Amour et Capital

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Le texte qui suit est le résultat de discussions s’étalant sur plusieurs années de manière relativement irrégulière. A la base élucubrations disparates, les idées que ce texte tente d’esquisser se sont forgées au sein de ce dialogue. De ces multitudes d’échanges autour de la question de l’amour (à partir de notre expérience hétérosexuelle) s’est lentement forgée une sensibilité partagée. Cette intuition que nous tentons d’esquisser ici ne nous semble pas être une vérité définitive. Il nous semble toutefois qu’elle permet une compréhension efficace de la dynamique sociale amoureuse à un moment donné. En cela il participe d’une description des rapports de genres et des systèmes de dominations matérielle et idéelle qui leur sont liées. A un certain point, il a semblé nécessaire de transcrire ces idées pour rendre plus palpable ce dialogue. Le texte que vous lirez maintenant est lui aussi écrit sur plusieurs années par couches successives et est passé par moult remaniements. S’il est publié maintenant il ne semble pas pour autant terminé. A un moment donné la forme qu’il prenait nous aura simplement semblé suffisamment cohérente pour être livrée.

Sommaire :
Considérations liminaires sur la sexualité et le sentiment amoureux.
Les rapports matrimoniaux abordés sous l’angle des marchés.
Le devenir marchandise.
Stratégies matrimoniales sur marchés segmentés
Système de reproduction du même.
La consommation n’épuise pas le produit elle le transforme et conditionne sa valeur sur les marchés.

« L’humanité se situe en dehors de l’économie politique, l’inhumanité au dedans. » Karl Marx, Œuvres.
Considérations liminaires sur la sexualité et le sentiment amoureux.

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Suzanne Rousset et Georges Duroy, Bel ami

Il nous parait opportun de proposer l’hypothèse qui va suivre car d’une manière ou d’une autre, il nous semble que dans une logique de rupture révolutionnaire chaque aspect de la vie quotidienne doit être pris en compte. Une rupture avec la société de classe est une rupture avec tous les systèmes qui en assurent la reproduction. S’il s’agit de mettre à bas la philosophie bourgeoise de l’individu et toutes les formes sociales qu’elle sous tend, Il s’agit dans cette optique pour notre analyse de n’oublier aucune parcelle de nos vies. Nous pensons en effet que sans modifications radicale de chaque aspect de la vie quotidienne, il ne se produit qu’une restructuration des rapports de domination.

Toute intentionnalité critique trouve sa source dans la conscience de la misère ou d’un de ses aspects. Dans nos sociétés, la misère affective et sexuelle compose une part importante de la misère réellement vécue. D’autant plus que dans l’idéologie bourgeoise dominante, de la réalisation de soi et de la poursuite du bonheur, la vie amoureuse est un élément indispensable d’une vie complète et heureuse. Le fait qu’une énorme partie de la production de l’industrie culturelle de la planète ait pour thème central, les relations amoureuses trahit l’importance de cet aspect de la vie dans la reproduction des structures de domination.

Dans la vision dominante il est admis que les rapports amoureux se feraient naturellement, au gré des rencontres, et tout-e-s auraient des chances égales d’y parvenir... un peu comme la fortune, en somme. Au contraire, nous pensons qu’il s’agit d’un marché hautement concurrentiel caractérisé par une concentration importante de capitaux. De plus, cette forme particulière des rapports sociaux reproduit et sert de cadre à des rapports de domination concomitants (de classe, de race...) [1] Il semble donc nécessaire d’offrir des pistes pour interroger les fonctionnements des différents dispositifs de domination et plus particulièrement des rapports sociaux liés à la recherche de satisfaction affective et sexuelle.

Notre objet ainsi défini, il ne faut pas penser ici, proposer un système total qui permettrait de comprendre, d’un seul geste, l’ensemble des rapports qui commanderaient à la division en genre de la société. Il s’agit plutôt d’esquisser ce que serait une approche qui ouvre des perspectives sur une compréhension en terme de rapport de force économique [2] (un système d’échange de valeurs) d’une partie de cette division. Et de permettre de cette manière de proposer un modèle qui pense le sexisme, comme une donnée encastrée dans la culture particulière de son époque. Celle d’un marché généralisé d’échange de capitaux (à un tel degré d’accumulation qu’ils deviennent images).

