« Nous rappelons que pour être en règle,
votre titre de transport ou votre abonnement doit être validé. »
Message d’ambiance périodique dans les TCL.
Présent !
Ne pas respecter les règles du jeu des TCL implique un rapport nouveau aux trajets, une attention de chaque instant à « l’environnement ». Tout comme le primitif dans sa forêt sait d’expérience qu’au moment où cesse le chant des oiseaux un danger le guette, il existe quantité de signes annonciateurs d’un contrôle TCL. Il s’agit de savoir les reconnaître, d’y être attentif. Acheter un ticket et attendre que ça se passe est l’exact opposé de la présence que nous recherchons, de la présence qui saisit le fraudeur, « l’individu indésirable », à chacun de ses déplacements. Parce qu’au final, qu’est-ce qu’on achète avec un ticket ? Certainement pas le droit de se déplacer. On achète un droit à la tranquillité, à ne pas se faire emmerder par les contrôleurs, à ne pas devoir être vigilant pendant tout le trajet. On achète en définitive un droit à être assoupi, à pouvoir être absent pendant son déplacement. L’« individu qui n’est pas en règle », qui assume de se confronter à l’hostilité du système TCL, se laisse aller à une toute autre présence. Ce qui suit est un ensemble de conseils/conduites qui nous semblent pertinentes. Faites le tri.
Voyagez rusé
Une fois monté dans n’importe quel transport TCL, on peut essayer de rester un minimum aux aguets, à l’affût des contrôleurs. Un bon truc, dans le bus et le tram, c’est de rester près d’une machine à composter avec un ticket vierge à la main. Dès qu’on les voit de loin, on peut composter généralement sans trop de problèmes. Les chauffeurs ont la possibilité de bloquer les machines avant qu’on ait le temps de composter mais heureusement certains ne le font pas. Ensuite, suivant leur nombre, ils ne bloquent pas systématiquement toutes les portes lors des actions de contrôle.
Dans le métro notamment, surtout dans les grosses stations, ils ne sont généralement pas assez pour contrôler toutes les entrées/sorties. Une technique consiste à laisser passer devant soi le flot de passagers et de regarder au loin s’ils ont l’air de se faire contrôler : si c’est le cas, ils ralentissent et sortent au compte goutte. Lorsqu’ils sont en haut d’un escalier et qu’on a pas de vision directe, on peut tendre l’oreille, si le bip bien particulier de leur machine ne retentit pas, la voie est libre, sinon demi tour ! D’où l’intérêt de privilégier les escaliers aux escalators : plus facile de revenir sur ses pas.
Toujours dans le métro, une ruse particulièrement perverse des contrôleurs consiste à laisser un contrôleur discret en amont de la ligne de contrôle. À charge pour lui de repérer les gens qui font demi-tour et de les contrôler. C’est tout de même assez rare.
On s’est fait choper, don’t panic
Si aucun truc n’a marché et vous êtes coincés, rien n’est perdu !
Pour commencer on peut tenter la négociation, il y a des tas de récits de personnes qui sont arrivées à les baratiner en disant, pour les justifications qui marchent le mieux, qu’ils ne sont pas d’ici et ne connaissent pas le fonctionnement des TCL, qu’ils ont juste oublié de composter leur ticket (encore faut-il en avoir un vierge pour tenir ça), que le ticket ne marche pas (s’il est un peu déchiré ou très vieux) ou encore, sans doute la valeur la plus sûre, qu’ils sont vraiment en galère ce mois-ci, déjà que c’est pas facile de concilier petits boulots et études... L’issue de la négociation dépend de votre tchatche et du niveau de zèle de l’abruti qui se tient devant vous. Les phrases du style « non mais de vous à moi, c’est pas possible de... », « ok vous faites votre travail, mais je vous demande juste d’être chic... » sont bien parce qu’elles tendent à pousser le contrôleur à sortir de son strict rôle social. Esquiver une amende, c’est jouer sur la possibilité du contrôleur de fermer les yeux. Enfin, c’est bien plus facile de ne pas récolter d’amende en discutant en tête à tête avec le contrôleur, que lorsque tous ses collègues sont autour de lui, ce qui l’incite généralement à faire son travail correctement, et donc à t’aligner.
Si tu veux faire des rencontres coquines avec des contrôleurs, une seule solution : la fraude !
Pour ceux qui ne se sentent pas à la négociation ou qui n’ont tout simplement pas le temps pour ces tracas, la fuite à pied reste une valeur sûre. Bon, bien sûr il ne faut pas leur avoir donné ses papiers d’identité avant, sinon c’est pas bien malin. En prenant en compte l’effet de surprise et le fait qu’ils ne peuvent pas trop s’éloigner, il y a de fortes chances pour qu’ils ne se donnent même pas la peine d’enquiller derrière vous, ou qu’ils abandonnent au premier virage. Comme des loosers.
