Déménageur en intérim, ce garçon de vingt ans n’a jamais eu de problèmes avec la justice et la police. Il est accusé d’avoir jeté des pierres sur des flics le 18 octobre, sans les avoir blessé. En comparution immédiate le 20 octobre, son avocat, Me Dumoulin, plaide à charge contre son client : Il prend 5 mois avec sursis. En appel, le même avocat assure sa « défense ». Il a tellement bien préparé le jeune que ce dernier, l’air complètement perdu à la barre, avoue des faits qui ne lui étaient pas reprochés auparavant... La conseillère Anne Wyon fait preuve d’une ignorance complète au sujet des révoltes d’octobre : « Vous n’avez pas de casier judiciaire, qu’est-ce que vous faites là-dedans ? » (Comme s’il fallait justifier d’un casier pour exprimer sa colère). Elle s’occupe ensuite d’humilier le prévenu qui invoque l’effet de groupe pour sa défense : « l’effet de groupe n’a pas eu d’influence sur vous pour travailler et avoir votre CAP ? » Enfin, elle joue la carte culpabilisation familiale et instinct maternel : « Votre mère, elle était d’accord avec ça ? Vous n’écoutez pas votre mère ? »
L’avocat justifie l’échec au CAP de plaquiste par le fait que son client a eu une scolarité imposée ,et qu’il a été placé dans n’importe quel CAP. Puis il plaide la manipulation des jeunes par les syndicats (il doit considérer son client comme un décérébré irresponsable incapable de jugement), qualifie les actes commis comme « infiniment bêtes » et a cette belle expression : « Une foule c’est un espace-temps mouvant ». En voilà une défense ! Alors que son client venait de déclarer à la barre qu’il manifestait contre la réforme des retraites… Il savait donc pourquoi il était dans la rue ce jour-là ! Et l’avocat général demande de doubler la peine à 10 mois avec sursis après avoir déclaré que « ce garçon présente bien et qu’il a l’air repentant » !
Délibéré de la cour : 5 mois dont 2 mois de prison ferme.
Suit un compositeur de musique accusé de jet de projectile. Il n’a jamais eu de problèmes avec la police ni la justice, et son histoire n’est pas banale.
X, anonyme de 14 ans, se fait arrêter le 18 octobre pour avoir cassé et pillé des magasins... En échange d’un simple rappel à la loi (alors que la même accusation a valu 8 mois en centre éducatif fermé pour une autre personne du même âge), il accepte de dénoncer ses potes – et il y met la dose, sûrement sous la pression des flics : il l’accuse d’avoir cassé la vitrine du Printemps (qui n’a pas un poque), mis le feu à des poubelles, jeté des pierres. Le compositeur est arrêté le lendemain, chez lui, et reconnaît un jet de pierre. En comparution immédiate il est condamné à 6 mois avec sursis et mise à l’épreuve pendant 2 ans avec obligation de travailler. Devant la cour d’appel, il s’explique. Assis place Bellecour avec les « pacifistes » entre les jeteurs de pierre et les flics, il s’est fait violemment charger et gazer. Il était à terre quand il a lancé une pierre. Par contre, il déclare n’avoir jamais touché une quelconque vitrine, ni une poubelle. Le magasin n’a d’ailleurs pas porté plainte. La conseillère Wyon reprend son discours sur l’instinct maternel : « Est-ce que votre maman vous a élevé comme ça ? » et poursuit « Vous auriez dû être en stage ? » et l’accusé de répondre « je travaille comme enquêteur dans les TCL et comme les bus étaient arrêtés … » L’avocat général Ponsard donne une leçon de citoyenneté : « Dans un pays démocratique, il existe des élections libres » et il crie au fascisme : « La violence des jeunes n’est pas légitime dans une démocratie, elle nous mène vers une dérive fasciste ». L’idée de la légitimité de la colère face à une situation politique injuste ne l’effleure pas et il accuse le prévenu de « terrorisme ». Le verdict tombe : 6 mois dont 4 avec sursis. Pour les mêmes faits, pour la même infraction, violence sur fonctionnaire sans ITT (Incapacité Temporaire de Travail), il est condamné à 2 mois de prison ferme alors qu’en 1re instance le tribunal l’avait condamné à 6 mois avec sursis.
D’autres prévenus sont présentés devant la cour d’appel :
Une personne est accusée de vol en réunion avec dégradation. En comparution immédiate, elle a pris 2 ans de prison et 17000 euros d’amende. Elle a le malheur de faire appel... La cour la considère comme récidiviste et la condamne à la peine plancher, 3 ans ferme.
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