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Hera, F. Picabia

Sur ces marchés, la marchandise c’est nous, ou plutôt cette nouvelle partie de nous qui se détache lentement de la vie. C’est la part de nous qui forme alliance. Et cette séparation et le mouvement d’autonomisation de notre corporalité qui l’accompagne, est précisément la transformation de toutes choses en Marchandise. C’est le mouvement de conquête de la vie par le capital.

Ainsi comprendre ce que nous avons perdu (et que, peut être, nous n’avons jamais eu), c’est comprendre ce mouvement qui fait de la Marchandise la forme dominante de la vie. Comprendre le marché des échanges sexuels (et donc le système de mise en relation d’offre et de demande qui lui est propre) c’est comprendre l’étendue des mutilations que le capital nous inflige.

Il est par cette approche, implicitement admis que les rapports entre les sexes - où plutôt entre les différentes constructions genrées attendues en fonction des sexes - dans notre société, sont déterminés - pour partie - par la forme globale de celle-ci : la dévotion à la marchandise et au spectacle comme dernière expression du capital. Il est plus précisément admis que la forme normale pour toutes choses, sous tendue par la nouvelle configuration des rapports sociaux, est le marché sur lequel s’échange indifféremment marchandises et images. Il faut voir cette approche comme le simple résultat de la configuration d’une « pensée du temps » qui rend maintenant la notion de marché particulièrement opportune pour la description de phénomènes sociaux. Il s’agit donc d’entamer une critique de la valeur amour comme il aurait pu en être de tout autre valeur dans ce monde-ci.
De cette manière il faut, penser ce travail comme détournement sémantique du langage du Pouvoir en vue de la réappropriation de moments de vies. Puisque l’économie gouverne nos vies, il faut offrir des pistes de réappropriation de celle-ci par la langue de l’économie. Détruire cette science de la domination en n’en maîtrisant certains enjeux endémiques. Bien sur, il ne s’agit pas de calquer notre langue sur celle de nos ennemis mais, d’y puiser des ressources pour l’abattre. (L’abattre car, là où existe le Capital et son corollaire la propriété, des rapports de domination s’installent et se perpétuent.)

Les rapports matrimoniaux abordés sous l’angle des marchés.

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Système de filiation Romain

Ce que traduit cette notion de marché du sexe, c’est la formation d’un nouveau modèle d’échange matrimonial dans une société qui, aveuglée par la foi en une vision transcendante de l’amour, refuse de le penser. Ce que nous appelons amour dans cette perspective, c’est un discours venu expliquer et rationaliser un ensemble de pulsions. C’est le langage dans lequel nous exprimons nos sentiments et nos désirs et comme tout langage il façonne ses objets.

Ce qui se déploie sous la forme d’un marché c’est bien la banale économie de la frustration sexuelle et affective. Ce sont les paysages désolés de la sexualité post-moderne. Et, ce qui rend cette notion particulièrement efficace c’est l’érection de la sexualité en marchandise de consommation courante, au même titre que n’importe quel autre fade produit du spectacle. C’est la configuration des rapports propres à notre époque qui constitue la notion de marché comme objet de notre réflexion. Triomphe de la mythologie de l’amour sous sa forme libérale - la rencontre-union de l’esprit éthéré de deux personnes - le marché est pourtant avant tout un système coercitif de production et d’incorporation de normes. C’est donc en tant que système de socialisation oppressif que le façonnage du sentiment amoureux chez le sujet de notre époque doit être déconstruit.
En devenant une marchandise comme une autre, c’est-à-dire un objet de consommation courante, la sexualité s’est aussi standardisée, appauvrie. Bien sûr, avec ce mouvement de standardisation se développait la multiplicité des avatars du marché unique du sexe, permettant l’expression de notre individualité de consommateur.
Et nous reconnaissons bien là, le mouvement global de la non vie qui est celui du Capital : un projet de séparation généralisé. Cette transformation de la sexualité en un marché globalisé qui se traduit par l’apparition de formes unifiées de la pratique du sexe (la série Skins et les faits sociaux qui l’entourent sont à ce sujet édifiants par leur vitesse de diffusion), est bien la réponse capitaliste moderne à la question ancestrale des pratiques d’échanges matrimoniaux. Pourtant il n’y a pas d’oppositions entre une forme des relations amoureuses et sexuelles qui serait pure et une forme qui serait salie par le marché. La structure des rapports matrimoniaux a toujours, partout, reflété des rapports de domination. Pour autant il y a une transformation de la manière dont ces rapports sont conçus et dans la manière dont on les met en jeu qui est propre à notre époque.

