Aujourd’hui, vendredi 24 Avril 2009, les étudiants grévistes, en accord avec la décision votée dans les Assemblées Générales, ont occupé la salle du conseil de l’université, où se tenait le CEVU (Conseil des études et de la vie universitaire) de Lyon 2 afin de faire entendre les revendications des Assemblées Générales sur la validation des semestres, le vote organisé par la présidence et, plus généralement, les réformes universitaires combattues actuellement.
Sur la question des diplômes :
Les étudiants, enseignants et personnels de l’Université sont en grève depuis maintenant trois mois. Le refus obstiné du gouvernement de répondre aux revendications universitaires est à l’origine de la poursuite de la mobilisation sur une durée aussi longue. La stratégie du Ministère est clairement de jouer sur le chantage au diplôme, Fillon menaçant d’un report des examens à l’année suivante, pour briser le mouvement.
Dans ce contexte, les étudiants exigent des garanties qui leur permettront d’obtenir la validation de leur semestre dans des conditions qui ne pénaliseront personne, et d’assurer ainsi la possibilité de poursuivre la mobilisation dans de meilleures conditions.
La présidence ayant exclu a priori, et sans consultation, de répondre à cette revendication, c’est une des raisons pour lesquelles nous avons décidé d’en occuper les locaux.
Nous demandons donc la validation automatique des crédits ECTS de ce semestre, tout en ménageant la possibilité pour tous d’être évalués. Cette mesure, acceptée par la Coordination Nationale des universités, permettrait de rétablir l’égalité entre les étudiants de toutes les facultés, qu’ils soient grévistes ou non.
Le Ministère prétend que de tels diplômes ne seraient pas reconnus, et que leur validité serait contestée devant les tribunaux administratifs. Leur reconnaissance n’est pas une question juridique, mais une question de rapport de force politique. D’autre part, il ne serait pas viable pour l’Université de faire redoubler toute une classe d’âge. Enfin, la loi Faure de 1968 dispose que seules les universités sont maîtresses des conditions d’attribution de leurs diplômes.
Quant à leur qualité, elle n’est pas menacée par cette proposition, mais par les réformes universitaires contre lesquelles nous nous mobilisons dans l’intérêt de tous. La validation par des examens portant sur des cours quasi-vides n’est-elle pas dans ce cadre plus dévalorisante qu’une validation automatique des crédits ?
Le boycott du vote : pourquoi ?
La présidence a choisi, sous la pression des étudiants anti-blocage, de passer outre les Assemblées Générales des étudiants et personnels. Elle met en place un vote sans débat, uniquement sur la question du blocage, niant tous les autres aspects de la mobilisation.
Les Assemblées Générales, ouvertes à tous et démocratiques, sont les seules instances à même de pouvoir faire écho aux revendications et aux demandes de leurs participants, tout en offrant un temps de débats pour l’expression de toutes les opinions.
En revanche, les instances anti-démocratiques que sont le CEVU et le CA de l’université n’ont aucune légitimité, tant l’abstention lors des élections universitaires est importante. Nous revendiquons d’ailleurs que ceux-ci soient ouverts à tous, au moins tant que durera le mouvement en cours, afin que toutes les opinions puissent s’y exprimer.
De plus, en organisant ce vote lundi 27 avril, la présidence foule aux pieds les décisions des Assemblées Générales concernant les modalités d’action. En effet, celles-ci ont décidé démocratiquement de maintenir les piquets de grève jusqu’à mercredi sur le campus de Bron et jusqu’à jeudi pour celui des Quais.
Motion de Bron sur la validation des diplômes.
De plus en plus se pose la question de la validation de ce dernier semestre marqué par la grève étudiante et enseignante dans les universités. On assiste, à ce propos, toujours davantage à la dénaturation et au détournement des débats et des discussions concernant la grève. Si cette question se doit en effet d’être abordée, il est toutefois important qu’elle n’occulte pas la situation et les enjeux qui l’ont fait naître.
Cette question est de plus en plus utilisée pour renforcer les oppositions entre grévistes et non-grévistes, enseignants et étudiants, et pour remettre pernicieusement en cause nombre de modalités et d’expression de la grève. Il s’agit cependant d’approcher ce problème d’une toute autre manière afin de suggérer une solution qui puisse ne pénaliser aucun étudiant sans remettre en cause le droit constitutionnel de grève.
Ainsi peut-on proposer la solution suivante comme revendication de grève au nom de tous les étudiants : que leur soient donnés les ECTS (ou crédits) équivalents à ce semestre.
Il s’agit de réaliser que la situation actuelle est belle et bien une situation de grève exceptionnelle et non pas une période conventionnelle. Cette proposition prenant place parmi les revendications de grève pose comme exceptionnelles ses alternatives, à savoir, le passage des examens et autres modalités d’évaluation.
Tout étudiant est donc en droit de réclamer au minimum ses ECTS et, s’il le souhaite, de passer ses examens, d’être évalué pour obtenir les maigres avantages que cela peut lui apporter. Il est important de rappeler que cette proposition prend en compte l’appel de la CNU (Coordination Nationale Universitaire) de déconnecter les questions de la formation et du travail de celles de l’évaluation et de la validation, et le fait avéré que c’est indiscutablement l’administration universitaire qui octroie en dernière instance les ECTS nécessaires à la poursuite des études ou à l’obtention des diplômes.
En effet, c’est bel et bien l’administration et non les enseignants qui pose le cadre de validation et c’est auprès d’elle et non auprès des enseignants qu’il s’agit de porter cette revendication. Les ECTS sont l’unité de valeur commune européenne mis en place par le processus de Bologne, tandis que les notes et les évaluations ne prennent sens qu’au sein d’une seule et unique formation.
Cette proposition a pour avantage de « libérer » les enseignants de leur investissement administratif auprès des étudiants et donc de favoriser leurs éventuelles démissions administratives.
Pour les étudiants, ballotés entre enseignants et administration, cela permet de préciser le véritable interlocuteur concernant cette question de validation, le seul qui dispose du réel pouvoir et du dernier mot dans ce débat : l’administration.
Le piège tendu par l’apparente complexité de la bureaucratie universitaire est d’opposer sur ces questions les enseignants et les étudiants en faisant croire que ces premiers sont ceux qui assurent la validation, alors qu’ils assurent la formation et une éventuelle évaluation (qui peut être contestée, on a pu le voir, par l’administration). De même, celui d’opposer grévistes et non-grévistes alors que leurs aspirations sont fondamentalement les mêmes, à savoir poursuivre une formation et valider cette dernière à la fin de l’année universitaire.
Cette proposition se verra sans doute contestée par des menaces d’un éventuel recours au tribunal administratif. Il s’agit avant tout de définir par qui ce recours pourrait avoir lieu, contre qui ou quoi et sur quel(s) article(s) de loi. Rappelons que, du fait du mouvement de grève, la majeure partie des cours n’ont pas eu lieu, un rattrapage remettant en cause l’expression de ce droit constitutionnel de grève. L’année et les diplômes sont déjà vidés de leur substance, et de ce fait les examens perdent tous leurs sens sinon celui d’une façade de principe.
Partant de ce constat, soulignant l’inutilité des examens et des autres modalités d’évaluation pour obtenir une validation, l’université resterait plus sensible à un recours en cas de refus de validation qu’en cas de validation.
Cette proposition s’inscrit donc comme une perspective à défendre pour tous les étudiants, ainsi que les enseignants, afin d’accompagner la continuité et le support des revendications des acteurs de l’université.
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