Entrevue avec un militant kurde sur la criminalisation de leur militantisme

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La manifestation contre la criminalisation du militantisme Kurde vient de se terminer sur la place des Terreaux, devant l’ Hôtel de Ville. L’occasion de rencontrer un membre de de l’Espace Culturel Mésopotamie, Bazyan [1], qui a pris part à l’organisation de cette manifestation, et de faire le point sur le mouvement politique kurde.

Rebellyon : Il y a une soixantaine de personnes devant nous, pour la plupart kurdes... Pourquoi cette manifestation ?

Bazyan : Aujourd’hui on manifeste pour l’incarcération de 6 de nos parlementaires Kurdes en Turquie et aussi parce que nous avons des problèmes politiques en France. On a des militants politiques kurdes qui se retrouvent devant le juge, mais on ne sait toujours pas pourquoi ils se sont fait arrêtés.

Rebellyon : Vous avez des nouvelles du procès en cours ?

Bazyan : On sait juste qu’il y a 6 de nos militants politiques qui sont passés devant le juge suite à la perquisition qui a lieu dans les centres culturels d’Arnouville et d’ Evry, mais les motifs n’ont pas été invoqué... Il y a par exemple une restriction de circuler pour l’un d’entre eux, il ne doit pas sortir d’un périmètre de 30 km autour d’ Arnouville. Tous les 2 jours, il doit passer devant le commissaire et signer un acte de présence...
Vraiment, les communautés kurdes en Europe et en France sont très bien intégrées, on manifeste juste pour maintenir nos droits c’est tout, pas autre chose. On est bien ici en France parce qu’on a réussi à garder notre langue... et là on cherche à nous criminaliser.

Rebellyon : Est-ce que la Turquie fait pression sur les gouvernements européens pour arrêter les militants Kurdes ?

Bazyan : Ca c’est sûr ! L’Europe et la Turquie sont de nouveau liées par des échanges commerciaux. Et notamment de l’armement, des hélicoptères, des armes... Donc la Turquie peut se permettre de faire pression ! De suite les gouvernements européens ont réagi en emprisonnant des militants kurdes qui sont restés en prison pendant 2, 3 mois.

Rebellyon : Peux- tu nous dresser un portrait de l’actualité politique au Kurdistan ?

Bazyan : Avec nos parlementaires en prison, c’est très chaud en ce moment au Kurdistan. En Turquie, le parti qui possède la majorité est islamiste et nationaliste, ils rejettent absolument tout autre forme de culture. Il y a 20 millions de Kurdes en Turquie et nous n’avons pas le droit de parler notre langue.
Si ça continue comme ça au niveau des arrestations, peut-être que dans 1 mois, dans 2 mois, la guerre civile entre Turcs et Kurdes se déclenchera... Il y a trop de jeunes, de grands-pères qui sont mort... Voilà. Merci.

Notes

[1Le prénom a été changé afin de garantir l’anonymat.

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