Le devenir marchandise.

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Recherche bergère désespérément, strip-tease

La drague comme acte de vente pose donc la question du devenir-marchandise. Au plus haut point, ce devenir se réalise dans les fantasmes du marché unifié qu’on trouve sur les sites de rencontres de type badoo, où, dans la limite du local (l’accès a la marchandise doit être réalisable), chacun se vend par une véritable fiche de produit avec photos et description et un « cahier des charges » du produit désiré. La drague moderne se révèle alors pour ce qu’elle est : un acte de transformation de soi en marchandise évaluable (sur badoo, on note d’ailleurs les photos). Autre preuve de la clairvoyance des entrepreneurs en marchés sexuels virtuels, les publicités de ces sites ont le bon goût de se glisser massivement sur les sites de pornographie gratuite, haut lieu de la misère sexuelle virtualisée. Dans cette construction fantasmatique d’un marché global du cul et de l’affect apparaît bien la logique libérale du « libre marché », mais sûrement autant la destruction du lien social qui faisait exister une multitude de ce qui n’était pas encore des micro-marchés fluides et pris dans le cours de la vie.
Aujourd’hui, même la production télévisuelle promet de faciliter la libéralisation des rapports de marchés affectifs.
A la vieille question de la misère affective paysanne, les logiques de marchandisation globalisante répondent qu’il suffit d’étendre la recherche et proposent une émission comme L’amour est dans le pré. La encore, ce qui se vend, c’est bien une réponse à la misère et à la frustration. Dans une logique de marché, une frustration est une demande non couverte par l’offre. Dans le pire des cas de frustrations, quand la demande est difficile à combler, il reste la possibilité d’acheter (au sens propre) de la « main d’œuvre étrangère », souvent de l’est ou sud-asiatique à une agence matrimoniale. Là encore, le marché sexuel pose la même réponse que n’importe quel autre marché : aller chercher l’offre là où son prix est le moins cher. Tout s’achète et tout se vend, il suffit juste de savoir à quel prix.

Stratégies matrimoniales sur marchés segmentés

Bien sur, il n’y a jamais UN marché où tout s’échangerait, tout groupe donné forme un marché restreint, plus ou moins ouvert sur d’autres, et a, dans une certaine mesure, ses règles de marché indépendantes. C’est l’articulation entre eux des groupes déterminés dans la société qui articule les marchés et les règles de passage de l’un à l’autre. Ce qui fait sens dans cette interrogation, c’est que la détermination des possibilités individuelles de rapports affectifs et sexuels touche au cœur de ce qui constitue le Politique dans chaque société. La répartition des biens, de l’honneur, de l’influence et du plaisir dans un groupe mais aussi la question de sa reproduction physique.
Les stratégies matrimoniales font partie des stratégies de reproduction des groupes dans une société ( et des sociétés elles-mêmes), et elles définissent ainsi l’accès à la satisfaction des besoins Humains. Le niveau de différentiation des ensembles sociaux détermine l’étanchéité de ces marchés. Pourtant une perspective de marché ne doit pas réduire la question à un point de vue économique au sens strict du terme. La question de la définition des groupes, donc des marchés, se pose (en tout cas dans les pays capitalistes avancés) bien autant en termes de subjectivités collectives ou d’échange de valeurs symboliques dans ces cadres restreints. Ces déterminations, ces segmentarités sociales sont aussi présentes dans nos vies qu’elles sont difficiles à définir. Ces catégories multiformes et subjectives segmentent les possibilités de séduction réelles au moins autant que les strictes divisions sociales. Elles ne s’appliquent jamais strictement, mécanistement, se recoupent avec d’autres systèmes d’identification collective et pourtant les multitudes de personnalités qui traversent ces identités collectives mouvantes les utilisent constamment pour se définir, s’évaluer...