Au passage, les contrôleurs sont assermentés, c’est-à-dire que les « incivilités » à leur encontre – les bousculer, les insulter, les menacer, etc. – peuvent donner lieu à des majorations d’amende, voire à de la garde-à-vue. Ce n’est bien sûr pas un argument pour se priver de le faire si le rapport de force est suffisant, mais il faut bien l’avoir en tête. Des gens ont déjà fini à la maison d’arrêt de Corbas pour s’être tapés avec eux lors de contrôles.
Il faut aussi savoir que les tarifs des amendes peuvent varier. Un truc important à retenir c’est que pour « bénéficier » du tarif le plus bas (33 euros), il est indispensable d’avoir un titre de transport en sa possession. Qu’il soit valide, périmé, démagnétisé, déchiré ou tout mouillé l’amende sera minorée. Du coup ça peut être intéressant d’en prendre un, même tout pourri par terre, avant de monter dans un TCL. Il faut également payer immédiatement (pas besoin de présenter de pièce d’identité), sinon l’amende passe automatiquement à 53,5 euros. Au delà de 7 jours, ça passe à 87,5 euros. Y’a pas de petits profits !
il y a, selon les sources, entre 250 et 280 contrôleurs sur le réseau TCL (bus, métros et trams). Vu qu’ils ne travaillent pas 24h/24, on estime à une grosse trentaine le nombre d’équipes évoluant chaque jour sur le réseau TCL.
Montants des amendes :
- Paiement immédiat auprès du contrôleur : 50 €
- Règlement dans un délai maximum de 7 jours à compter de la date du PV : 53,50 €
- Règlement sous plus de 7 jours et moins de 2 mois à compter de la date du PV : 87,50 €.
En cas de titre de transport non valide ou non complété :
- Paiement immédiat suite à un titre non valable ou non complété : 33 €
- Paiement sous 7 jours : 53,50 €
- Règlement au-delà de 7 jours suite à un titre non valable ou non complété : 71 €
- Défaut de règlement dans les deux mois qui suivent l’établissement du PV : Transmission du dossier au tribunal. Établissement d’une amende majorée, recouvrée par le Trésor Public, d’un montant de 180 €.
La carte de la fausse identité
Autre moyen de passer à travers, ne pas leur donner les infos qu’ils demandent au moment de te mettre la prune, ou plutôt, leur laisser des renseignements qui ne correspondent pas vraiment à ton identité. Et là, nous entrons de plein pied dans le délicat domaine de la fausse identité. Il y a moyen, par exemple, de donner ton vrai nom mais avec une ancienne adresse, par exemple celle indiquée sur une carte d’identité ou un passeport mais qui n’est plus à jour. Le courrier n’arrivera jamais [1].
Et s’ils n’ont pas trop d’amendes à ton nom, ils ne feront pas forcément de démarches pour te retrouver - ils ont déjà des tas de gens à rechercher pour des impayés bien plus lourds que quelques amendes [2]. Sur ce point là, comme sur les autres, les témoignages sont les bienvenus (faceauxtcl(at)riseup.net).
Sinon, il y a la carte de la fausse identité : on ne présente pas ses papiers et on donne une ou plusieurs fausses informations (nom, prénom, adresse et date de naissance) au contrôleur quand il remplit son formulaire. C’est bien de s’entraîner, seul ou avec d’autres, à décliner sa fausse identité pour que le jour J, on n’ait pas d’hésitations.
Dans le cas d’un nom inventé, il faut dire – s’ils posent la question – qu’on a jamais eu d’amendes ou de carte TCL (car ils peuvent théoriquement retrouver ton nom dans leur machine). Dans le cas d’une fausse date de naissance, toujours avoir en tête le signe astrologique correspondant au cas où ils demandent (c’est plutôt une technique policière quand ils ont un doute sur une identité). Dans le cas d’une identité qui existe mais qui n’est pas la tienne, celle d’un boloss par exemple, faut juste connaître les infos qu’ils peuvent demander : nom, prénom, lieu et date de naissance, adresse, années d’abonnement aux TCL... Même s’il y a un risque qu’ils appellent les flics, ça peut valoir la peine de tenter ; la plupart du temps, s’ils ont un doute, ils te donnent un ultimatum avant d’appeler la police, toujours temps de se raviser à ce moment-là si on ne le sent pas. Après l’amende sera sûrement majorée d’office dans ce cas-là.
