Bilan de la journée du jeudi 30 mars contre la précarité organisée par le gouvernement

1307 visites

Arno nous raconte la journée du 30 mars à Lyon...

Ca y est. Je viens de rentrer chez moi après cette journée un peu folle. Je suis vraiment crevé mais je n’y pense qu’à moitié, car je sais que ce soir des camarades vont dormir au commissariat et vont peut-être rester dans une cellule pendant quelques semaines.
Il faut que je fasse un bilan de cette journée. J’en profite pour le faire partager à tout le monde (qui va sur rebellyon.info !)

Que c’est-il passé aujourd’hui ? Rien de très extraordinaire ! Des jeunes ont manifesté contre le mode de vie qu’on leur impose ! « Rien de très répréhensible » me direz vous. Mais aujourd’hui, ceci est devenu quelque chose de complètement illégal. Si bien que des jeunes se font arrêter et mettre au trou juste pour ça.

Aujourd’hui, il était donc prévu, en plus d’aller manifester comme nous le faisons depuis bientôt deux mois (d’ailleurs ça va me coûter cher en baskets ces manifs !), de faire des actions gauchistes comme il avait été voté le week-end dernier à la coordination nationale. En effet, tous les délégué-es de chaque endroit mobilisé ont décidé, démocratiquement, que jeudi 30 soit une journée d’action, et que dans chaque site on aille bloquer un axe de transport (voie ferrée, périphérique, carrefour...). Ceci n’empêchait pas que l’on fasse quand même notre bihebdomadaire marche rebelle comme nous en avons maintenant l’habitude.

Un rendez-vous était donc donné à 13h au 4bis rue de l’université pour partir tous ensemble faire cette action gauchiste. Mais avant, à 11h, « les mages de l’action » se réunirent pour parler des modalités de cette action. En gros, les questions étaient « qu’est-ce qu’on fait ? » et « où on le fait ? » Le problème c’est que la grande paranoïa de certains empêcha que tout le monde puisse savoir ce qui était prévu. Certains nous ont donc dit que des actions étaient prévues, que des repérages avaient été faits, mais qu’on ne pouvait pas en parler vu qu’il y avait des gens peu fiables, selon eux, dans la pièce. Selon moi, personne ne représentait de menace. Nous commençons à tous nous connaître depuis plus d’un mois de vie quasi commune !

Je n’ai pas pu assister à la fin de la réunion car je suis allé differ des tracs devant l’entreprise Brandt. Par ailleurs, cette action était bien plus constructive que celle que je vais vous conter. La relation avec les travailleurs est vraiment une bonne expérience humaine et militante pour nous, révolutionnaires.

En rentrant de cette diff, nous vîmes passer devant nous, en sortant du métro Jean Macé, des voitures et camions remplis de CRS ! On s’est tout de suite dit que c’était pour nos camarades. En remontant en direction de la fac, nous vîmes ces derniers courir sous le pont de la gare de la Guillotière. Je compris sans trop d’effort que le but était de bloquer les trains. On était au moins 300. Peut être plus. On commença à sauter les barrières pour aller se poster sur les rails. Les flics attendaient les ordres place Jean Macé. Là, des gens de la SNCF ont commencé à nous faire paniquer en nous disant que des trains pouvaient arriver à 120 km/h car tous n’avaient pas été prévenus et que ça risquait d’être une boucherie. Tout ça n’était bien sûr qu’intox. Mais la panique générale fit que tout le monde sortit des rails. On décida gentiment (par ce qu’on était pas là pour être méchant !) de rebrousser chemin. Mais là, les « gen-gens » nous attendaient en masse et surarmés, comme à leur habitude. Je signale en passant que toutes nos actions n’avaient aucun but violent. Nous ne montions pas sur les rails pour chercher un quelconque affrontement. Ce sont toujours les flics qui viennent chercher la merde ! Mais je ne vous apprends rien.

Donc les flics nous empêchaient de sortir. Le plan B fut appliqué. Il consistait à tous passer par des escaliers qui se trouvaient un peu plus haut et qui nous amenaient sous les rails de trains au niveau de l’arrêt de tram « Jean-Macé. » On peut dire que les flics n’ont pas été méchants. Ils nous ont laissé sortir tranquillement. Tout allait bien.

Une manif illégale se mit en route dans l’avenue Berthelot. Nous fîmes quelques zigzags pour embrouiller les flics. On fit une pause au carrefour de Saxe-Gambetta où on bloqua la circulation pendant 10 minutes. Puis nous repartîmes en direction de Bellecour.

L’ambiance était plutôt cool dans ce cortège improvisé bien qu’en présence de RG reconnaissables à 100 mètres.