Système de reproduction du même.

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Brad Pitt et Angelina jolie, Brangelina

L’acteur évalue les caractéristiques d’une offre de marché au moins en partie vis-à-vis de la somme de prestige que l’exhibition de son acquisition lui apporterait. Cette évaluation s’effectue en fonction des critères objectifs propres à chaque marché. Cet énoncé s’il est crucial ne permet en rien de saisir la diversité des formes que peut prendre cette analyse en fonction de la mythologie amoureuse développée par les sujets. Cette mythologie est autant le fruit de l’incorporation des récits dominants que la résultante de chaque petit ajustement qu’impose chez le sujet sa perception du réel. Dans une partie des cas - chaque fois que les enjeux de reproduction économique seront faibles - la pression autour de la reproduction sociale sera minorée. Pour les acteurs, il s’agira alors peut être simplement de se demander si la subjectivité de l’autre leur donne le sentiment de faire partie d’un même monde et d’y occuper une place intéressante. Le savant calcul qui aura induit le choix restera totalement caché aux yeux de tous y compris (souvent...) de soi-même.
La valeur du gain ou de la perte est conditionnée par la conformité de la personne au modèle unifié du marché en question. Cette conformité à un modèle est l’essence de la notion de Goût, c’est par rapport - attirance ou répulsion - à un modèle et jamais en dehors que nous construisons cette perception. Que ce marché soit le milieu squat lyonnais ou grand bourgeois parisien, l’entourage d’une personne va juger si ses interactions sexuelles ou affectives correspondent ou non à l’image attendue des interactions dans le milieu. On va chercher à savoir si ses partenaires officialisés peuvent se fondre dans le milieu, si elle/il est « de bonne famille », quel est son « CV militant », bref, quelle autorité symbolique détient la personne dans le marché concerné et quel va être sa valeur d’échange. Si cette autorité est forte, on dira qu’elle a la « classe » ou qu’elle est de la bonne classe. C’est quand nous reconnaissons chez l’autre cette autorité qu’on le trouve « à notre goût ». En définitive c’est cette autorité dans un monde social, ce « charisme », qui conditionne la possibilité pour chacun de faire valoir ses envies sur un marché.

Les possibilités offertes par les marchés donnent une consistance à des catégories autant que celles-ci définissent les possibilités des marchés. Ainsi un individu qui se sait marqué de l’appartenance à un groupe aura un intérêt à se marquer dans un (des) groupes déterminés pour augmenter ses chances sur les marchés auquel il a réellement accès. Là encore, un groupe réellement localisé, qui ne se recoupe donc jamais parfaitement avec les segmentarités collectives qui le place dans l’ensemble social, a des règles de marchés toujours divergentes de celles qui sont diffuses dans la société. Ses règles viennent de l’institutionnalisation de pratiques réelles. Elles ne sont pas tirées par les acteurs à partir de modèles diffus dans la société, bien qu’il existe des règles de marché diffuses, dominantes, transmises par la culture dominante. Elle sont plutôt construites à partir de la norme du marché dominant. Ces normes de marché viennent d’une pratique dominante sur les marchés. Les différentes pratiques liées aux segments de marché en question se construisent selon le même rapport matériel et moral que se constituent les groupes qui leur sont liées par rapport à la culture dominante de leur époque. C’est de cette tension particulière, propre à un temps, que naissent les modalités de la démarcation entre des marchés.

La consommation n’épuise pas le produit elle le transforme et conditionne sa valeur sur les marchés.

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Ce qui est obtenu dans la transaction a autant à voir avec les moments réellement vécus qu’à l’image extérieure de la relation ou plutôt les moments réellement vécus sont aussi déterminés par l’image extérieure de la relation. On couche, on se met en couple à deux mais aussi et surtout dans et par l’espace social. Ces relations conditionnent les relations internes à ces milieux d’une façon structurelle. Les relations affectives trahissent un milieu, en tracent la carte et en éclairent les frontières, l’étanchéité. Chacun comprend les difficultés d’assumer une relation avec quelqu’un d’un « autre monde ». Autant que les relations affectives existantes, la structuration des relations possibles permettent de parler de marché. Il y a une structure des pénalités inhérentes à tout marché affectif et à toute position dans ce marché. Les règles de marchés sont toutefois toujours relatives à des socialisations concrètes. La construction d’une réputation, image sociale du passif des transactions affectives, sanctionne finalement l’obéissance à des règles de marché déterminées par le milieu dans lequel les individus font leur vie. Quand la réputation parle de la situation d’un individu dans le marché, elle est aussi une valeur attribuée socialement à une marchandise.

