Retours critiques sur le mouvement anti-CPE

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Débat « Des mouvements sociaux aux mouvements révolutionnaires », vendredi 27 avril à 19 h à la librairie La Gryffe, à l’occasion de la sortie d’un livre chez Tahin Party.

Le discours dominant concernant la lutte anti-cpe tel qu’il a été relayé dans les médias et dans les cours de sciences politiques tend à assimiler cette révolte comme d’autres à un simple mouvement social. Ce dernier, pour ce qui concerne le contrat première embauche, aurait visé la suppression d’un article de loi bien déterminé, en en passant par la mobilisation d’une population elle-même bien définie d’étudiant-es et de lycéen-nes, directement concerné-es par le problème. Dans cette perspective, le retrait du CPE aurait dû impliquer logiquement la fin du « mouvement anti-cpe ».

Bien sûr il y a eu un coup d’arrêt. L’annonce du retrait par Villepin d’une partie de la loi pour l’égalité des chances a fonctionné comme point de ralliement pour le parti de l’ordre : médias bourgeois avec leur scénario déjà en place, étudiants anti-bloqueurs, syndicats gestionnaires, chefs d’établissements trop contents de provoquer la reprise des cours au lendemain de l’allocution…

Hors champ pourtant, le mouvement a continué. Avec les blocages, les occupations d’universités et de lycées, l’idée d’une élaboration collective de ce qui peut être vécu au sens large a fait son chemin : des maisons collectives (squats) s’ouvrent à la rentrée, de Dijon à Rennes, de St-Etienne à Grenoble ; à Lyon II, la cuisine collective à prix libre est rouverte, des amphis sont transformés en salles de ciné…

Le mouvement continue parce qu’il y a un enjeu à tenir les espaces qui ont été réappropriés, à maintenir les communautés de luttes qui ont pu se monter autour des cuisines collectives ou dans le cadre des manifestations. En bref, il s’agit de continuer à rendre le monde habitable et vivable.

Une seconde hypothèse se fait jour : le mouvement anti-cpe, ça ne serait pas tant la revendication d’une exploitation stable et régulée (« un CDI pour tous ») que le nom sous lequel a pu se déployer une offensive contre le monde tel qu’il va, contre cet univers de contrôle et d’exploitation dont on a vu les bordures vaciller dans le cours des manifs sauvages et à chaque affrontement avec la police, dans le cadre de l’occupation de nos lieux de vie et de travail. Appréhender la lutte anti-cpe dans sa dimension historique implique alors de saisir en quoi elle contribue à charger la situation présente des désordres à venir, de même qu’elle portait la marque de la lutte anti-LMD de 2003, du printemps lycéen de 2005, ou des émeutes de novembre 2005.

P.-S.

La librairie libertaire La Gryffe, c’est 5 rue Sébastien Gryphe, dans le 7e. Elle est ouverte de 14 à 19 h, du lundi au samedi.

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