblent être celles de rafles, resurgies d’une autre époque que l’on avait pu espérer révolue...

... RESISTONS !

Enfin la salle a pu débattre et échanger sur les moyens dont nous disposons, individuellement et collectivement, pour se soustraire à l’aveuglement répressif et combattre l’infamie de ces violences.
D’après les personnes présentes, la bataille sur le terrain judiciaire doit être tentée. Mais elle ne suffit vraisemblablement pas dans un système ou la collusion est trop forte entre police et justice : le délit d’outrage et rébellion est la manifestation la plus flagrante de la manière dont les juges couvrent les exactions de la police.
De même, la connaissance de la loi et du droit est indispensable mais reste inutile lorsqu’il est impossible de les faire valoir (interpellations, garde à vue,...)

Il revient donc de convoquer un large éventail de méthodes de confrontation directe sur le terrain dont on ne peut pas faire l’économie. Seule la lutte paye, pour ainsi dire : celle des associations, celle des comités de soutien, par la médiatisation, la discussion, la mobilisation en massse critique. Pour autant, la violence n’est pas indispensable pour répondre à la violence, mais toute action doit être déterminée.
Sur le terrain administratif, la contre-offensive peut aussi être menée par la constitution de dossiers solides contre les policiers violents.
Il ne faut pas hésiter également à observer les interventions de la police pour lui faire savoir qu’existe encore un regard de la société civile sur le moindre de ses agissements. Se constituer témoin, retrouver d’autres témoins est ensuite très utile pour porter secours à une éventuelle victime.

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