Malgré la bonne ambiance, les flics sont arrivés. Certains individus se sont mis, comme la semaine dernière, à fabriquer une barricade avec les grilles servant à protéger les travaux au pont de la Guill’. C’était plutôt marrant. Mais ce n’était pas trop du goût des flics.
On arriva de l’autre côté du pont et on bloqua la circulation. C’est à ce moment là qu’arrivèrent les problèmes. Certains, comme moi, appelaient les camarades à continuer notre chemin jusqu’à la place Bellecour pour s’y disperser. Une majorité de gens restaient quand même déterminer à rester. Les CRS arrivèrent. Des mini-barricades avec des minis barrières furent montées. Un groupe appelait à la dispersion sentant, avec justesse, que ça allait, de toute façon, dégénérer. Il n’y avait rien à faire. Et puis ça ne servait strictement à rien. Mais certain-es étaient déterminé-es ou inconscient-es.

D’un coup les condés envoyèrent des fumigènes qui ne calmèrent pas les plus excités. D’après certain-es qui étaient en première ligne, quelques flics n’arrivaient pas à les lancer et s’en firent exploser sur les jambes ! Ils lancèrent ensuite les gaz lacrymogènes qui firent reculer tout le monde. Là, les flics chargèrent et se débarrassèrent des minuscules barricades en un clin d’œil. Ils arrêtèrent de charger. Les plus déterminé-es d’entre nous restèrent assez proches d’eux. Les casques bleus n’attendirent pas 2 minutes avant de lancer leur deuxième charge. Et c’est à ce moment que certains se sont fait arrêter. J’en ai vu un se faire interpeller par les cheveux ! Et un autre se prendre des coups de poing alors qu’il était tenu par trois ours ! C’était vraiment violent. Une dernière charge des CRS fit encore des interpellés. La BAC qui était parmi les manifestants, sans brassard ni signe distinctif, ne se priva pas d’en arrêter quelques uns. La foule se regroupa vers la rue Victor Hugo. Et les flics restèrent vers les sorties de métro place Bellecour. La tension redescendit d’un cran. Malgré cela, j’aperçus des membres de la BAC sortir du groupe de CRS, et, en passant par derrière, aller se fondre dans la petite masse de manifestants restants.

Tout ça pour dire que les flics provoquent la violence. Ils n’étaient vraiment pas dans notre intension, en allant squatter les rails de trains, d’agir violemment. Nous aurions fait un sit-in. Peut-être marché un peu sur les rails. Mais rien de plus. On aurait fait notre action gauchiste et serions repartis après. Au lieu de ça ils nous empêchèrent de faire l’action prévue et nous firent paniquer. Puis à Bellecour, ils nous chargèrent alors qu’ils n’y avait aucune raison réelle de le faire. Surtout pour une pauvre barricade toute pourrie. Malgré ça, ils envoient des fumigènes et des lacrymos, nous chargent...Rien ne justifiait ces arrestations.

Sept personnes se sont fait arrêtées. Elles ont été transférées au commissariat « Marius Berliet. »
A la manif prévus à 17h on décida, que ceux qui voulaient manifester leur soutien à ceux arrêté et demander leur libération se disloquerait de la manif légale à Jean-Macé pour partir en direction de ce commissariat. Certains camarades, fervents défenseurs des deux manifs par semaine, nous dirent que le meilleurs moyens de soutenir les copains arrêtés, c’était de continuer la manif normalement !! Y a de quoi halluciner.

Un peu de la moitié des manifestants choisit de se diriger vers le commissariat. Tous les militants de la CNT y allèrent ainsi que les étudiants et lycéens les plus solidaires. On était bien sûr suivis par nos « amis. » On pensait tous qu’on pourrait au moins arriver devant le commissariat même si on n’était pas vraiment confiants sur leur libération. Mais on ne put même pas arriver jusqu’à là bas ! On fut stoppé net. Il y avait des flics dans tous les sens. On ne pouvait vraiment rien faire. Un des responsables de la CNT appela sagement à la dispersion, ce qui était le plus raisonnable à faire si on ne voulait pas qu’il y ait encore plus de monde en cellule ce soir.

En tout cas, je trouve lamentable l’esprit de solidarité qui règne au sein du mouvement étudiant. Alors que pour l’action à l’UMP, où le même nombre de personnes avait été arrêté, nous étions tous allés en masse devant le commissariat du 1er pour demander leur libération, aujourd’hui nous n’étions peu à montrer notre solidarité envers les camarades arrêtés qui luttent contre la même chose que nous. _ Nous devrions tous nous dire que nous pouvons tous être arrêtés lors d’une manifestation et que nous serions plus que contents, dans ce cas, d’entendre des copains crier derrière les murs « libérez nos camarades, libérez nos camarades... »

Arno

Publiez !

Comment publier sur Rebellyon.info?

Rebellyon.info n’est pas un collectif de rédaction, c’est un outil qui permet la publication d’articles que vous proposez. La proposition d’article se fait à travers l’interface privée du site. Quelques infos rapides pour comprendre comment être publié !
Si vous rencontrez le moindre problème, n’hésitez pas à nous le faire savoir
via le mail contact [at] rebellyon.info