Projet d’une caisse de grève autogérée départementale ?

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En cette période de luttes exceptionnelle, des idées nouvelles germent dans nos têtes : en voici une que je vous soumets. Je vous propose, si ça vous intéresse, de la diffuser autour de vous et de se réunir pour en discuter, et pourquoi pas la réaliser ?

Constats :

- Les caisses de grève poussent un peu partout et reçoivent un accueil qui semble favorable. Ces caisses sont ouvertes et portées par des entreprises en grève, des unions locales (UL) syndicales, des intersyndicales, des syndicats non engagés dans les négociations nationales, des étudiants, des lycéens, etc…Une chose est sûre, il y a une vraie prise de conscience sur la nécessité de réunir de l’argent pour soutenir les mouvements, les grèves, les frais de justice, etc…

- Le secteur privé subit une forte pression pour ne pas faire grève ( des licenciements sont en cours semble-t-il) et il semble que l’opinion publique a conscience du fait que pour bloquer le pays, il y a des entreprises qui sont stratégiques et qu’il faut les soutenir financièrement pour rendre les blocages efficaces.

- Des actions se développent de manière de plus en plus autonome en partant de la base. Les désaccords entre les centrales syndicales et leurs bases, la radicalisation de ces dernières, incite les UL locales et les syndicats non engagés dans les négociations, voire même des collectifs spontanés, à prendre de plus en plus d’initiatives, renouant ainsi avec les principes d’actions directes au plus près des situations locales. Cette capacité grandissante d’organisation des luttes laisse penser que les salariés, voire les citoyens ont passé un stade et qu’ils sont aujourd’hui désireux de se prendre en main et cela indépendamment des tendances politiques nationales.

- Dans le contexte de crise économique actuel, les difficultés financières que rencontrent les salariés peuvent influencer leurs choix de se mettre ou non en grève, de tenir ou non une grève.

- L’argent est le nerf de la guerre, à nous de retourner cette logique en notre faveur.

- La forte mobilisation sur les retraites à permis d’envisager ce que pourrait être un vrai rapport de force politique. Ce rapport de force passe obligatoirement par l’économique. Nous savons qu’après la retraite c’est la sécu qui va être remise en cause et ainsi de suite. Donc nous devons nous préparer à des confrontations longues. Si nous voulons les tenir, il faut créer un rapport de force rapide et massif et ne plus entrer dans la logique des manifs à répétition tous les 15 jours…on a donné ( et on donne encore !).

C’est pourquoi, il peut être opportun aujourd’hui de mettre en place un système qui permette de mettre d’emblée dans la balance des rapports de force avec le gouvernement une grève illimitée en particulier des secteurs bloquant l’économie.

Proposition d’une caisse de grève autogérée départementale

Pourquoi autogérée ? Parce que cela permet de rester au plus près de la base et de ne pas figer les modes d’organisation et de rassemblement à la base.

Pourquoi départementale ? Parce que cela permet de constituer un fonds de solidarité important qui permettrait très rapidement de proposer la mobilisation massive d’un secteur, par exemple.

Comment ?

Une organisation qui part de la base : regroupements de citoyens à plusieurs niveaux selon leur situation : entreprises, UL syndicales, quartiers, groupe de personnes, commune, etc….

Ces regroupements solidaires adhèrent à la caisse de grève autogérée à deux niveaux : cela leur permet d’être soutenus financièrement s’ils se mettent en grève, cela leur permet de soutenir la grève des autres s’ils ne peuvent le faire, ou si ce n’est pas leur secteur d’activité qui est en grève, ou s’ils ne travaillent pas par exemple ( retraités, chômeurs, etc…). Il me semble qu’aujourd’hui, il faut se défaire de l’idée que tout le monde doit se mettre en grève s’il est un bon révolutionnaire ! Il faut être stratégique ! Si on bloque le pays, de toute façon, on se trouvera tous au chômage technique payé… et on pourra ainsi continuer à alimenter la caisse de grève ! ( je simplifie un peu beaucoup les choses, quoique…).
Chaque regroupement solidaire désigne un représentant pour le représenter (un représentant par regroupement quelque soit la masse financière qu’il représente), dans la mise en place des grèves et des orientations.

Chaque membre verse lors de son adhésion l’équivalent d’un jour de salaire (forfait à définir pour les chômeurs, retraités, étudiants….) en dépôt sur le compte de la caisse (départementale ?) et s’engage à reverser à la caisse l’équivalent d’un jour de travail au démarrage de chaque préavis de grève, renouvelable chaque mois. Si son secteur d’activité est concerné par contre il recevra son salaire moins un jour par mois de grève ( il me semble indispensable de donner la possibilité à des milliers de citoyens de soutenir financièrement et régulièrement les grèves).

Exemples :

Une petite entreprise organise un « regroupement solidaire » avec les salariés qui le souhaitent. Nominativement, chaque salarié adhère à la caisse et apporte sa contribution proportionnelle à son salaire et son temps salarié d’une journée de travail. On doit pouvoir garantir à chaque adhérent de pouvoir à tout moment se retirer de la caisse et reprendre la somme mise en dépôt au départ (modèle des coopératives ?). Le regroupement de cette entreprise choisit un représentant délégué qui sera mandaté par le groupe au moment des décisions de grève, rendra des comptes sur l’utilisation des sommes, et fera remonter les besoins en salaires en cas de grève de l’entreprise.

Un groupe de retraités, membres par ailleurs d’une association de randonneurs (pour l’instant les retraités sont encore assez jeunes pour avoir des loisirs !), décide de se constituer en « regroupement solidaire ». Ils déposent nominativement l’équivalent d’un jour d’un montant de leur retraite sur le compte de la caisse de grève, ils deviennent adhérents (voir si c’est le bon terme) et s’engagent à faire de même chaque mois en cas de conflit social. Ils désignent un représentant délégué.

Toutes les formes d’organisation et de regroupement sont possibles et permettent ainsi d’élargir les regroupements citoyens à des personnes qui ne sont pas dans les circuits politiques et syndicaux.
Imaginez un peu…( nous sommes bien dans une période de rêve général non ?) …. 3 000 adhérents sur le Rhône. La somme équivalente à 3 000 jours de travail en dépôt dès le premier jour de conflit à mettre dans la balance… (ça peut changer la nature et le contenu des négociations !) Et 3 000 journées de travail supplémentaires recueillies au premier jour de grève, si on étend ça au niveau national (ce qui impliquerait la désignation par l’ensemble des représentants délégués des regroupements solidaires d’un représentant délégué départemental), après une démonstration réussie (pourquoi pas pour la sécu ?), nous n’aurions peut-être plus besoin de nous mettre en grève tant le rapport de force serait efficace ! Ceci est un doux rêve… tant qu’on n’a pas essayé !

Les statuts de cette caisse ? Association, coopérative ? Pour ma part, j’opterai pour la coopérative car pour moi c’est le statut qui garantit le mieux un fonctionnement autogestionnaire. Mais là-dessus, il faudrait l’éclairage de spécialistes en la matière. De même sur le plan juridique, organisationnel, gestionnaire, etc… . Il y a plein de choses à vérifier, penser à plusieurs. Et plus on sera nombreux pour y réfléchir, plus ce projet sera réalisable.

Voilà , je dis tout cela sur un ton léger mais c’est sérieux. J’ai envoyé ce texte aux militants que je connais, si vous, de votre côté, vous pensez à d’autres personnes, n’hésitez pas à diffuser. Bien entendu ce texte est un brouillon, une idée lancée à retravailler ensemble.

Salutations militantes

Emmanuelle, Contact : emmanuellepy [at] voila.fr

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