Comme sur tout marché, une transaction est avant tout question d’information, la valeur est une donnée socialement mesurée, sans consistance matérielle propre. Elle est donc autant le produit de qualités intrinsèques à l’individu que de l’image qu’elles produisent. De ce fait, les acteurs pour participer au marché des échanges sexuels se doivent d’assurer, comme les premiers commerciaux venus, la promotion de chaque parcelle de leur vie. Ici comme sur tout marché, le but de chaque produit est de supplanter la concurrence. Pour ça, chacun se doit de construire l’identité de son produit. A partir de là c’est une lutte à celui qui, du fait de ses capacités discursives, parviendra à conclure une transaction. La drague, comme processus de vente est essentiellement échange et production de signes. La maîtrise de ces codes détermine de cette manière les conditions matérielles de l’accès aux échanges matrimoniaux. Comme sur tout marché c’est en définitive autant les qualités intrinsèques de la marchandise qui sont en jeu que l’image que l’on en donne à voir.
Le type de concurrence que crée ce système particulier d’échanges matrimoniaux est un système de domination qui en reconfigure d’autres. Le genre masculin domine le genre féminin en tant que genre ; pourtant, l’infinité des positions de marché et des rapports de force qu’ils impliquent, réévaluent ces déterminations au niveau du sujet. La chasseuse de footballeur, la pute des bas fonds devenue braqueuse qui tapine mais effraie, le jeune dealer de tess effrayant mais puceau, la tomboy égérie du « middle », la grosse, le geek boutonneux, le clochard, le vieillard homo... Autant d’expériences archétypales qui existent par un rapport structurel au marché du sexe et des relations affectives, vécues plus ou moins quotidiennement et aléatoirement. C’est ce jeu de composition avec le système de domination sexiste que doit saisir une approche en terme de marché de notre sexualité. Comprendre comment à un moment donné le rapport à son genre influe sur la position du sujet dans la structure de la domination masculine. En quelque sorte, ne pas oublier que dans chaque système de domination il y a des traîtres, des fayots, des gardes chiourmes, des mutins...

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The Mother, How i met your mother"

Ce texte est présent sur la brochure disponible ici :

[Brochure] « D’amours et d’Anarchie » suivie de « Note sur le concept de misère sexuelle »

Un texte où l’on parlera de pourquoi user son temps à écrire sur l’amour et où l’on se demandera pourquoi la question amoureuse est une question révolutionnaire. Où l’on parlera des joies de l’amour mais aussi de la misère sexuelle et affective.

30 décembre 2020

P.-S.

Nous avons évité de chercher à savoir si les mutilations que nous subissions du fait du triomphe de la marchandise l’était par rapport à un avant meilleur ou face à nos potentialités. Il nous suffit de constater la perte de potentialité induite.
Aussi si ce texte aborde les marchés amoureux auxquels ces auteurs sont soumis, l’hétérosexualité en tant que forme dominante de sexualité n’en reste pas moins une forme particulière de sexualité. Si la domination de la marchandise doit sûrement posséder ces avatars dans chaque type de sexualité, nous n’avons pas l’expérience nécessaire pour en parler.
amours [a] riseup . net

Notes

[1Sur un tel marché les chances pour quelqu’un d’un groupe social défavorisé de prétendre à une ascension sociale sont relativement limitées. On parle d’endogamie pour décrire les alliances au sein d’un groupe de personnes qui nous sont semblables. Un jeune homme pauvre, faiblement diplômé et noir aura une chance relativement faible de finir sa vie avec une femme, riche, blanche, titulaire d’un doctorat.

[2En grec littéralement l’administration du foyer

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J.Bétine

  • amours (chez) riseup.net

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