Le séisme qui a dévasté Haïti est une catastrophe naturelle. Mais l’ampleur de ses conséquences, le nombre des victimes, l’absence d’infrastructures, la pauvreté extrême de la population, puis les menaces de famine et d’épidémie sont la conséquence de l’histoire coloniale, de la politique passée et actuelle des grandes puissances qui dominent la planète, et en particulier la France et les Etats-Unis. C’est elles qui ont plongé Haïti dans la misère.
Les classes populaires haïtiennes sont les premières victimes de cette situation. Loin des objectifs des caméras, les premiers secours, les nécessités de la solidarité immédiate, ont été assuré par ces classes populaires dans le pays. Elles ont besoin de la solidarité internationaliste des peuples et des travailleurs du monde entier, et pas de l’occupation militaire actuelle des U.S.A., qui ont envoyé plus de soldats que de médecins, et qui sont en concurrence avec la France pour raffler les marchés de la reconstruction.
Batay Ouvriye est une organisation qui regroupe des syndicats de travailleurs et des comités de quartiers à Haïti. Elle participe à l’effort du peuple haïtien pour organiser la survie aujourd’hui, et pour que demain les classes populaires et les travailleurs soient prêts à lutter pour arracher de meilleures conditions de vie, un emploi, un logement, et le retrait des troupes impérialistes.
Nous vous invitons à la solidarité avec les classes exploitées et leurs organisations en Haïti !
Repas de soutien à Batay Ouvriye
vendredi 12 février, à 20h, au Centre Social Autogéré
18 rue des Tables Claudiennes, Lyon Croix-Rousse
Appel du collectif « Solidarité avec le Peuple Haïtien »
Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 a plongé le peuple haïtien
dans une situation de désastre, à laquelle répondent des élans de
solidarité dans le monde. Un séisme est bien un phénomène naturel,
mais l’ampleur de la catastrophe qui s’en est suivie n’est pas
accidentelle : elle prend son origine dans des rapports d’oppression
et d’exploitation capitaliste. Les moyens existent pour limiter les
effets des catastrophes naturelles : par exemple, les constructions
anti-sismiques au Japon et en Californie. La vulnérabilité aux crises
n’est donc pas inéluctable ou prédisposée par une « malédiction »,
elle relève de l’inégalité entre les classes et les nations prises
dans le système de l’impérialisme. Ce sont maintenant les classes
populaires qui subissent le plus durement les conséquences du séisme,
comme elles ont subit la hausse brutale des prix agricoles au
printemps 2008. Elles se sont alors révoltées : ce furent par exemple
les émeutes de la faim. Ce sont les classes populaires, pas les
soldats ni les humanitaires, qui ont assuré la solidarité immédiate
après le séisme.
La Révolution haïtienne de 1804 marque la victoire du premier
mouvement anticolonial et antiesclavagiste, la victoire d’une
émancipation menée par d’anciens esclaves noirs contre l’Etat
colonial français. La France fera payer cher à ces « nègres », qui
pour la première fois brisaient les chaînes de l’esclavagisme, en
leur imposant 70 ans de « réparations », en réalité une rançon :
c’est le début de la dette d’Haïti. La mise sous tutelle directe du
pays par les Etats-Unis commence par la longue période d’occupation
militaire, de 1915 à 1934. Intervenue en 1994 pour remettre en place
Jean-Bertrand Aristide et en 2004 pour le chasser, en accord avec la
France, l’armée américaine se saisit aujourd’hui de l’opportunité du
séisme pour prendre le contrôle des ports et du trafic aérien et
protéger les grandes propriétés. Les grandes puissances ne sont
nullement guidées par le désintéressement et la motivation
humanitaire, elles se positionnent pour saisir les « opportunités »
de profits que fournira la reconstruction du pays. Quant à l’aide
octroyée par la France et les Etats-Unis, elle représente le
cinquième de ce que coûte quotidiennement l’occupation militaire de
l’Irak et de l’Afghanistan.
L’action et l’aide matérielle des ONG se feront aussi dans le cadre
du capitalisme, responsable des conditions de vie inhumaines imposées
aux masses haïtiennes. Avec les directives du Fonds Monétaire
International et de la Banque Mondiale, les classes dominantes ont
sacrifié l’agriculture paysanne au bénéfice d’importations
subventionnées par les pays riches. Le riz américain (80% du riz
consommé) a éliminé la moitié des petits propriétaires et a accéléré
l’exode rural et l’extension des bidonvilles. Contraints de quitter
les campagnes, 80% des haïtiens sont au chômage, et ceux qui trouvent
un emploi sont soumis au despotisme d’usine pour un salaire de
famine. Nous refusons que les actes de solidarité soient maintenant
employés à la reconstruction d’une société où 1% de la population
détient 50% des richesses. Les mêmes causes reproduiront les mêmes
effets !
L’alternative c’est la solidarité internationale avec les
organisations de lutte en Haïti qui se battent pour la défense des
intérêts de la classe ouvrière et de la paysannerie, pour
l’émancipation sociale et politique. Le syndicat de classe Batay
Ouvriye (« Bataille Ouvrière ») a lui-même lancé un appel à la
solidarité internationale pour faire face à cette terrible situation,
et renforcer les organisations capables d’arracher de meilleures
conditions de vie. Bien loin de la mise en scène par les médias
occidentaux de corps souffrants et impuissants, Batay Ouvriye
sollicite les soutiens concrets et autonomes du monde entier pour que
les projets de reconstruction permettent en même temps d’édifier un
Haïti libéré et maître de son destin.
Combattant contre l’impérialisme et son hypocrisie, nous nous
associons à leur démarche et souhaitons prendre part à la solidarité
avec le peuple haïtien. Nous avons créé un collectif « Solidarité
avec le Peuple Haïtien » pour mettre en place des actions nécessaires
et concrètes. Ce collectif reste, bien entendu, ouvert et nous
appelons les organisations et individus qui se reconnaissent dans
cette démarche à nous rejoindre.
Nous revendiquons en outre l’annulation définitive de la dette
d’Haïti, et la régularisation immédiate et totale de tous les sans
sans-papiers touchés par le séisme d’Haïti.
Fédération Syndicale Etudiante, Organisation Communiste Libertaire -
Lyon, Union Pour le Communisme, Voie Prolétarienne – Partisan, et des
individus.
Lyon le 4-II-10
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