Première visite dans la maison nouvellement squattée par une bande de freaks qui aiment à se faire appeler transpédégouines, six gros mâââles virils, dont le propriétaire, entrent dans la maison avec leurs clés, la maison n’ayant pas vraiment eu le temps de se barricader, ils entrent donc histoire de mettre la pression et de constater l’occupation des lieux. Au bout de quelques temps de bavardage, ils partent, en refermant consciencieusement derrière eux, nous prévenant tout de même qu’ils reviendront enlever les tuiles, accès à la douche oblige. A notre grande surprise, point de flics à l’horizon et ce pour quelques jours... Squatteurs 1 - Proprios 0.
Seconde visite une semaine plus tard, l’intrigue se corse. 8 heures du matin, un cadenas arraché plus tard, les proprios plus nombreux se pointent avec une grue, déterminés à nous démolir le toit sur la tête. Jusqu’au moment où les flics débarquent, grands défenseurs de la veuve et l’orphelin (enfin il avait fallu les secouer pour qu’ils viennent constater l’occupation et une tentative de démolition illégale, vue l’absence de permis et la présence de gen-te-s à l’intérieur). Plus les tuiles tombent, plus les copains/copines arrivent en soutien. Flics et une partie des propriétaires partent bras dessus-bras dessous au commissariat, pendant que les autres se creusent ardemment la cervelle pour savoir comment venir à bout de la vermine le plus rapidement possible et à moindre frais. D’abord, dissimuler les preuves. Un courageux pro-proprio décide de franchir la grille pour récupérer le cadenas fraichement sectionné, une violation de domicile, ça fait pas bien au dossier. S’ensuit une discussion houleuse à base de vol plané et les propriétaires partent, preuve dans le coffre.
On concède un match nul, squatteurs 2 - proprios 1.
Troisième visite deux jours plus tard, nous avons la surprise de constater la présence de nos gentils propriétaires dans le jardin (ils nous doivent un deuxième cadenas). Changement de stratégie, ils décident de faire le pied de grue devant la porte toute la journée. Qu’à cela ne tienne, on organise un apéro dans le jardin, pour rafraîchir nos troupes. Dépités, peut être, de ne pas avoir été invités, ils finissent par s’en aller en fin d’après-midi.
Squatteurs 3 - Proprios 1.
Pendant ce temps, excédé-e-s d’avoir à racheter des cadenas, on décide de rendre visite aux flics histoire de porter plainte pour violation de domicile avec effraction, la loi stipulant que toute personne faisant intrusion dans le domicile principal d’une autre personne sans son accord est punissable de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende (qui ne tombent jamais, mais bon). Bilan, « si je devais enregistrer votre plainte, ça me ferait bien mal au cul, et veuillez quitter le commissariat au plus vite ». Squatteurs 0, flics 1. Sait-on jamais, on pourrait revenir avec du lub et un avocat.
Dernier rebondissement : Mercredi 3 Mars, les flics débarquent au matin avec une huissière, une disqueuse, et un homme de main qui s’était déjà fait remarqué pour ses talents à la discussion rapprochée, le jour des tuiles arrachées. On ouvre la fenêtre in extremis, avant que la serrure soit défoncée par les flics. Les identités sont relevées, et l’huissière reviendra plus tard avec les assignations à comparaître en référé, personnalisées (avec d’autres noms que ceux de la boîte aux lettres). Un dossier monté, rempli de faux témoignages et des preuves faites sur le tas.
Le procès est donc fixé pour deux jours plus tard...
Nous risquons d’avoir besoin de soutien régulièrement, surtout quand on sait que la maison a déjà un passif d’expulsion illégale. En effet, un an et demi auparavant, des ami-e-s s’étaient déjà fait expulsé, au bout de deux semaines, à base de changement de serrure et meubles sur le trottoir.
La Tuile résiste, envers et contre tout (la tempête par exemple), si Xynthia a pas réussi à nous déloger, les proprios non plus...
We’re queer, we’re here, get used to it...
PROCÈS vendredi 5 MARS, 9h, au Tribunal d’Instance (67, rue Madame Servient)
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info