Parfois, lors des contrôles, les policiers assistent les contrôleurs lors de leur besogne. Ça correspond aux opérations de sécurisation qui sont toujours aussi un peu des opérations de com’ (pour que le bon citoyen se dise « là je voyage en sécurité »). Ils se placent aussi de temps en temps à des stations où les contrôleurs se sont fait méchamment embrouillés les jours précédents et ont donc demandé un renfort de police. Toujours est-il qu’essayer de pas donner sa vrai identité à ce moment-là est assez tendu parce qu’on peut vite se faire contrôler par les flics et finir au commico pour un contrôle d’identité (4h maximum). Néanmoins, on peut garder en tête que, même si c’est pas évident parce qu’il y a plus de pression que face à un leur-leur, il y a des gens qui sont déjà sortis d’une vérification d’identité, ou même d’une garde à vue, sans lâcher leur vrai nom – après deux jours de garde-à-vue tout de même. Et 1,70 euros dans ta face Rivalta !
Pour revenir au contrôle proprement dit, l’avantage quand tu as réussi à leur donner un faux nom une fois, c’est que tu es dans leurs fichiers avec ce faux nom. Il est donc beaucoup plus facile, en cas de nouvelle amende, de redonner ce faux nom : ils le retrouveront et la carte d’identité n’est alors plus nécessaire pour prouver son identité [3].
Lors d’un contrôle à plusieurs, faut savoir qu’il est possible de négocier une amende pour deux, deux amendes pour quatre, etc. Là encore, c’est soumis au bon vouloir des leur-leurs. Autre chose : pour vérifier une identité, les contrôleurs isolent parfois les gens et leur demandent quels sont les noms, prénoms et adresses de la personne sur qui ils ont des doutes. C’est donc bien de se mettre d’accord avant avec les gens avec qui on voyage.
Il est déjà arrivé que des contrôleurs qui avaient des doutes sur l’identité d’une personne lui demande de leur donner un objet (par exemple un baladeur MP3 ou un téléphone) qui leur sera rendu en agence contre une pièce d’identité. Faut pas céder à ce petit chantage et ne pas hésiter à se retrancher derrière l’argument que c’est pas légal (ce qui est vrai).
Dernière chose, à partir d’une certaine heure (à peu près 17h), les « bureaux » sont fermés, ce qui fait que c’est beaucoup plus dur pour eux d’arriver à faire des vérifications en cas de doute sur une identité. Ils sont soit obligés de te croire, soit d’appeler la police.
Le sens du partage
Il existe aussi un autre moyen d’essayer de passer à trav’ qui consiste à utiliser la carte d’abonnement de quelqu’un de son entourage. Ça permet d’entrer dans le métro sans se faire remarquer par les contrôleurs mais aussi de ne pas donner envie à un leur-leur en civil de venir nous chercher des noises dans le tram ou le bus.
On peut la mettre dans un portefeuille ou un étui qui cache la photo. En cas de contrôle, la plupart du temps, ils ne s’embêtent même pas à la retirer avant de la passer devant leur machine. S’ils le font quand même, ils regardent quasiment jamais la photo. Bon si elle ne correspond pas du tout à ta tête, il y a moyen qu’ils tiquent un peu [4].
Si on à un abonnement en cours mais pas sa carte sur soi, l’amende est à 5 euros. Il peut donc être très utile de connaître l’identité d’une personne dont on sait qu’elle possède un abonnement en cours. Logiquement en filant aux leur-leurs les bonnes infos (apprises par cœur), ils vont retrouver l’identité de la personne et ne vont pas chercher plus loin.
Les règles du savoir-vivre
Si à la fin de son voyage dans les TCL, on s’en sort sans amende mais avec un ticket encore valable, le bon sens implique de ne pas le jeter ou le garder dans la poche mais de le partager avec d’autres. À la sortie du métro, il n’est pas difficile de le poser sur les bornes de compostage. Dans le bus ou le tram, on peut essayer de le coincer sur une machine à composter, un distributeur de ticket, dans le coin d’une fenêtre ou tout simplement le céder à une personne en lui demandant si notre ticket l’intéresse. Ça peut faire des heureux et en plus diffuser l’idée que partager son ticket est un truc possible et facile. Puisque c’est interdit, certains agents de préventions TCL récupèrent les tickets pour les jeter [5] ; il faut aussi éviter de se faire voir par un contrôleur en train d’en prendre un auquel cas ils peuvent nous interdire de rentrer.
L’armée du crime
Tous ces conseils et ces techniques sont à tester, changer, améliorer. Dans l’univers merveilleux des tactiques de fraude, rien n’est jamais statique, arrêté, tout est toujours en chantier. Les situations résumées et simplifiées ci-dessus dépendent beaucoup des contrôleurs sur qui on tombe, de nos dispositions à baratiner ou à sprinter. Toujours est-il que ça donne de la force de se dire que quand ces idiots pointent le bout de leur machine, rien n’est perdu, il y a moyen de s’en sortir. Ça nous fera plaisir si vous faites tourner vos histoires et vos trucs pour les esquiver.
N’hésitez pas à nous envoyer vos techniques de fraude, vos histoires invraisemblables avec les contrôleurs.
N’hésitez pas à rejoindre l’armée du crime.
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