Je me pose des questions. Pourquoi, après tant de luttes humanistes, la société continue de dériver vers l’autoritarisme ? Pourquoi le principe de solidarité n’est pas plus facilement compris ? Pourquoi y a-t-il si peu de militants, si peu de gens aux manifestations, et encore moins d’anarchistes ? Il me semble que nos idées soient difficiles à transmettre. Une autre question me vient à l’esprit : peut-être que je n’utilise pas la bonne réthorique ? Je ne touche pas mon interlocuteur. Mes propos glissent sur sa pensée.
« Agir, désobéir. » ou « Ni dieu, ni maitre. » Le badaud non informé doit se dire quelque chose comme « Ah ces anars, tous des poseurs de bombes, avec eux c’est le bordel et le droit du plus fort ». Pourtant, ce sont des slogans forts et avec lesquels je suis d’accord à 100%. Mais c’est seulement parce que je peux mesurer la justesse de tels propos. Loin d’être un simple appel à tout casser, ils dénoncent les faiblesses de notre système, tout en donnant le moyen de briser ce qui nous opprime. Ils ne donnent pas d’indications sur la façon de se comporter dans une société sans hiérarchie, mais c’est déjà pas mal en 2 ou 4 mots !!
Les discours radicaux ont plus de succès en Italie ou au Mexique, car le contexte social est plus dur qu’en France. A contexte différent, stratégie différente. Notre mode de vie étant moins dur qu’il y a 50 ans, une approche a priori révolutionnaire et violente ne fera que rebuter ceux que nous voulons attirer. Qu’importe nos beaux discours au passant qui a le ventre plein et la télé le soir !!! Je ne lui en veux pas, au passant. Le but de la vie n’est-il pas de combler ses besoins énergétiques quotidiens ? La lobotomie engendrée par les médias de masse se charge du reste... Lorsque une personne mange à sa faim, elle est moins encline à vouloir modifier sa façon de vivre, surtout si cela demande de faire un effort pour en récolter des fruits. Pourtant, le sentiment qu’il y a quelque chose qui ne va pas dans notre société est partagée par beaucoup de personnes. C’est un sentiment enfoui et que beaucoup se refusent à écouter. Il faut donner cette petite étincelle qui enflammera le coeur de celui qui n’a pas connu des difficultés majeures dans sa vie. Il faut des slogans qui touchent l’auditeur. Si la forme des revendications ne change pas alors que l’état d’esprit de l’auditeur change, alors le contact sera rompu et les messages ne passeront plus. Sauf via la force.
Pour renouer le contact, il nous faut (re)connaître l’autre. Si les discours anars séduisent de plus en plus actuellement, c’est parce que le gouvernement resserre les vis, et ce faisant enlève une partie de la dorure des chaînes institutionnelles. Ainsi, si nous voulons continuer à rassembler de plus en plus de monde, il nous faut modifier la forme, et non le fond bien entendu, de nos revendications.
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