Le film islamophobe produit aux Etats-Unis, qui se moque de l’islam et du prophète Mohammad, a provoqué des manifestations dans différents pays d’Afrique du Nord et du Moyen Orient d’une ampleur relativement faible, en comparaison des démonstrations populaires auxquelles les processus révolutionnaires nous ont habitués depuis décembre 2010. Les conséquences de ces manifestations restent à bien des égards dérisoires, à l’exception de la Libye où une attaque – dont beaucoup soupçonnent qu’elle était planifiée – a causé la mort de l’ambassadeur américain et de trois fonctionnaires de l’ambassade. Face aux agressions contre leurs représentations diplomatiques, les Etats-Unis ont envoyé cent marines en Libye, et cinquante au Yémen où l’ambassade américaine a également été visée. Des images de manifestants lançant des slogans hostiles aux Etats-Unis ont alors fait le tour du monde et ont rempli nos journaux télévisés. Les médias dans leur ensemble décrivent une région qui serait à nouveau à sang et à feu.
Cette manière de faire de l’information montre une nouvelle fois la quête de sensationnalisme des médias, et surtout la face islamophobe de leur représentation de la région. A nouveau, la religion est interprétée comme étant l’unique élément qui pousserait les masses à se mobiliser. Alors que, dans contexte marqué par des injustices sociales et un interventionnisme impérialiste à haute dose, sa défense ne fait qu’exprimer, pour certains pans de la société, une colère entretenue par l’absence d’alternatives. Oubliées, les révolutions arabes et les demandes démocratiques, sociales et d’indépendance, oubliés, les combats quotidiens que ces pays n’ont eu de cesse de développer. On revient au vieux cliché de populations irrationnelles, pour qui la religion constitue le motif unique de mobilisation, loin de toute analyse des dynamiques et frustrations socio-économiques qui expliquent ce genre d’événement.
En dépit du nombre dérisoire de manifestants, de la faible envergure de ces manifestations, les médias les ont décrites comme des rassemblements de masse embrasant à nouveau les pays arabes, en occultant la réalité d’une région où les populations se mobilisent effectivement, mais pour revendiquer leurs droits politiques, sociaux et économiques. Ignorées des médias, ces luttes populaires rassemblent pourtant des dizaines, voire des centaines de milliers de personnes.
>On a beau dire // Une émission de Minuit Décousu
Dans notre dernière émission, on se demande comment dire la guerre, l’amour, l’égalité, l’autre. Comment on adopte la culture écrite et comment la langue fabrique la norme et le politique... 📝
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